mardi, octobre 24, 2006

LA REFORME HONTEUSE DE LA JUSTICE

Un quelconque enseignement a-t-il été tiré de l’Affaire d’Outreau ? On peut se le demander en voyant la timidité avec laquelle est présentée la réforme de la justice. Car, ce qu’a révélé le drame d’Outreau, c’est bien plus qu’une simple erreur judiciaire. C’est une déviance collective de l’appareil judiciaire qui a couvert les faites lourdes du juge Burgaud. C’est une chaine de commandement et de responsabilité qui devient folle et qui protège d’un édredon un cumul de bévues.

Tous les magistrats honnêtes et responsables et ils sont légion auraient du se lever au nom de la justice et de la vérité et se demander : comment faire pour que cette déviance ne se conjugue plus au futur ? Le pouvoir politique porté par l’émoi populaire aurait du, dans la foulée, ouvrir une réflexion collective sur notre justice et porter une grande espérance de justice.

La vérité en aurait profité. La magistrature aussi qui aurait trouvé grâce à cet élan populaire plus de considération et plus de moyens. Au lieu de cela, on a assisté à un grand festival d’hypocrisie. Les syndicats de magistrats se sont drapés dans une sauvegarde absurde de privilèges car il n’est pas d’indépendance sans responsabilité et sans compétence. Les politiques, un instant stimulés par une commission parlementaire, se sont rappelés qu’ils sont aussi des justiciables sous les fourches caudines potentielles des magistrats. Et tous ces responsables se sont mis d’accord pour une réforme a minima , une sorte de parapluie pour se protéger de l’orage qui gronde.

C’est une grande occasion perdue. Une réforme honteuse qui ne fait que retarder la grande réforme de la justice dont la France a besoin.

Charles Debbasch

mardi, octobre 03, 2006

Présidentielle et coups bas

LES PREMIERS COUPS BAS DE LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE

Comme toute compétition, la campagne présidentielle a ses excès. Certains nous présentent les futurs candidats comme des saints, d’autres les diabolisent. Les coups pleuvent souvent bas et chaque campagne est accompagnée de ses rumeurs, de ses dénigrements, de ses attaques personnelles.
Dans chaque camp, un « vicieux » propose les attaques potentielles et les déverse perfidement par les canaux les plus discrets pour que la rivière devienne un fleuve dont on aurait perdu la source. Ces coup bas, on l’aura compris, ne portent pas sur le programme du candidat. Ils visent à ternir son image en s’en prenant à sa vie personnelle, à son entourage familial.
La précampagne de 1974 fut marquée par l’affaire de la feuille d’impôts de Chaban, celle de 1981 se déroula sous le signe des diamants de Giscard. L’actuelle compétition n’est pas en reste. Elle a connu sa première déviation avec la médiatisation démesurée des difficultés conjugales de Nicolas Sarkozy. Voici qu’aujourd’hui, on prétend découvrir qu’un des frères de Ségolène Royal Gérard Royal, a participé en 1985 à l’attentat contre le Rainbow-Warrior, le navire de Greenpeace coulé en 1985 par des agents français. Naguère les journalistes étaient friands des déclarations peu conformistes de la femme de Pierre Messmer. Ils s’excitaient lorsque Philippe Léotard s’épanchait sur son frère François .A la veille d’une compétition présidentielle, il ne fait pas bon avoir une famille nombreuse ou des amis d’enfance envahissants.
Je ne suis pas certain que ces divagations marquent vraiment l’esprit des électeurs. Comme toute diffamation, elles ont un autre objectif ; occuper le candidat potentiel sur d’autres terrains que sa campagne, le déstabiliser intérieurement pour le rendre moins compétitif. C’est une sorte de baptême du feu que doit franchir avec succès celui qui aura peut être à porter les plus lourdes responsabilités. Et, s’il faut blâmer les coups bas, la réaction qu’ils inspirent à leur victime est un bon degré de mesure de son sang froid et donc de son aptitude à l’exercice du plus difficile des mandats.

Charles DEBBASCH