mercredi, avril 21, 2010

L'AVION ET LE VOLCAN

L’AVION ET LE VOLCAN

Des millions de voyageurs privés d’avion durant plusieurs jours, des millions de dollars perdus par les compagnies aériennes ,tel est le bilan provisoire de cet arrêt de la navigation aérienne provoqué par le nuage de cendres volcaniques projeté dans l’atmosphère par le volcan Eyjafjöll en Islande.il s’agit d’une paralysie du transport aérien encore plus grave que celle qui fut provoquée par les attentats de New York en septembre 2001.Cet évènement appelle plusieurs réflexions.
LA NATURE N’EST PAS TOUJOURS UN EDEN
La première concerne le relatif silence des écologistes. Ceux-ci imaginent que la nature est toujours bonne et que l’influence de l’homme est toujours négative. Or, en l’espèce, c’est un évènement naturel qui est à l’origine de la débâcle aérienne. Une occasion de rappeler que si l’homme doit respecter les grands équilibres de la planète, tout ce qu’il entreprend n’est pas forcément mauvais. Que l’on songe aux efforts pour maîtriser les inondations, aux luttes contre les parasites et les espèces nuisibles. Cette affaire doit être une occasion de remettre en perspective les équilibres en jeu dans notre société et de rappeler que l’écologie n’est qu’un des impératifs du gouvernement des hommes et non un dogme totalitaire.
LE PROGRES SCIENTIFIQUE N’EST PAS CONTINU
Nous nous sommes habitués à la régularité et à la vitesse du transport aérien et nous nous plaignons lorsque notre vol est retardé. Les évènements actuels viennent nous rappeler l’extrême fragilité de cet instrument de transport.
Déjà l’arrêt de Concorde nous avait montré que le progrès n’est pas continu et que nous pouvons connaître des régressions. Depuis cet évènement, plus aucun avion civil ne vole à une vitesse supersonique. L’arrêt provisoire de la circulation aérienne a redonné toute leur vigueur au transport maritime, au train, à la voiture, au taxi. Ce mouvement ne fait que confirmer des évolutions en cours .Ainsi pour des distances de moins de 1000 km le train à grande vitesse est plus performant que l’avion. Pour le tourisme de loisir, les paquebots modernes sont plus confortables et ludiques que l’avion.


L’INSUFFISANCE DE NOS CONNAISSANCES
Le transport aérien s’est développé plus rapidement que l’état de nos connaissances sur le milieu naturel. Certes, le nuage volcanique est dangereux pour les avions. Ses particules riches en silice de moins de deux millimètres, aux arêtes tranchantes, ont un effet abrasif qui érode le fuselage et les ailes . Elles peuvent également provoquer un arrêt des réacteurs. En 1982, à cause de l’éruption du volcan Galungung en Indonésie, un Boeing 747 de la British Airways qui volait à plus de 12 km d’altitude a chuté .Le pilote n’a pu faire repartir les réacteurs qu’au bout de 13 minutes, une fois que les palettes ont pu se débarrasser du dépôt vitrifié.
Mais si le danger est connu il n’a pu faute de moyens d’observation scientifiques adéquats être exactement mesuré en l’espèce. Au point que les compagnies n’ont eu à leur disposition qu’une méthode fort peu scientifique : faire voler un avion sans passagers dans la zone à la dangerosité affirmée. Ce qui, on le reconnaîtra , relève d’un empirisme désuet.

LE PRINCIPE DE PRECAUTION
C’est en définitive au nom d’un principe de précaution largement entendu que les autorités ont pris la décision d’interrompre totalement la circulation aérienne.
Aujourd’hui, parce qu’aucun accident n’est survenu, on serait tenté de le leur reprocher. Mais, en sens inverse, on les aurait sans nul doute mises en cause si elles avaient laissé le trafic s’écouler et qu’un accident se produise.
Il faut cependant se demander si l’application, à tort et à travers, du principe de précaution n’aboutit pas à paralyser les activités humaines les plus modernes et ne bride pas, de façon excessive la créativité et l’esprit d’entreprise sans lesquels l’aviation ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est.
Charles Debbasch