vendredi, octobre 17, 2008

L'IMPREVISION ECONOMIQUE

L’IMPREVISION ECONOMIQUE

Quand au mois de juillet dernier le pétrole dépassait les 147 dollars le baril, les « experts » nous prédisaient un baril à plus de 200 dollars pour les mois à venir. Aujourd’hui, le pétrole est tombé en dessous des 70 dollars et les économistes cartomanciens se taisent piteusement. Voilà de quoi nous faire douter désormais de ces grands savants plus habiles à expliquer les crises une fois qu’elles se sont déclenchées qu’à les prévoir. La prévision économique parait relever du domaine de ces horoscopes dont les prédictions ont autant de chances d’être exactes que de ne pas l’être.
Pourtant, la science économique n’a cessé de faire des progrès. Les instruments d’observation statistique sont précis, divers et performants. Les flux monétaires et financiers sont connus et identifiés.
Pourquoi alors tant d’erreurs dans l’anticipation ?
Les groupes sociaux sont souvent tentés par la facilité et ils préfèrent que les choses ne soient pas différentes de ce qu’ils voudraient qu’elles fussent. Chacun savait que le désordre économique et financier des Etats-Unis générait des déséquilibres difficilement supportables à terme mais tous préféraient se voiler les yeux devant ces réalités pour ne pas remettre en cause leur gestion approximative. La même tendance inspirait en France le recours au déficit pour permettre à la nation de vivre au dessus de ces moyens en faisant supporter la charge des emprunts aux générations futures.
La mondialisation de l’information bouscule avec rapidité les réalités. Un simple incident bancaire ou boursier isolé da ns un Etat se communique instantanément sur toute la planète. Or, il n’existe pas de gouvernement mondial capable de prendre dans l’instant les décisions qui s’imposent. Dés lors, des virus pervers peuvent bouleverser les économies avant que les gouvernements puissent réagir.
ne réagissent.
Les prévisions sont également déformées par les groupes de pression. Aucun gouvernement n’a intérêt à dévoiler des prévisions sombres .Chacun annonce que la sortie du tunnel est pour bientôt et même si l’obscurité se prolonge les politiques préfèrent annoncer des lendemains qui chantent plutôt que des jours douloureux.
Les changements sont alors retardés jusqu’à ce que les réalités les rendent inéluctables. Depuis cinquante ans, les brevets pour permettre la réalisation de voitures électriques ont été raillés par les groupes pétroliers. Ce n’est qu’aujourd’hui, sous le poids des nécessités de protection de la nature et de la raréfaction des sources d’approvisionnement en pétrole, que des productions de véhicules propres sont programmées.
Il faut en être conscient : la prévision économique est aussi aléatoire que nos comportements. L’addition des indéterminations ne peut déboucher sur des certitudes.
Charles Debbasch