mardi, août 28, 2007

UN NOUVEAU DISCOURS AFRIQUE A LA MODE DE SARKOZY

LE NOUVEAU DISCOURS DE DAKAR
DE NICOLAS SARKOZY


Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, exercice intellectuel de haute qualité, a suscité de nombreuses critiques en Afrique. Avec l’aide de plusieurs amis africains, nous avons construit un projet de nouveau discours africain à la mode de Nicolas Sarkozy

« Bien chers étudiants,

S’exprimer dans une aussi auguste enceinte est un singulier privilège.

Je sais tout ce que la connaissance doit à la prestigieuse Université de Dakar.

Je sais aussi combien la francophonie s’est abreuvée à la source sénégalaise au point de recevoir le plus prestigieux de vos écrivains, Léopold Sedar Senghor au sein de l’Académie francaise.

Je sais aussi la difficulté de votre situation placés ici au carrefour entre deux mondes : l’univers de la science la plus moderne et une société riche d’histoire qui cherche à franchir le fossé qui la sépare du monde développé.

Je suis venu ici pour vous dire avec fierté et amour le message de la France. Une France dont je sais l’image est un peu brouillée dans votre génération.

Au moment de définir les lignes d’un avenir que j’espère commun, je ne voudrais pas passer sous silence le passé de notre relation.

Nous avons vécu longtemps dans une même Nation, partageant nos richesses et nos espérances, nos deuils et nos souffrances.

Je ne suis pas là pour faire le bilan de l’histoire mais pour vous exprimer le témoignage public de reconnaissance de la France aux Indigènes qui l’ont soutenue dans les temps difficiles. Pour vous dire aussi que nous évaluons à sa juste mesure le poids des injustices que nous vous avons infligées.

Vous êtes les enfants d’une cohabitation forcée, d’une transfusion de civilisation qui a généré des souffrances.

Considérons cependant aujourd’hui la chance que ce mariage forcé nous a procuré.

Les civilisations s’enrichissent de leurs différences et nous avons chacun appris de l’autre.

Nous nous sommes métissés souvent sans nous en rendre compte au point que vous avez raison de penser que la France vous appartient autant qu’à ceux qui vivent dans l’hexagone.

Je sais que nos chaînes de télévision, nos réseaux radiophoniques, nos sites Internet, nos journaux, nos livres, nos films constituent une part appréciable de votre univers culturel.

Je sais aussi tout ce que vos créateurs apportent dans le domaine de la culture et des arts au creuset francophone. Plus le lien juridique se distendait entre nous et plus le lien culturel s’affermissait.

Je sais que cette communauté d’idéal renforce votre exigence.

Vous souhaiteriez une France plus présente, plus audacieuse, plus généreuse.

Vous nous accusez souvent d’être aux abonnés absents et votre critique repose sur des fondations bien réelles.

La France, il est vrai , n’a pas fait le deuil de son passé colonial. Il nous reste des nostalgies d’une autre époque.

Les Français sont parfois fatigués de leur histoire et ils sont tentés par le repli sur l’hexagone.

Il nous faut surmonter cet égoïsme et labourer sans cesse le champ de nos convergences

Je pense, en premier, au contact des peuples. Vous le savez, l’immigration incontrôlée qui viderait l’Afrique de sa substance est un non-sens.

Nous devons définir ensemble les règles qui régissent l’entrée et le séjour sur le territoire français et mieux les faire connaître. Je pense particulièrement à l’accueil de vos étudiants dans les Universités françaises entouré de trop d’exigences et qui freine notre coopération culturelle.

La France doit aussi réfléchir à la présence de ses propres cadres en Afrique.

Je sais que vous avez la nostalgie de l’époque où de grandes générations d’africanistes français irriguaient le sol africain. Vous avez souvent aujourd’hui l’impression que nous exportons plus des laissés pour compte que des phénix.

A nous de recréer la pépinière de talents passionnés par votre continent et qui en partagent les langues et les cultures.

Vous avez la même exigence pour les entreprises françaises. Vous souhaitez vous délivrer de la françafrique c’est à dire d’un écheveau de compromissions qui limitent le libre choix de vos contractants.

Vous avez raison.

Avec vous, je souhaite que le meilleur gagne et que ce soit la qualité qui vous incline à choisir les entreprises ou les produits français et non le poids des réseaux.

La France souhaite avec ses partenaires européens lutter contre la dégradation des termes de l’échange qui ruine vos producteurs. Vous ne devez pas être les esclaves de la mondialisation mais des partenaires respectés. La France soutiendra sans réserves toutes les initiatives qui aideront à mieux valoriser vos productions.

Je ferai tout pour qu'une nouvelle relation se développe entre la France et l’Afrique.

Créons ensemble le laboratoire de nos futures relations, réunissons ; nos savants et nos experts et élaborons de concert la politique et les lignes de force de notre nouveau partenariat.

C’est à vous, les jeunes d’Afrique, c’est à vous les sages des campagnes, c’est à vous les idéologues hardis et combatifs que la France tend les bras pour construire le socle de nos nouvelles relations

Je vous remercie »

Charles Debbasch