LA PRISE DE FONCTIONS
DE FRANCOIS HOLLANDE
L’histoire retiendra que ce 15 mai 2012 François Hollande,
septième Président de la Ve République, a été installé dans ses fonctions.
Les politiques remarqueront qu’avec cet ancien premier
secrétaire du PS, la gauche retrouve le sommet de l'Etat après dix-sept ans
d'absence.
Les sociologues observeront que, pour la première fois,
accède au pouvoir un Chef de l’Etat qui vit en union libre et que ceci est jugé
normal par les 2/3 des Français.
L’ensemble touffu de cérémonies et de discours qui a meublé
cette longue journée permet déjà de définir l’orientation du quinquennat qui
s’ouvre.
LE STYLE PRESIDENTIEL
François Hollande a tiré les enseignements des dérives de
comportement sarkozyennes par rapport au modèle idéal souhaité par les
Français.il annonce avec force qu’il exercera son mandat «avec dignité et simplicité».
Au fil de la journée, on à découvert un président tour à tour, ému, grave, serein,
recherchant le contact avec la foule et soucieux d’éviter tout faux pas.
LA FONCTION
PRESIDENTIELLE
On avait beaucoup reproché à Nicolas Sarkozy son
hyper-présidence.Le nouvel hôte de l’Elysée se démarque de cette
attitude : «Je fixerai les priorités, mais je ne déciderai pas de tout,
«pour tous et partout», a-t-il affirmé avec force. Cette conception de la
présidence s’écarte tout à la fois du modèle gaullien et de la conception
sarkozyenne.
La conception gaullienne reposait sur une séparation horizontale
des fonctions, le président ayant un domaine réservé notamment dans la
politique étrangère. Nicolas Sarkozy -au moins dans les trois premières années
de son mandat -avait fait de l’Elysée le centre unique de traitement des
dossiers, le premier ministre et les ministres étant simplement ses
collaborateurs. Avec le nouvel élu, on en revient à la séparation verticale des
fonctions : le Président décide des grandes orientations. Le reste relève
de l’équipe gouvernementale.
Il conviendra de juger de l’application de ce principe dans
la pratique.
LES PRIORITES
Le chef de l’Etat a réaffirmé les priorités fixées dans sa
campagne mais il a tenu à insister tout particulièrement sur l’éducation ;
Certes le nouveau Chef de l’Etat est un pur produit du système
élitiste. Il est le troisième
président de la Cinquième république issu de l’ENA après Giscard et Chirac. Mais
il a marqué son soutien à l’ensemble de l’appareil éducatif.
Il a rendu hommage, au Jardin des Tuileries, à Jules Ferry
"un grand ministre de l'instruction publique" et père de l'école
obligatoire, gratuite et laïque.
Je suis venu saluer le
législateur Ferry qui conçut l'école publique, ce bâtisseur de cette maison
commune qu'est l'école de la république’’
L'école "doit être assurée de ses ressources, on ne peut
pas enseigner correctement sans un encadrement suffisant pour nos
enfants", a-t-il déclaré. "C'est la raison de mon engagement, et je
le réitère aujourd'hui comme président de la République, de recruter 60 000
personnels de l'éducation sur la durée de mon mandat", a-t-il martelé. "Je
veux que [l'école] retrouve tous les moyens d'être fidèle à sa vocation, je
veux lui redonner confiance en elle-même, sa foi dans ses propres capacités, sa
volonté d'être conforme à notre histoire et à ce qu'exige notre avenir, a-t-il
martelé. L'école a besoin de réformes, elle attend aussi de la considération de
la nation et elle appelle le soutien de l'Etat.’’
Cet hommage terminé le président a fait connaître le nom de
son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le maire de Nantes, dont la profession
d’origine était le professorat d’allemand. Nouvel hommage à la condition
enseignante.
Charles Debbasch