vendredi, janvier 20, 2012

LE HOLLANDE DES VILLES ET LE HOLLANDE DES CHAMPS





Deux Hollande battent le pavé de la campagne présidentielle.

Le Hollande des villes qui parait déjà installé dans le fauteuil présidentiel se veut responsable. Il sait que la situation économique ne lui permettra  pas de promettre des avancées sociales miraculeuses. Il connait la contrainte des chiffres et le lourd endettement de la France

Le Hollande des champs, de jour en jour, laboure les terroirs de France et cherche à faire rêver les groupes sociaux en difficulté. Il promet des lendemains qui chantent, prend des accents mitterrandiens et annonce des avancées sociales historiques.

Mais, de plus en plus, les deux Hollande- celui qui est enfermé dans le réel et celui qui dispense l’espoir-se télescopent.

L’affaire des 60.000 enseignants supplémentaires en est un bon exemple. . Le 9 septembre à Soissons, François Hollande que s'il est élu, il entend "recréer 60 à 70 000 postes" dans l'éducation durant son mandat. Il précise que ce ne seront pas seulement des profs, mais aussi "des encadrants, des assistantes sociales, des psychologues" et des professionnels "liés aux nouvelles technologies». Mais, dès les jours suivants, il hésite sur le financement de cette mesure.

De ses explications embarrassées on croit comprendre qu’il ne s’agira pas de créations fraiches mais de redéploiement de postes issus d’autres secteurs de l’administration. C’est ce que précise Jérôme Cahuzac le président socialiste de la commission des finances de l’Assemblée qui a estimé qu’«il n’y (aurait) pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique d’Etat» parce que «la France n’en a tout simplement pas les moyens». Et il précise que la proposition de créer 12.000 postes par an dans l’éducation se ferait «par redéploiement», croit.

Cette position sera aussitôt critiquée par l’aile gauche du PS., La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, le député Henri Emmanuelli et Benoît Hamon, porte-parole du PS, signent un communiqué pour s'étonner de «l’interprétation faite par Jérôme Cahuzac», tout en vantant «la proposition ambitieuse» de Hollande. «Si les 60.000 créations de postes [...] ne devaient l’être que par redéploiement, cela reviendrait à réduire le service public de la santé ou de l’emploi pour consolider les moyens de l’Education nationale», dénoncent-ils. Et ils lancent un avertissement : une mesure consistant à déshabiller d’autres administrations publiques pour rhabiller l’éducation «n’aurait aucun sens».

Ce désordre dans l’expression provoque la colère du candidat socialiste qui tonne. «On a tout pour gagner. Si on ne gagne pas, on ne le devra qu’à nous-mêmes.»

Il reste que c’est le positionnement même de la candidature Hollande qui provoque ces couacs.

Celle-ci se situe dans une perspective centriste de second tour où le candidat du PS aura besoin des voix centristes pour triompher de son adversaire de droite .Cette perspective ne réjouit pas l‘aile gauche du PS qui voit avec inquiétude les progrés du Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Par ailleurs, si François hollande a remporté la primaire c’est son adversaire Martine Aubry qui contrôle le parti et est  en situation de mettre sous tutelle le candidat de SON parti.

On serait alors tenté de dire qu’il y a bien deux candidatures Hollande.

Le Hollande des villes est un candidat de second tour qui doit par sa sagesse inspirer confiance à la majorité des Français.

Le Hollande des Champs est un candidat de premier tour qui doit rassembler toute la gauche pour se qualifier.

D’où un difficile exercice d’équilibriste entre deux stratégies opposées.

Charles Debbasch