mardi, juillet 01, 2008

QUEL AUDIOVISUEL PUBLIC ?

QUEL AUDIOVISUEL PUBLIC ?

Le débat actuel sur le financement de l’audiovisuel public a le grand mérite d’inciter à une réflexion plus globale sur le secteur public de l’audiovisuel.

En proposant d’éliminer la publicité des chaines publiques, le Président Sarkozy a lancé un grand pavé dans la mare.

Les arguments échangés à ce propos ne sont pas tous inspirés de la meilleure bonne foi. Par exemple, la gauche s’accroche aujourd’hui au financement publicitaire des chaines publiques alors qu’elle soutenait , en 1967, que le secteur public devait être exclusivement financé par des ressources fiscales ou parafiscales. Quant à la droite qui rêve de réduire les prélèvements obligatoires, ne voilà-t-il pas qu’elle propose de créer une nouvelle taxe sur les opérateurs téléphoniques pour financer les chaines publiques.

Les controverses illustrent la profonde évolution que connait la communication audiovisuelle qui n’est pas prés de s’achever.

De nouveaux acteurs apparaissent qui concurrencent les empires installés. Les nouvelles techniques -et notamment la TNT et la télévision par internet- viennent bouleverser les situations acquises.TF1 vacille et avec elle c’est une époque de la télévision qui se clôt. Celle d’un public unique regardant le même programme au même moment. Désormais les audiences se parcellisent. Ce n’est plus la chaine qui impose son programme à son heure mais le citoyen qui bâtit son programme à la demande. Le foyer n’est plus le cadre exclusif de la réception. Les récepteurs sont devenus mobiles. Une nouvelle concurrence se noue entre les chaines privées et de nouveaux acteurs se développent.

Quant à la télévision publique, elle a du mal à définir sa spécificité. Le financement public la soustrait aux pressions commerciales mais l’expose à un renforcement de la tutelle publique. La recherche de la qualité ne doit pas l’inciter à l’ésotérisme. Comment garder son public et son audience sans perdre son âme
En novembre 2005, Thierry Vedel, rédacteur du rapport sur la télévision en France, note que « la télévision publique est soumise à une injonction contradictoire : on attend d’elle des émissions exigeantes et des grilles originales, mais on la compare continuellement à la télévision privée en termes de taux d’audience, de performance économique ou de management ».

Tôt ou tard on se rendra comptez que le secteur public de l’audiovisuel est hypertrophié en France. En matière de télévision , il est constitué de la holding France télévision (France 2, France 3, France 4, France 5 et réseaux d’Outre mer avec RFO) .Il faut ajouter à la holding France télévision, la chaîne culturelle ARTE, issue du traité du 2 octobre 1990, la chaîne parlementaire (LCP), détenue par les deux assemblées, la chaîne internationale francophone, TV5 Monde, détenue pour 2/3 par les entreprises publique, et la chaîne de télévision française d’information internationale, France 24.Quant au secteur public radiophonique, il est composé de Radio France,( un réseau constitué de radios nationales, telle que France inter et France info, de radios régionales ou locales, telle que France Bleue, et de France culture. ) et d’autre part par Radio France internationale.

A l’évidence, il faudra un jour ou l’autre dégraisser ce mammouth public qui n’a plus de raison d’être et qui n’est qu’une des illustrations de l’hypertrophie de l’appareil de l’Etat en France.

C’est dire que le débat actuel sur le financement du secteur public n’est que l’amorce d’une réflexion plus globale sur la consistance même du secteur public de l’audiovisuel.

Charles Debbasch