L’Egypte de l’après Sadate connait une résurgence de la ferveur religieuse. Les dernières élections législatives ont été marquées par la victoire des salafistes porte paroles d’un islam radical.
Mais la mésaventure qui vient d’arriver à un député de cette tendance ce qui démontre qu’il y a parfois une grande fracture entre la parole et la pratique. Le député égyptien Anwar al-Bilkimy avait affirmé cette semaine à la télévision, le visage couvert de bandages, avoir été victime d'une attaque alors qu'il était à bord de sa voiture. Il avait expliqué avoir été battu par des hommes armés qui lui avaient volé 100 000 livres égyptiennes soit environ12 500 euros).
Il commençait à recevoir les témoignages de solidarité de ses collègues lorsque des médecins et du personnel médical d'un hôpital de Cheikh Zayed, dans la banlieue du Caire, ont révélé que le député, membre du parti salafiste Al-Nour, avait en fait subi une opération de chirurgie esthétique au nez .Il a été contraint de démissionner du Parlement et de son parti.
Ce n’est pas seulement le mensonge qui été condamné. Mais aussi l’irrespect de la tradition. Pour les fondamentalistes islamiques, la chirurgie esthétique, atteinte à la création divine, n'est concevable que si elle est "considérée comme indispensable pour réparer un défaut comme une infirmité ou un excès ou une lésion ou une déformation".
Comme disait Blaise Pascal «Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ».
Je ne sais si cette affaire du député égyptien aura sur l’histoire un retentissement aussi important que l’aventure de César séduit par la forme du nez de la reine courtisane. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’avec ce scandale le parti salafiste égyptien vient de prendre un grand coup dans le nez.
C’est grave pour un parti nouveau né.
Charles Debbasch
