dimanche, mai 20, 2012

QUELLE PRIORITE EDUCATIVE ?




Si je m’interroge sur les raisons de mon choix pour l’éducation nationale, après une carrière de plus de cinquante ans -et encore partiellement active-  je  ne vois que l’admiration que j’éprouvais pour l’institution scolaire et ses serviteurs.



La passion d’apprendre puis celle d’enseigner je les ai contractées au contact de l’extrême qualité de mes professeurs .Certes, il en était de plus talentueux que d’autres, de plus respectés et de plus recherchés Mais tous avaient la foi dans leur vocation au service de la République laïque et impartiale, tous s’astreignaient à garder un comportement à la hauteur de leur mission, tous veillaient à être justes dans leurs appréciations .Ils cultivaient le mérite comme valeur suprême.



Il y avait sans doute des élèves plus rétifs que d’autres à la discipline scolaire mais la communauté éducative disposait des moyens de les guider sur le droit chemin et le cas échéant –rarement-de les sanctionner.



Les professeurs étaient appuyés dans leur mission par les parents qui reconnaissaient leurs vertus et acceptaient leurs verdicts.



L’ensemble de la société plaçait l’estime pour les enseignants au-dessus de toutes les autres.



Alors les classes pouvaient être surchargées, les établissements vétustes, les livres et les matériels insuffisants et les classes trop froides chacun s’en accommodait.



L’école était la pépinière de la République et ses pousses se rassemblaient dans la forêt du savoir.



Alors vous me direz que je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.



Voire !



Est-ce qu’une société peut tenir son rang sans respecter l’école ?



Une Nation peut-elle grandir et se développer sans donner toute leur place à ses enseignants.



Peut-elle rester elle-même sans transmettre aux jeunes les règles de discipline et les racines  du savoir ?



Au moment où commence ses premiers pas un gouvernement dirigé par un enseignant et où le ministre de l’éducation se voit placé aux premiers rangs de la hiérarchie gouvernementale, est-ce trop demander à toute la classe politique d’ouvrir un débat serein sur la place de l’école dans la République ?



Charles Debbasch

Doyen honoraire de la Faculté de Droit d’Aix-en- Provence

Président honoraire de la Conférence des Doyens des Facultés de droit

Ancien membre du Conseil d’administration et du Directoire du CNRS