mercredi, janvier 16, 2008

SARKOZY UNE IMAGE SUREXPOSEE

SUREXPOSITION PRESIDENTIELLE

La politique de la République ne se fait pas en fonction des sondages. Mais, ceux-ci sont des indicateurs précieux des frémissements de l’opinion. Or, pour la première fois depuis son élection, le nombre de Français mécontents du président (48 %) dépasse celui des satisfaits (45 %) (Sondage BVA-Orange pour L'Express du 17 janvier, effectué auprès de 1 050 personnes).En quelques semaines, la cote de confiance qui était largement positive s’est effritée. Les causes de cette descente au purgatoire sont multiples.

Les Français ont élu un Président, au parcours politique atypique qui a promis de dire la vérité aux Français. Ils ne lui ont pas fait reproche de sa vie privée agitée tant la sincérité leur est apparue préférable au mensonge. Mais le mélange de la vie privée et de la vie publique leur apparaît quelque peu inconvenant. L’éloge public du rôle de Cecilia a séduit mais il est apparu trop proche du divorce. Le "Avec Carla Bruni c’est du sérieux" est venu trop vite suivre la séparation avec la première première dame. Ce télescopage d’évènements donne quelque peu le tournis et nourrit l’impression que la vie privée a pris le pas sur la vie publique.

Le même désordre s’est installé dans la communication élyséenne. S’il n’est pas choquant que le secrétaire général ou le porte parole du Président s’expriment ;il est incongru de voir la « plume » du Président expliquer ce qu’il a voulu dire dans « ses »discours. Je ne connais qu’une expression écrite ou orale c’est celle du Chef de l’Etat et je me moque bien de savoir qui lui a suggéré telle phrase ou telle tournure. Dés que le président s’est approprié un texte, celui-ci constitue la parole présidentielle .Pour avoir rempli, ce rôle de plume de plusieurs Chefs d’Etat, je sais que cette fonction requiert la modestie : -il faut toujours savoir rester à l’ombre du président-, la malléabilité- il faut sans cesse s’adapter à ce que veut le Président- et l’extrême effacement car il ne faut jamais se glorifier du travail que l’on a fait. Dés lors que le discours est prononcé , il est la parole du Président car celui-ci n’est pas le perroquet de son nègre C’est réduire la fonction présidentielle que s’en approprier des pans entiers. Les Français ont élu Nicolas Sarkozy et non Henri Guaino ou tel autre.

Enfin, si les Français ont choisi un Président actif, ils s’inquiètent de la suractivité qui donne l’impression de la fragilité. En photographie, une image surexposée est difficile à percevoir. Il en va de même dans la vie des Etats. .L’image d’une Présidence au pas de course fatigue l’opinion et donne parfois l’impression d’une absence de consistance.

Charles Debbasch