lundi, janvier 10, 2011

UNE ANNEE PREPRESIDENTIELLE

UNE ANNEE PREPRESIDENTIELLE
Même si les principaux acteurs politiques feignent de ne pas le reconnaître, l'année 2011 sera profondément influencée par les perspectives de la présidentielle de 2012.
Une décantation des candidats et des programmes est encours.
LES CANDIDATS
Le parti socialiste s'interroge.: Dominique Strauss-Kahn acceptera-t-il de porter ses couleurs et d'abandonner son portefeuille doré de Washington. En attendant, la course à la candidature bat son plein. Ségolène Royal se pose en seule héritière légitime de François Mitterrand.
Marine Aubry est forte de son contrôle de l'appareil du parti. Laurent Fabius attend patiemment son heure. Manuel Valls cherche à représenter une nouvelle vague du parti.
Mais la gauche est loin de se ranger derrière le candidat qui sera choisi par le PS. Jean-Luc Mélenchon représente une gauche dure et pure prête à s'allier avec le parti communiste. La nébuleuse radicale est à la recherche de son candidat. Le courant écologique peut mordre largement sur l'électorat du PS. Eva Joly est appelée à le représenter à moins que Nicolas Hulot cède à la tentation de la candidature..

La droite a son candidat naturel Nicolas Sarkozy qui n' a pas intérêt à s'engager trop vite. Il n'empêche le Président sera candidat et ses déplacements en province ou outremer ressemblent déjà à des meetings de campagne. Mais les évaporations ou dissidences sont nombreuses. Dans cette période de crise, le Front national est en expansion. La candidature de Marine Le Pen peut enlever de nombreuses voix au président sortant. Jean-Louis Borloo déçu d'avoir raté la case premier ministre peur être tenté de se présenter. Le courant centriste connait pléthore de candidats. François Bayrou rêve de réunifier les déçus de la droite. Quant à Dominique de Villepin, il peut être tenté par la politique du pire pour faire battre Nicolas Sarkozy.
Aussi bien à droite qu'à gauche tous ces candidats effraient car ils rendent incertain les résultats du premier tour et peuvent occasionner des surprises à la Jospin.

LES PROGRAMMES
L'hésitation sur les programmes est grande à gauche comme à droite. En cette période de crise Ni l'idéal collectiviste ou étatique, ni le credo libéral n'ont le vent en poupe. Pourtant, il faudra bien que le candidat choisi présente aux électeurs sa ligne de conduite.
A gauche, la controverse fait rage entre les partisans du durcissement et ceux qui s'en tiennent au statu quo. Mais il n'existe pas pour l'instant de programme convaincant. Pierre Joxe remarque justement que "pour le moment aucun" des candidats potentiels du PS à la présidentielle n'est en mesure de gagner en 2012, faute de "programme porté par un mouvement de fond".Il souligne que l'élection de François Mitterrand en 1981 fut celle "d'un homme qui avait construit un parti sur une stratégie, l'union de la gauche, et un programme".
"Ce ne fut pas l'élection d'un champion ayant gagné des éliminatoires! Ce fut l'élection d'un chef de parti qui a mis dix ans à bâtir notre parti, certes, mais sur la stratégie d'une alliance extrêmement large et avec un programme commun qui manifestait cette alliance", a-t-il lancé.
"Promettre en France, en 1980, de nommer des communistes au gouvernement, pour certains, c'était comme mettre la main aux fesses de la reine d'Angleterre ! 1981, ce fut l'aboutissement d'une longue marche", explique Pierre Joxe.
Pour lui, "ce n'est pas d'un homme ou d'une femme providentielle dont nous avons besoin. C'est d'un mouvement d'opinion d'où sortira une réflexion et une espérance collective sur ce que nous voulons, non pour les cinq ans, mais pour les vingt ans à venir".
"Nous avons besoin d'un mouvement d'opinion averti des incroyables sacrifices et des révisions cruelles qu'il va falloir entreprendre".
La droite n'est pas en meilleur état. Elle gère la France et porte le passif de la crise. Elle hésite entre le maintien d'un système de protection et d'étatisme et la voie libérale. On l'a vu récemment avec le tollé qu'a provoqué la déclaration de Christian Jacob sur la remise en cause de l'emploi à vie des fonctionnaires
L'équation est difficile pour la droite comme pour la gauche: comment faire rêver les électeurs sur un programme alors que les obstacles dus à la crise paraissent contraindre à une gestion au jour le jour?
Charles Debbasch