lundi, décembre 24, 2007

LA CULTURE FRANCAISE EN QUESTION

LA CULTURE FRANCAISE EST-ELLE MORIBONDE ?

S’il fallait un exemple du repli hexagonal, le quasi silence qui a suivi la publication dans l’important magazine Times d’un article provocateur sur la mort de la culture française en constituerait une excellente illustration. Car, enfin, un pays qui se flatte d’être le berceau de la culture universelle ne peut être indifférent à un jugement même, exagéré ou partial, que porte sur lui l’extérieur.

Le constat dressé par l’auteur DON MORRISSON mérite d’être examiné. 727 nouveaux romans sont en librairie à la rentrée 2007, mais moins d'une douzaine sont traduits aux Etats-Unis chaque année. Près de 200 films sont produits chaque année dans l'Hexagone, mais près de 50 % des recettes du box-office reviennent au cinéma américain .La création musicale déserte Paris et le marché de l’art s’est enfui à l’étranger.Et pourtant le budget de la culture est un des plus importants au monde (1,5 % du PNB, contre 0,7 % en Allemagne, 0,5 % au Royaume-Uni, 0,3 % aux Etats-Unis). La culture est largement subventionnée par l'Etat, les régions ou les municipalités. Elle a peu de rayonnement hors des frontières.

Aucun auteur français ne se dégage du marais littéraire : où sont donc les Camus ou Malraux ? Les films français restent intimistes et confidentiels. La cote des peintres français reste faible. Qui connaît à l’étranger un autre chanteur français que Johny Halliday ? La génération des Trenet, Piaf ou Aznavour s’éteint sans descendance.

On peut trouver ce constat exagéré, il, n’en traduit pas moins une réalité incontestable. La culture française est en déclin. La France est en crise de création.

A l’image de la société française, la culture est bureaucratisée. Le pouvoir y appartient à une cohorte de fonctionnaires qui distribuent aides et subventions sans égard pour le marché. Des coteries se sont constituées dans les régions et à Paris dont l’art de capter les aides publiques est plus fort que les talents. Tout ce système s’est forgé ses codes de comportement et s’est arrogé le pouvoir de parler au nom d’une culture ésotérique et élitiste. Comme ces grands prêtres ne sont pas surs que le public épouse leurs choix ils ont forgé des barrières de protection. Supprimer une subvention relève du sacrilège et voit se dresser les signataires de manifestes.et si le malade ne veut pas ingurgiter les breuvages ainsi fabriqués, il faut les lui délivrer de force avec la politique des quotas qui est à la culture ce que le gavage est aux oies.

La politique vient à s’en mêler. Le bon adepte de la culture doit être de gauche à, peine d’être rejeté dans le royaume des oubliettes. Il doit éviter de déranger le conformisme idéologique Jusqu'à Soljenitsyne, un bon écrivain se devait d’approuver le marxisme et de considérer Moscou comme la partie des droits de l’homme.

La France a de beaux équipements publics mais elle en est aussi l’esclave. Elle parait préférer les contenants aux contenus. Les réalisations architecturales sont si nombreuses qu’elles absorbent une grande parie des crédits.

La société littéraire exclusivement parisienne est un concentré de copinages .Membres des comités de lectures, chroniqueurs, et producteurs de radios ou de télés inondent la production de livres qui sont à la littérature ce que le papier journal est au vélin.

Quant au public ; peu s’en préoccupent .Le succès populaire est presque un handicap et les auteurs à succès sont martyrisés par le fisc et s’évadent à l’étranger.

Mais le déclin de la culture française n’est que la traduction d’un déclin plus profond celui de la France elle-même. Le culte de la jouissance immédiate a remplacé la recherche de la perfection. Les hédonistes ont pris la place des créateurs.

La culture est une ascèse : la volonté de dépasser les miasmes du quotidien pour construire la planète des utopies, la recherche désintéressée pour grandir et magnifier l’espèce humaine, la confiance dans la jeunesse, la quête permanente de la vérité en abolissant les conformismes. On est loin des trente cinq heures et du cortège des égoïsmes. Le plus grand ennemi de la culture française c’est un matérialisme qui ne dit pas son nom, c’est le refus du libéralisme innovateur , c’est une bureaucratie paralysante qui emprisonne les volutes de l’esprit, les arabesques du savoir..


Voilà pourquoi le message délivré par le Times mérite d’être pris au sérieux.

Charles Debbasch