mercredi, décembre 28, 2011

SARKOZY VIRTUELLEMENT BATTU OU POTENTIELLEMENT GAGNANT


SARKOZY VIRTUELLEMENT BATTU OU POTENTIELLEMENT GAGNANT
A quatre mois de la présidentielle, c’est le temps de l’euphorie pour les instituts de sondages et les cartomanciens en tous genres capables de répondre à l’avance à la question des résultats du prochain scrutin ; Pourtant, les aléas restent nombreux et les variables encore branlantes au point que l’on peut se poser la question : le président sortant est-il virtuellement battu ou potentiellement gagnant.
SARKOZY VIRTUELLEMENT  BATTU
Pour la majorité du monde médiatique, Nicolas Sarkozy sera battu à la prochaine présidentielle.
Une addition de facteurs négatifs plombe sa candidature au point que l’on voit mal comment il pourrait sortir victorieux de l’épreuve.
-Un déficit d’image
 Le Président sortant pâtit d’un déficit d’image personnelle  très pénalisant. En décembre, les opinions favorables à l’égard de Nicolas Sarkozy marquent le pas, selon un sondage LH2-"Le Nouvel Observateur". 37% des Français déclarent avoir une opinion positive du chef de l’Etat (dont 9% une opinion "très positive"), un chiffre stable. Tandis que la part de Français ayant une opinion négative du président progresse à 58% (+3 points). Les résultats d’un sondage du 16 décembre IFOP Journal du dimanche sont encore plus accablants ; le Président sortant recueille 66% d’opinions négatives et seulement 34% d’opinions positives.
-Le pessimisme de la société française 
En Europe, tous les pouvoirs sortants ont été balayés par les citoyens qui leur font payer le prix de la crise.
On voit mal comment Nicolas Sarkozy pourrait échapper à cette mise au pilori. Alors et surtout que le premier trimestre 2012 s’annonce désastreux : entrée en récession, perte du triple A, turbulences sur l’euro, hausse du chômage.
 Les Français broient du noir et font assaut de pessimisme. Dans ces conditions, les électeurs risquent de penser qu’ils n’ont rien à perdre à sortir les sortants.
-la poursuite de la vague rose 
Toutes les élections qui se sont tenues sous la présidence Sarkozy ont été remportées par la gauche .Après les bastions locaux régionaux, départementaux ou municipaux c’est la seconde Chambre, le Sénat, qui a viré à gauche. Cet enracinement du PS dans la France profonde des grands prescripteurs de vote est un handicap pour  Nicolas Sarkozy qui manque de relais dans l’opinion.
-Les troubles de la droite
Les dissidences à l’intérieur de la droite sont de plus en plus nombreuses. Les conquêtes médiatiques féminines comme Rama Yade ou Rachida Dati sont entrées   dans le persiflage .Une partie des centristes tendance Borloo ou cru Morin s’est écartée du tronc commun tandis que Marine le Pen attire tous les déçus de la droite qui préfèrent le chais du Front National au territoire que tente de dessiner le ministre de l’Intérieur Guéant.
En prés de cinq ans de sarkozysme, on en est encore à attendre une génération de brillants sarkozystes capables de soutenir avec panache la politique du chef de l’Etat.
Le constat semble imparable : l’actuel Chef de l’Etat additionne trop de handicaps pour espérer pouvoir accomplir un second mandat. Et pourtant, une autre face de la monnaie présidentielle éclaire son destin.
SARKOZY POTENTIELLEMENT GAGNANT
-Le socialisme dépensier est mort
L’arrivée de la gauche au pouvoir a toujours conduit à des vagues de dépenses pour répondre aux espoirs placés en elle. Or, il n’existe plus guère de possibilités de ce côté là en raison du poids de l’endettement et de la pression fiscale. Le programme du candidat PS est sur ce point très ambigu aussi bien sur la question des retraites que sur celle du recrutement de nouveaux fonctionnaires. La gestion dispendieuse par la gauche des collectivités locales qu’elle gère  est un contre exemple de ce qu’il convient de faire.
En revanche, Nicolas Sarkozy s’est fait le champion de la règle d’or sorte de contrainte vertueuse de réduction du déficit public à laquelle l’opinion adhère à une large majorité.
-Les tensions à l’intérieur du PS
Elles se sont accentuées lors de la compétition des primaires. François Hollande l’a emporté mais c’est Martine Aubry qui contrôle le parti et qui ne donne pas toujours l’image d’une franche collaboration avec son rival. Quant à Arnaud Montebourg, il est lancé dans une orbite orientée plus sur 2017 que sur 2012.Le lanceur PS de la candidature Hollande paraît grippé.
-Des écologistes encombrants
Avec le choix d’Eva Joly par les écologistes , une nouvelle épine a surgi pour la candidature de Hollande .Les écologistes- qui veulent tout à la fois brader le nucléaire et renoncer au statut privilégié de la France à l’ONU- ne paraissent d’accord sur rien avec le PS tandis que ce dernier qui a besoin des voix vertes au second tour lâche d’ores et déjà circonscriptions et postes ministériels .Les interventions d’Eva Joly - qui cherche à marquer ses différences - sont mal accueillies par l’opinion et réduisent la capacité de séduction de François Hollande.
-L’aptitude à la gouvernance suprême
La mer est mauvaise et les temps sont rudes. L’expérience et la détermination du capitaine du navire sont essentielles. Or, ces deux qualités sont plus présentes chez l’actuel président que chez son challenger. Ce qui explique que l’écart des intentions de vote entre Hollande et Sarkozy se resserre.
Tout ceci explique que pour l’instant l’issue de la présidentielle n’est pas tranchée.
Alors que l’opinion n’est pas convaincue par les débuts de la campagne. A ce jour, seulement 10% des Français estiment que les réponses apportées par les candidats à la présidentielle sont "plus concrètes qu’en 2007", 30% les jugeant "moins concrètes" et 59% "ni plus, ni moins concrètes". 27% d'entre eux considèrent que la campagne telle qu'elle se déroule "apporte des réponses proches" de leurs préoccupations, et 72% "éloignées" de leurs préoccupations.
Alors et surtout que la multiplication des candidatures à droite comme à gauche laisse planer sur la tête des deux candidats en tête à ce jour un lourd nuage noir.
Figureront-ils au second tour ou seront ils distancés par d’autres ?
C’est toute la difficulté de l’épreuve. Sarkozy et Hollande doivent conduire une campagne de second tour pour être élus sans courir - comme l’a durement subi naguère Lionel Jospin- le risque de l’élimination à l’épreuve de qualification du premier.
Charles Debbasch