jeudi, juillet 23, 2009

OUVRIR LE DIMANCHE

OUVRIR LE DIMANCHE
Si la caractéristique d'une communauté futile est de transformer en problèmes de société des questions anodines, la France contemporaine mérite bien cette qualification pour avoir déclenché sur l'éventuelle ouverture des magasins le dimanche un débat disproportionné.
Les choses sont pourtant simples et évidentes. Les Français sont, en majorité, favorables à une ouverture des magasins le dimanche tout simplement parce qu'ils travaillent les autres jours de la semaine et qu'ils regrettent de butter sur des portes closes justement le jour où ils pourraient effectuer leurs achats.
On comprend fort bien par ailleurs que tous les salariés qui souhaitent disposer du repos dominical ne se voient pas imposer un travail ce jour-là et que seul le volontariat soit la seule base envisageable pour le travail de dimanche.
Pourquoi ne pas avoir admis ces deux évidences qui auraient permis de régler le problème simplement ?
Parce que nous adorons ouvrir des débats théoriques au lieu de résoudre les questions pratiquement. Parce que notre univers syndical est strictement conservateur.
Alors nous voilà compliquant inutilement une question simple. Pour les uns, le travail du dimanche remet en cause les bases religieuses de la société. Pour les autres, toute libéralisation de la législation est une évolution vers l'esclavage des employés.
Enfermés dans un débat théorique, nous sommes alors obligés d'inventer une législation obscure et hypocrite qui autorise sans autoriser, qui libéralise sans libéraliser. La loi naturellement posera, de ce fait ,de multiples problèmes d'interprétation.
Que l'on en juge. Dans les zones touristiques ou thermales tous les types de commerce pourront ouvrir le dimanche. On imagine la difficulté qu’il y aura désormais à déclarer qu'une commune n'est pas touristique. Comme si cela ne suffisait pas à la complexité , la loi a créé des PUCE ("périmètres d'usage de consommation exceptionnel") dans les unités urbaines de plus d'un million d'habitants où l’ouverture sera permise. Ils seront établis par le préfet à la demande du conseil municipal. Ne sont concernées que les grandes agglomérations de Paris, Aix-Marseille (Plan-de-Campagne) et Lille. L'agglomération lyonnaise est bannie de ce système car elle ne connaît pas « d'usage de consommation dominicale exceptionnelle » !
Du beau travail en perspective pour les juristes et une occasion perdue de faire simple. Tout cela au nom de grands principes qui n’ont rien à voir dans le débat.

Charles Debbasch