mardi, mars 20, 2007

FAUT-IL CREER UNE SIXIEME REPUBLIQUE

FAUT-IL CREER UNE SIXIEME REPUBLIQUE ?

Ségolène Royal puis François Bayrou ont proposé de créer une sixième République. Ils entendent ainsi marquer la rupture avec la situation actuelle. Rappelons que l’IIIe République est morte avec le désastre de 1940, que la Ive République s’est effondrée après le putsch d’Alger. La situation actuelle est bien loin de ces deux séismes mais les adeptes de la Vie République estiment qua nous en sommes bien proches et qu’il vaut mieux prévenir une explosion.

C’est le socialiste Arnaud Montebourg qui a le premier soutenu la nécessité du changement. Il a créé une Convention qui milite pour un changement de République. Elle considère qu'une des causes de l'abstention et de la dépolitisation réside dans les dysfonctionnements de la Ve République. Les conventionnels pointent l'absence de contrôle et donc de responsabilité politique pour tout ce qui concerne le Président de la République.
La Convention pour la 6e République prône donc un régime primo-ministériel, où les pouvoirs de contrôle du Parlement seraient accrus. Le président de la 6e République aurait un rôle d'arbitre, garant du bon fonctionnement des nouvelles institutions et ne serait pas élu au suffrage universel direct.
Le changement de République passe par l’adoption d’une nouvelle Constitution. Mais, est-ce bien là le problème essentiel de la France aujourd’hui ?
Les questions de société priment aujourd’hui par rapport aux problèmes de textes. Les maux dont souffre notre pays sont bien connus.
La France a le système bureaucratique le plus lourd de tous les pays libéraux. La société française est tout entière fonctionnarisée. L’Etat est surpuissant-il intervient sur tout-et il est relativement inefficace. La décentralisation au lieu de libérer les énergies participatives n’a fait qu’alourdir la machine en créant de nouveaux pôles de décision.
La France a développé les structures d’assistance sans faire prospérer l’esprit de responsabilité. L’idée d’un Etat vache à lait qui doit tout et auquel on ne doit rien s’est implantée dans l’opinion ; Elle déséquilibre les mécanismes sociaux et toute l’économie. Le manque de flexibilité du travail, la généralisation des trente cinq heures ont eu leur part corrosive dans les équilibres fondamentaux. L’endettement colossal pèse sur les comptes et compromet l’avenir de la France.
L’idée d’un Etat impartial s’est estompée. Les groupes ont pris possession de l’Etat et lui ont ôté sa virginité politique. L’esprit public s’est émoussé au profit du corporatisme et de l’esprit de chapelle. Même la magistrature qui devrait être indépendante n’échappe pas à cette emprise.
Plus la machine étatique s’alourdit et moins le pouvoir politique arrive à la contrôler.
Les citoyens sont insatisfaits devant cette déviance collective mais chaque catégorie défend ses privilèges dés que quelque s’avise de les lui disputer. Il faudrait pour transformer la société des dirigeants audacieux et visionnaires mais les politiques sont emprisonnés dans les marécages des sondages qui n’indiquent que la température de l’instant.
C’est donc d’une révolution politique que la France a besoin et non d’un ravalement constitutionnel et juridique.

Charles Debbasch