mercredi, juin 20, 2007

L'EFFACEMENT DE LA VIE PRIVEE LE CAS HOLLANDE ROYAL

LA PUBLICISATION DE LA VIE PRIVEE

S’il fallait trouver un exemple de la fragilité de la cloison qui sépare la vie privée et la vie publique, le cas Hollande-Royal mériterait de figurer au premier rang.

La séparation du couple , annoncée au soir du second tour des élections législatives, démontre en effet que le parcours du PS lors de la dernière élection présidentielle ne peut pas être compris si l’on ne le restitue pas dans le contexte d’un couple qui traversait une crise grave

Au nom du respect de la vie privée, les journalistes ont du s’abstenir pendant toute la campagne de parler du divorce qui s’était produit entre François Hollande et Ségolène Royal. Or, cette rupture permettait de comprendre pourquoi ces deux personnages ne marchaient pas du même pas dans la campagne. La plus éclatante des contradictions s’était produite lorsque le premier secrétaire du PS annonçait une augmentation des impôts quand Ségolène Royal parlait de geler la fiscalité. Mais, c’est toute la tiédeur de l’appareil du Ps à soutenir Madame Royal qui peut aussi être mieux comprise. Au point que l’on peut se poser la question de savoir si François Hollande souhaitait vraiment la victoire de la candidate du PS.

A l’évidence, la rupture consommée entre les deux protagonistes de ce drame sentimental relevait de la vie publique et non de la vie privée.

On est alors amené à nuancer notre position traditionnelle sur l’interdiction pour la presse de parler de la vie privée. Elle devrait être révisée chaque fois que les événements de la vie privée débordent sur la vie publique.

Charles Debbasch

lundi, juin 18, 2007

CHIRAC DEVANT LES TRIBUNAUX ?

CHIRAC JUSTICIABLE ORDINAIRE

La France va-t-elle se payer le ridicule de traduire devant les tribunaux son ancien Président de la République ?

La réponse ne peut être que positive. En perdant l’immunité attachée à ses fonctions, Jacques Chirac ne peut plus échapper à la justice qui l’attend depuis douze ans pour l’entendre sur de nombreux dossiers. L’opinion ne s’y trompe pas : pour 80% des Français, Jacques Chirac doit être considéré comme un justiciable comme un autre. 16% des personnes interrogées seulement souhaitent que la justice prenne en compte son statut d'ancien Chef d’Etat. Désormais, Jacques Chirac peut être convoqué parla justice, mis en examen, traduit devant les tribunaux.

On ne peut que regretter cette situation et trouver qu’elle est difficilement compatible avec les fonctions que la Constitution confère à un ancien Chef d’Etat. Membre de droit du Conseil Constitutionnel, il est regrettable qu’il ne soit pas mieux protégé.

Jacques Chirac ne peut cependant que s’en prendre à lui-même. L’origine de toutes ces affaires se trouve dans d’anciens dossiers relatifs au financement politique. Tous les partis ont eu recours à ces pratiques. Mais , avec hypocrisie, la classe politique n’a pas voulu l’admettre laissant à la loterie judiciaire le soin de poursuivre ceux de ses membres que la justice retenait dans ses filets.

Jacques Chirac n’a pas échappé à la règle. Plusieurs de ses proches collaborateurs –comme Alain Juppé ou Michel Roussin- ont été traduits devant les tribunaux et condamnés. Or, il était évident qu’ils avaient agi pour son compte et sur ses instructions.

Pour n’avoir pas eu le courage de faire voter une large amnistie, le pouvoir a laissé le loto judiciaire s’exercer. Il est à présent très tard -peut être trop tard- pour réviser cette bévue. Certains diraient même cette lâcheté.

Charles Debbasch


dimanche, juin 17, 2007

LES LEGISLATIVES INFLECHIES PAR LA FISCALITE

UN SECOND TOUR SOCIAL


La victoire de la majorité UMP au soir de ce second tour des législatives est incontestable. En remportant à elle seule une majorité franche et large, l’UMP permet au Président Sarkozy de réaliser l’objectif qu’il s’était fixé : disposer des moyens parlementaires pour réaliser le programme adopté par les Français lors de l’élection présidentielle. Le groupe parlementaire UMP suffit à lui seul pour assurer au Président sa majorité à l’Assemblée.

Ce second tour représente néanmoins une inflexion par rapport au premier.

La vague bleue annoncée par les sondeurs ne s’est pas produite. On avait oublié qu’une élection législative est une addition de scrutins locaux / On n’avait surtout pas exactement évalué les conséquences de l’annonce du cataclysme électoral sur l’électorat qui, impressionné par l’étendue de la débâcle annoncée à gauche s’est mobilisé pour l’infléchir. Les sondages ne se contentent pas de refléter une situation donnée. Leur publication provoque aussi des modifications du comportement des électeurs.

Mais, c’est surtout l’attitude de certains ministres du gouvernement Fillon qui a provoqué ce léger swing électoral. En engageant prématurément et imprudemment un débat sur la TVA sociale, ils ont effrayé les Français pour lesquels cet impôt est un épouvantail. Ils ont réédité l’erreur du premier gouvernement Juppé qui élu sur un programme libéral a augmenté la fiscalité.

C’est dire qu’il faudra beaucoup de pédagogie au gouvernement pour faire passer dans l’opinion les réformes qu’il est nécessaire d’engager. Ce deuxième tour « social » peut avoir le mérite de montrer à la droite grisée par son succès les difficultés à apporter des modifications profondes de la société. Elles sont à la fois nécessaires et rejetées.

Pour réussir la réforme, il faut expliquer et convaincre et non lancer quelques propos mal assurés sur une chaîne de télévision.

Charles Debbasch

lundi, juin 11, 2007

dES LEGISLATIVES PRESIDENTIALISEES

DES LEGISLATIVES PRESIDENTIALISEES

Le premier tour des élections législatives de ce dimanche 10 mai 2007 confirme et amplifie le succès remporté par l’UMP lors de la dernière présidentielle. Cette victoire -qui demandera à être confirmée dimanche prochain- est logique.

Deux éléments ont poussé vers cette présidentialisation des élections législatives ;

Le premier est l’inversion du calendrier électoral. En repoussant les législatives après les présidentielles, Lionel Jospin a poussé à cette présidentialisation des élections législatives car on voit mal le peuple se déjuger en un si court délai. Désormais, sauf dissolution qui déséquilibrerait le rythme de concordances des élections, le chronogramme assure au nouveau président élu l’extraordinaire privilège de pouvoir en appeler au peuple dans la foulée des présidentielles.

Si la première modification relève de l’ère socialiste, la seconde se rattache au pouvoir chiraquien. En acceptant de réduire à cinq ans le mandat présidentiel, Jacques Chirac a lié la durée des mandats législatif et présidentiel et donné tout son effet à l’inversion du calendrier électoral.

Seule une dissolution qui détacherait les mandats de leur concordance temporelle peut briser cet effet. Certes, on voit mal un Président qui dispose d’une majorité rééditer l’erreur commise par le prédécesseur de Nicolas Sarkozy avec sa dissolution ratée. Mais, la vie politique ne figure pas au sein du royaume des certitudes mais dans l’ouragan des incertains.

Charles Debbasch

jeudi, juin 07, 2007

LE SYSTEME POLITIQUE SARKOZY

LE NOUVEAU REGIME POLITIQUE SARKOZY

Chaque nouveau Président marque le régime politique de la Ve République de son empreinte personnelle. Nicolas Sarkozy n’échappe pas à la règle.

La constitution d’un gouvernement restreint à quinze membres manifeste certes la volonté d’alléger le dispositif gouvernemental et de réaliser des économies. Elle est aussi un signe de la volonté du Président de coordonner plus facilement lui-même la politique de l’Etat. Elle est un signe de la présidentialisation accrue du système. Désormais, deux super conseils celui de la sécurité intérieure et celui de la politique internationale sont directement rattachés à l’Elysée. Par ailleurs, le nombre de conseillers directs du Chef de l’Etat est en voie de doubler par rapport à l’ère Chirac. L’extrême proximité du Président et de son premier ministre renforce cette présidentialisation.

Cette évolution institutionnellement permet d’éviter les conflits de compétence entre l’Elysée et Matignon et de remplacer le duel par le duo. La discordance des deux centres de commandement a été un problème récurrent depuis 1958 et tout ce qui peut ramener l’unité dans l’appareil de l’Etat est hautement souhaitable.

On n’a pas également mesuré les conséquences de l’institution du quinquennat. A travers cette réduction du mandat présidentiel, on a réduit quelque peu la majesté de la fonction. Un président élu pour sept ans avait quelque chose d’un monarque. Il pouvait regarder du haut de son piédestal le jeu politique et parfois même se payer le luxe d’une cohabitation. Un président élu pour cinq ans est certes le Président de tous les Français. Mais, s’il veut gouverner, il doit s’impliquer davantage dans l’action quotidienne et être le maître du jeu politique.

Plusieurs conséquences en découlent.

Le Président a besoin d’une majorité solide et unie et il doit en être le chef. Voila pourquoi Nicolas Sarkozy s’investit directement dans l’actuelle campagne électorale pour éviter une éventuelle discordance entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire.

Voilà pourquoi le Président s’appuie davantage sur des politiques que sur des technocrates. Il a clairement affirmé que tout ministre battu aux élections perdrait son poste. Il a également mis un terme à la pratique du non cumul entre un mandat local et la fonction ministérielle.

La Ve République sarkozyste est ainsi plus présidentielle et plus politique. Cette évolution s’explique aussi par l’importance des réformes que la situation française exige. Elles sont à la fois nécessaires et redoutées. C’est dire qu’elles ne pourront être menées que d’une main ferme mais avec un soutien populaire sans défaillance.

Le nouveau système politique doit ainsi s’adapter aux mutations profondes de la société française. Il reste, à présent, à forger les nécessaires contrepoids qu’exige la nouvelle donne.

Charles Debbasch