samedi, juillet 07, 2007

LES TROIS PILIERS DU SARKOZISME

LE TRIPTYQUE SARKOZIEN
Chaque jour colore un peu plus la nouvelle République sarkozienne. Le triptyque sarkozien ne remplace pas la devise républicaine mais il dévoile les caractères forts du nouveau système politique. Omniprésence, ouverture, modernité.

A l’évidence, le nouveau Chef d’Etat est partout et même ailleurs. Qu’il s’agisse de la réforme de l’Université, du dialogue social ou du bouclier fiscal, l’Elysée est aux commandes. C’en est fini de la théorie gaullienne du domaine réservé qui prétendait séparer horizontalement les domaines d’action du Président et du Premier ministre : au premier les affaires étrangères, la défense et les prérogatives de souveraineté et au second le quotidien de la République. A présen,t le Président donne l’impulsion dans tous les domaines et le Premier ministre met en musique et exécute. Cette conception affiche plus clairement la réalité du pouvoir que la théorie du domaine réservé. Dans la vie quotidienne d’un Etat, la séparation des rôles peut difficilement être horizontale Aucun sujet n’échappe à l’appréhension présidentielle et Nicolas Sarkozy a trouvé en François Fillon un excellent Premier ministre pour incarner la nouvelle donne. Un chef du gouvernement qui accepte d’être le commandant en second de l’exécutif et non le concurrent potentiel du Président de la République.

A l’évidence, les plus proches partisans du Président ne l’ont pas encore compris mais l’ouverture sarkozienne n’est pas qu’une habileté pour déshabiller un PS en déconfiture. Elle est un des piliers du sarkozisme. ; ne pas laisser en jachère les talents de la République qui se situent de l’autre coté d’une prétendue ligne de front politique. La nouvelle ligne Maginot de la politique ne demande qu’à être enfoncée si l’on en juge par la facilité avec laquelle les heureux élus acceptent de la franchir. Il ne s’agit pas d’un changement de camp mais plus exactement d’une meilleure conception de la devise républicaine. Le pouvoir n’est pas une prébende que l’on se partage entre copains mais un bien collectif qui doit être ouvert aux plus illustres des compétences. Il existe certes une limite à cette ouverture c’est le nécessaire équilibre que le chef doit observer entre l’obligation de ne pas indisposer sa majorité et celle de ne pas céder à la tentation du spoil system.

Le troisième pôle du sarkozisme c’est le choix de la modernité dans tous les domaines. On pensait que la société française était bloquée. Elle manquait en réalité de réformateurs audacieux qui savent expliquer le pourquoi des mutations. Le cas des Universités est particulièrement éclairant. Chacun s’accordait à reconnaître que le système universitaire français était vermoulu mais chacun pensait aussi qu’à vouloir le transformer, on provoquerait un nouveau mai 1968 et voici qu’une ébauche de consensus s’amorce sur une réforme radicale. Sans nul doute le poids des conservatismes tentera de l’emporter sur la recherche de la modernité mais pour l’instant la tornade Sarkozy emporte tout sur son passage.

Charles Debbasch