vendredi, novembre 17, 2006

LA VICTOIRE DE SEGOLENE

LE SUCCES DE SEGOLENE

La victoire au premier tour de scrutin sans contestation possible de Ségolène Royal à l’investiture socialiste a plusieurs significations.

Elle marque tout d’abord de façon claire l’insertion définitive des femmes dans la vie politique. C’est la première fois qu’un grand parti offre ainsi la première place à une femme. Et pas à n’importe quelle femme : une femme libre non mariée qui partage la vie du premier secrétaire du parti socialiste dont elle a plusieurs enfants. Elle incarne une nouvelle condition féminine, celle de la femme engagée dans la vie professionnelle émancipée et libre dans laquelle beaucoup de femmes se reconnaitront. C’est un fait majeur qui pèsera sur l’élection présidentielle car par son image novatrice cette candidature Royal enfonce quelque peu dans l’obsolète toute autre candidature.

Le succès de Royal signifie aussi que l’on s’était trompé en se risquant à prédire que les militants du parti pouvaient s’écarter du choix des sympathisants. Tout s’est passé comme si le processus avait reposé sur un courant d’adhésion populaire qui s’est communiqué aux sympathisants puis s’est propagé aux militants et aux apparatchiks. Les appareils partisans ne peuvent plus se replier sur leurs coteries. Ils dépendent de plus en plus de l’opinion publique. Les sondages qui ont révélé l’importance de l’adhésion populaire à la candidature Royal ont joué naturellement un grand rôle. Les deux rivaux de Ségolène se sont quelque peu trompés de combat en imaginant qu’ils pouvaient s’appuyer sur les structures du parti pour contrecarrer le succès de Royal.

L’ambigüité du discours de la candidate Royal l’a également servie. Sans se laisser emprisonner dans le programme du parti elle n’a pas craint de s’attaquer à des tabous pour les socialistes intégristes : respect des valeurs morales, lutte contre l’insécurité, service des enseignants et manifestement ces infidélités aux dogmes de la gauche ne l’ont pas desservie.

C’est pourtant là que va se jouer à présent le destin de la candidature Royal. La machine du parti va à présent se rassembler autour de Ségolène. Ses concurrents d’hier vont se mettre à son service. Ils vont chercher à l’enfermer dans un programme socialiste désuet et rétrograde qui ne correspond pas aux besoins de la société française. Difficile exercice d’équilibriste pour la candidate : trouver dans le parti la rampe de lancement mais choisir sa propre direction sans se laisser programmer comme un vulgaire satellite.

Doyen Charles Debbasch