jeudi, décembre 27, 2007

MISS FRANCE ET MONSIEUR SARKOZY

MISS FRANCE ET MONSIEUR SARKOZY


Elle s'appelle Valérie Bègue .Elle est originaire de La Réunion, ce sublime département français de l'Océan Indien. Elle a triomphé d'une lourde compétition. Elle a été sacrée Reine des françaises. La voilà hissée sur un piédestal chargée d'incarner la beauté française dans le monde entier. On imagine sa joie , sa fierté et celle de toute la population de sa région.
Et puis patatras, voici que l'on découvre qu'elle s'est laissée naguère photographiée nue ce qui choque la responsable de la compétition la très autoritaire madame de Fontenay qui ne songerait jamais à exhiber ses formes si ce n'est revêtue de son célèbre couvre-chef. Voilà notre Reine menacée d'être détrônée. Car une Reine de beauté doit faire rêver. Elle doit incarner la pureté, l'innocence même si l'on imagine que, pour en arriver là, elle a du affronter l'atmosphère souvent glauque de ces studios photos où errent des prédateurs avides de chair fraiche et de photos volées. Mais, l'essentiel est que cela ne se sache pas. On comprend la rigidité de Madame de Fontenay. Une Majesté ne doit jamais montrer les faiblesses de sa cuirasse. Elle doit convaincre qu'elle est autre. Le rêve collectif est à ce prix.
Il s »appelle Nicolas Sarkozy. Il est le Président de tous les Français élu haut la main après une compétition loyale et respectable. Le Président de la République est un véritable monarque républicain. Dans la conception française du pouvoir, il est au dessus et en dehors des autres. Les Chefs d'Etat n'en sont pas moins des êtres humains de chair et de sang. Ils ont leurs passions et leurs faiblesses L'essentiel est que le bon peuple n'en sache rien et continue d'imaginer que son Roi est d'une essence différente.
L'usage voulait donc que ses monarques fussent discrets sur leur vie privée. Ils pouvaient avoir compagnes et maitresses mais les citoyens devaient l'ignorer.
Arrive Nicolas Sarkozy qui décide de nous faire vivre en direct sa passion contrariée avec Cecilia puis sa liaison avec la sublime Carla Bruni. Un tel exhibitionnisme ne relève pas de l'accident. C'est de façon délibérée que le Président dévoile au grand jour sa vie privée. Il a compris que la société a changé et que dans la société de communication moderne le secret n'est plus possible. Mais l'attitude de Nicolas Sarkozy a une motivation plus profonde. Il souhaite désacraliser le pouvoir, le rendre plus accessible à chacun. Il souhaite donner l'image d'un Président qui mène une vie semblable à celle de ses compatriotes. Il se prive de la majesté de ses fonctions et s'expose sans réserve.
Miss France est une majesté à laquelle on reproche sa nudité. Nicolas Sarkozy abandonne son vêtement monarchique pour laisser percevoir sa nudité républicaine.
Charles Debbasch

lundi, décembre 24, 2007

LA CULTURE FRANCAISE EN QUESTION

LA CULTURE FRANCAISE EST-ELLE MORIBONDE ?

S’il fallait un exemple du repli hexagonal, le quasi silence qui a suivi la publication dans l’important magazine Times d’un article provocateur sur la mort de la culture française en constituerait une excellente illustration. Car, enfin, un pays qui se flatte d’être le berceau de la culture universelle ne peut être indifférent à un jugement même, exagéré ou partial, que porte sur lui l’extérieur.

Le constat dressé par l’auteur DON MORRISSON mérite d’être examiné. 727 nouveaux romans sont en librairie à la rentrée 2007, mais moins d'une douzaine sont traduits aux Etats-Unis chaque année. Près de 200 films sont produits chaque année dans l'Hexagone, mais près de 50 % des recettes du box-office reviennent au cinéma américain .La création musicale déserte Paris et le marché de l’art s’est enfui à l’étranger.Et pourtant le budget de la culture est un des plus importants au monde (1,5 % du PNB, contre 0,7 % en Allemagne, 0,5 % au Royaume-Uni, 0,3 % aux Etats-Unis). La culture est largement subventionnée par l'Etat, les régions ou les municipalités. Elle a peu de rayonnement hors des frontières.

Aucun auteur français ne se dégage du marais littéraire : où sont donc les Camus ou Malraux ? Les films français restent intimistes et confidentiels. La cote des peintres français reste faible. Qui connaît à l’étranger un autre chanteur français que Johny Halliday ? La génération des Trenet, Piaf ou Aznavour s’éteint sans descendance.

On peut trouver ce constat exagéré, il, n’en traduit pas moins une réalité incontestable. La culture française est en déclin. La France est en crise de création.

A l’image de la société française, la culture est bureaucratisée. Le pouvoir y appartient à une cohorte de fonctionnaires qui distribuent aides et subventions sans égard pour le marché. Des coteries se sont constituées dans les régions et à Paris dont l’art de capter les aides publiques est plus fort que les talents. Tout ce système s’est forgé ses codes de comportement et s’est arrogé le pouvoir de parler au nom d’une culture ésotérique et élitiste. Comme ces grands prêtres ne sont pas surs que le public épouse leurs choix ils ont forgé des barrières de protection. Supprimer une subvention relève du sacrilège et voit se dresser les signataires de manifestes.et si le malade ne veut pas ingurgiter les breuvages ainsi fabriqués, il faut les lui délivrer de force avec la politique des quotas qui est à la culture ce que le gavage est aux oies.

La politique vient à s’en mêler. Le bon adepte de la culture doit être de gauche à, peine d’être rejeté dans le royaume des oubliettes. Il doit éviter de déranger le conformisme idéologique Jusqu'à Soljenitsyne, un bon écrivain se devait d’approuver le marxisme et de considérer Moscou comme la partie des droits de l’homme.

La France a de beaux équipements publics mais elle en est aussi l’esclave. Elle parait préférer les contenants aux contenus. Les réalisations architecturales sont si nombreuses qu’elles absorbent une grande parie des crédits.

La société littéraire exclusivement parisienne est un concentré de copinages .Membres des comités de lectures, chroniqueurs, et producteurs de radios ou de télés inondent la production de livres qui sont à la littérature ce que le papier journal est au vélin.

Quant au public ; peu s’en préoccupent .Le succès populaire est presque un handicap et les auteurs à succès sont martyrisés par le fisc et s’évadent à l’étranger.

Mais le déclin de la culture française n’est que la traduction d’un déclin plus profond celui de la France elle-même. Le culte de la jouissance immédiate a remplacé la recherche de la perfection. Les hédonistes ont pris la place des créateurs.

La culture est une ascèse : la volonté de dépasser les miasmes du quotidien pour construire la planète des utopies, la recherche désintéressée pour grandir et magnifier l’espèce humaine, la confiance dans la jeunesse, la quête permanente de la vérité en abolissant les conformismes. On est loin des trente cinq heures et du cortège des égoïsmes. Le plus grand ennemi de la culture française c’est un matérialisme qui ne dit pas son nom, c’est le refus du libéralisme innovateur , c’est une bureaucratie paralysante qui emprisonne les volutes de l’esprit, les arabesques du savoir..


Voilà pourquoi le message délivré par le Times mérite d’être pris au sérieux.

Charles Debbasch

dimanche, décembre 16, 2007

EUROPE LE TRAITE DE LISBONNE

UNE NOUVELLE EUROPE

Le jeudi 13 décembre 2007, les dirigeants européens ont signé avec solennité le traité de Lisbonne. Ce document remplace la défunte constitution européenne, qui avait été rejetée par référendum en France et aux Pays-Bas il y a deux ans.

La méthode suivie à l’initiative du Chef de l’état français a été plus pragmatique et moins ambitieuse que la précédente. On ne parle plus de constitution, terme qui laissait penser à une intégration des Etats membres dans un ensemble unitaire. On se fixe des objectifs plus limités. Mais, le but poursuivi ne change pas. Comment accélérer l’intégration européenne ? Comment permettre une meilleure prise de décision ?

Car il est vrai qu’une Union à vingt sept membres ne pouvait plus se gouverner avec la lourde procédure de l’unanimité.

Désormais, sur un grand nombre de questions dont la coopération judiciaire et policière, l'éducation ou la politique économique., il suffira d'avoir 55% des États (donc 15 sur 27) qui représentent au moins 65% de l'ensemble de la population pour qu'une décision soit prise. C’est un progrès considérable. L'unanimité restera cependant la règle pour la politique étrangère, la sécurité sociale, la fiscalité et la culture.

Un Président du Conseil européen sera nommé pour deux ans et demi, renouvelable une fois.
Le haut représentant pour la politique étrangère-que l’on n’appellera pas ministre- présidera le Conseil des Affaires générales et des Relations extérieures. A partir de 2014, la Commission sera réduite. Le nombre de commissaires ne sera plus égal à celui des Etats membres. La Commission européenne comptera 18 commissaires (soit les deux tiers du nombre des Etats membres). Les Commissaires seront choisis sur un système de rotation égalitaire entre les Etats membres pour un mandat de 5 ans. Le nombre de parlementaires européens ne dépassera pas 750. Le nombre de députés par pays sera fixé par un système proportionnel dégressif avec un maximum de 96 et un minimum de 6 pour chaque pays.

Il faudra certes que ces dispositions soient ratifiées par les vingt- sept Etats membres pour entrer en vigueur. Mais, chacun a admis que ce serait la procédure parlementaire qui serait utilisée pour cette ratification et non le referendum populaire.

C’est déjà un aveu de faiblesse. L’Europe est perçue par les populations de l’Union plus comme une machine bureaucratique que comme une Nation expression d’un vouloir vivre collectif. Enfermée dans un jargon technocratique et dans des procédures complexes, elle reste difficilement intelligible pour la plupart des citoyens européens. Quant aux gouvernants des Etats membres, ils sont souvent tentés par un double jeu : solliciter l’aide de l’Europe pour disposer des moyens, blasphémer l’Europe pour se décharger de leurs responsabilités lorsque quelque chose va mal.

Certes Paris ne s’est pas fait en un jour. Mais, en faisant passer l’élargissement avant l’approfondissement, les stratèges de l’Europe ont crée les conditions d’une vulnérabilité de l’Union européenne devant de gros orages.

Le traité simplifié est néanmoins un grand pas dans la bonne voie.


Charles Debbasch

dimanche, décembre 09, 2007

EUROPE AFRIQUE LE SOMMET DE LISBONNE

EUROPE-AFRIQUE JE T’AIME MOI NON PLUS

Il aura fallu sept ans pour que, après Le Caire, s’organise ce second sommet Afrique Europe à Lisbonne. Les obstacles ont été nombreux sur la route et l’absence officielle de la Grande Bretagne en raison de l’invitation adressée à Robert Mugabe, le vieux dirigeant du Zimbawe, a failli faire encore capoter le sommet.

S’il a été maintenu c’est parce qu’il y a urgence: l’Europe prend peur devant l’irruption sur la scène africaine de nouveaux acteurs comme la Chine, le Brésil ou l’Inde sans oublier bien entendu les Etats-Unis Certes l’Europe reste le principal partenaire commercial de l'Afrique Mais, le grignotage de ses positions est très rapide. Aussi, l’Union européenne a adopté une politique audacieuse pour un nouveau partenariat avec l’Afrique.

En apparence ce Sommet est un succès. Les Etats présents ont adopté une déclaration politique affirmant le principe de "l'égalité dans la souveraineté", Huit priorités sont définies: la paix et la sécurité (le avec notamment le soutien aux opérations de maintien de la paix), la gouvernance et les droits de l'homme, le commerce, l’assouplissement des "objectifs du millénaire" (éducation, santé, ...), l'énergie, le changement climatique, le pôle "migration, mobilité et emploi" et la science. Un représentant spécial de l'Union Européenne auprès de l'Union africaine a été désigné pour veiller à l'application de la politique européenne en Afrique.

Mais, sous cet apparent consensus, une grave ligne de fracture est apparue.

Le soutien apporté par les Africains à Robert Mugabe démontre l’irritation de nombreux gouvernants devant les tentatives de l’Union européenne pour définir à la place des Africains des critères de la bonne gouvernance que beaucoup assimilent à une sorte de néo colonialisme.

Hier, la colonisation remettait les rênes du pouvoir aux puissances européennes. Aujourd’hui, l’Europe tendrait à exiger que les dirigeants africains appliquent les partitions définies par les Etats dominants. Une nouvelle génération de dirigeants africains ne se sent plus enchainée par la révérence à l’égard de la vérité européenne Les conditionnalités européennes apparaissent comme des résurgences du colonialisme et les populations africaines se rebellent devant ces immixtions dans leurs affaires.

Le débat s’est concentré à Lisbonne sur la grande mutation des relations commerciales que Bruxelles tente d’imposer à l’Afrique. Nombreux sont les dirigeants africains qui refusent de signer les accords commerciaux de libre échange que Bruxelles leur demande d’accepter avant le 31 décembre. Le risque est en effet que la libre entrée des produits européens ruine les productions locales et prive les Etats africains de recettes douanières qui leur sont nécessaires. Le forcing de l’administration européenne qui cherche à exercer des pressions sur chaque Etat plutôt que de tenter une approche globale avec l’Afrique parait ruiner l’objectif même de la réunion de Lisbonne. Là ou on espérait un dialogue d’égal à égal Europe Afrique, Bruxelles parait tentée par la stratégie du diviser pour régner.

Il y a donc quelques ombres dans le théâtre bien ordonné de Lisbonne.

Charles Debbasch

samedi, décembre 08, 2007

KHADAFI EN VISITE A PARIS

KHADAFI
A l’occasion de la visite à Paris le 10 novembre 2007du colonel Khadafi, je publie le portrait que j’ai dressé de lui dans mon livre (La succession d’Eyadema, L’Harmattan 2006)

Il fut un temps où Kadhafi était considéré par les occidentaux comme un diable. On lui attribuait des pouvoirs maléfiques. Il figurait au tableau d'horreur de l’Occident. Les sanctions de l’embargo étreignaient la Libye. Il était en quelque sorte infréquentable.
Puis, progressivement, les choses ont changé. Le pays a voulu sortir de son isolement et a fait des ouvertures diplomatiques. Avec l’âge et l’expérience, le fougueux cheval a modéré ses ardeurs et ses excommunications, et il a surtout tissé sa toile africaine. Patiemment, inlassablement, le leader libyen a reçu les leaders africains, les a aidés. Il s’en est fait des alliés.
Dans l’Afrique francophone, il a tiré parti de la réduction de l’influence française pour pousser ses pions. Les chefs d’Etat africains ont trouvé auprès de lui l’écoute qu’ils regrettaient de ne plus avoir à Paris.

Kadhafi s’est toujours trouvé à l’étroit dans ce pays trop peu peuplé pour peser sur la scène internationale. Il a d’abord lancé ses pions unitaires vers le Maghreb. Il convainquit même un temps Bourguiba de fusionner son Etat avec le sien. L’union éclata au bout de quarante huit heures. Avec l’Algérie et avec le Maroc, les intérêts géopolitiques se heurtaient trop fort pour conduire à autre chose que des alliances de façade. Voilà pourquoi, Kadhafi a souhaité insuffler l’élan unitaire à tout le continent africain.
Son projet de constituer des Etats-Unis d’Afrique ne rencontre au début qu’une indifférence amusée. Mais, c’est mal connaitre l’obstination du colonel libyen que de penser le voir renoncer. L’Organisation de l’Unité africaine végète lamentablement. Kadhafi va alors mener un puissant travail de conviction pour favoriser les ralliements à son projet d’Union africaine.

Il va remarquablement réussir. Son apothéose se déroule à Lomé en juin 2000. Les Chefs d’Etat scellent la mort de l’OUA et la remplacent par l’Union Africaine. C’est le triomphe du guide libyen qui franchit la frontière entre le Ghana et le Togo au milieu d’une foule en liesse qui voit débarquer une sorte de cirque avec ses immenses tentes, ses amazones l’arme au poing, étrange mélange de grâce féminine et de force masculine, et surtout Kadhafi heureux de se livrer à un bain de foule et imaginant peut être à ce moment là qu’il est devenu le maitre de toute l’Afrique. Il s’ensuivra huit jours de délire pendant lesquels le guide qui a négligé les suites de l’hôtel Sarakawa s’est installé sous une gigantesque tente dressée dans les jardins.
Ce n’est pas par hasard que le sommet de l’unité se tient à Lomé. Longtemps, les rapports entre les deux Présidents ont été distants. Deux personnalités aussi fortes ont du mal à cohabiter. Le proverbe dit bien qu’il n’ y a pas de place pour deux crocodiles dans le même marigot. Les heurts s’expliquent aussi par des motifs plus politiques. Eyadema est le plus fidèle allié de la France en Afrique et il ne peut avaliser les menées subversives du Guide dans les anciennes possessions africaines. Quant à ce dernier, soucieux de prôner l’islamisme, il se méfie du protestant Eyadema qui invoque son Dieu à tout bout de champ.
Les montagnes finiront par se rencontrer et par nouer des liens d’amitié. Non pas, comme on le publie souvent, par la recherche par le Président togolais de l’argent de Kadhafi - Eyadema est trop fier pour devenir solliciteur. Mais parce que les deux chefs sont arrivés à une conscience commune : face à la mondialisation, l’Afrique ne peut s’en sortir que dans l’unité non pas contre l’Occident mais avec lui ou à tout le moins à coté de lui.
"Nous devons accepter la légalité internationale en dépit du fait qu'elle soit faussée et imposée par l'Amérique ou nous serons écrasés", estime le leader libyen.
« A l'avenir, la politique libyenne sera celle de l'Union africaine et par conséquent notre pays n'agira plus seul" sur la scène internationale, proclame le dirigeant libyen et il ajoute :
"Ceux qui accusent la Libye d'être un pays rebelle ne pourront plus défendre cette thèse…. »
"La Libye ne peut plus s'accrocher aux Arabes, étourdis par la mondialisation et par le processus de Barcelone et dont la Ligue, docile et inefficace, est incapable de rivaliser avec l'Union africaine".
"L'Afrique et non plus le pétrole est désormais l'espoir de la Libye", a-t-il dit.
La nouvelle donne de la politique libyenne a rapproché le pays de l’Europe. Romano Prodi président de la Commission de l’Union européenne est devenu un proche du Guide et cette proximité aidera le Togo à renouer des relations moins heurtées avec Bruxelles. Ce rapprochement de la Libye et du Togo induit de nombreuses visites togolaises au pays de Kadhafi.
Celui-ci adore recevoir et se distraire du quotidien national par l’irruption de l’international. C’est dans le désert à proximité de Syrte qu’il préfère accueillir ses hôtes. Sous la gigantesque et somptueuse tente verte décorée de rosaces dorées, il trône l’œil vif et malicieux lorsque son regard n’est pas voilé par des lunettes Ray Ban qui introduisent ici une touche d’américanisme incongru .Il est entouré par l’ambassadeur ministre Treki qui connaît tous les cadres dirigeants de l’Afrique comme s’il les avait faits. Son directeur de cabinet, Baschir Salaeh, exerce une influence discrète et efficace dans ce système de pouvoir fortement centralisé. Tard dans la nuit, les discussions se poursuivent autour d’un thé brulant qui suffit à peine à réchauffer des froidures du désert.

Kadhafi refait le monde. Avec perspicacité, il dresse un tableau réaliste de l’état de l’Afrique. Il écoute si avidement tous les détails que ses interlocuteurs viennent lui donner qu’il en devient savant en géopolitique et à lui seul son propre service de renseignement. Promu au rang des sages, il conseille, recommande plus qu’il ne commande mais, à chacun de mesurer les risques s’il ne suit pas ses avis.
Pendant cette difficile campagne de succession, il nous reçoit à Syrte et à Tripoli alors que nous vivons des remous et des tensions. Il prend d’abord contact avec chacun de nous, se fait expliquer le rôle de chacun. Il n’ignore d’ailleurs rien de nos activités et décoche à chacun une flèche d’humour. Il me regarde, plisse ses yeux et me dit : « On m’a signalé que vous avez été le professeur du Roi du Maroc, Mohammed VI. Aussi, dorénavant, je considérerai que chaque fois que le monarque mènera une action que je n’approuve pas, vous en serez responsable.» Puis, Kadhafi se fait expliquer la situation au Togo. Il interroge, confronte nos dires avec ceux des agences de presse puis livre son verdict.
« Les difficultés internationales que vous rencontrez ne sont pas étonnantes. Pensez combien de dirigeants ont du courber la tête devant la puissance et l’autorité d’Eyadema. Ils se sont tus devant lui mais n’en pensaient pas moins. Aujourd’hui qu’Eyadema a disparu, ils relèvent la tête. Vous devez mieux expliquer ce que vous faites. Personne ne le fera mieux que vous. Vous devez rester dans le cadre constitutionnel et le faire comprendre. Organisez des élections libres et transparentes dans les délais légaux et évitez toute confrontation directe avec le peuple ».
Et le leader libyen d’ajouter : «ce qui s’est passé au Togo ce n’est pas un coup d’état mais la mort d’un Président. La vie des Etats est un compromis entre les exigences de la stabilité et celles de la légitimité. Il y a des circonstances où la stabilité et la paix sont plus importantes que le processus constitutionnel. N’oublions pas les précédents du Niger après la mort de Mainassara, la Centrafrique ou la Guinée Bissau. Je vous affirme quant à moi ma disponibilité pour aider à tout ce qui peut apaiser les tensions»
Il a tôt fait d’adopter Faure Gnassingbé. Il déclarera même « Faure c’est mon fils. » adoubant ainsi le successeur d’Eyadema.
La nuit tombe sur Tripoli. Au dehors, sur le port, à côté des gros navires, des misérables tentent de rejoindre l’Italie sur des embarcations de fortune. Toute l’autorité de la police libyenne ne suffit pas à empêcher cette reptation à travers le désert, du sud au nord, des déshérités chassés par la misère et attirés par les mirages de l’occident. Des peuples entiers souffrent de mal être tandis que le fossé se creuse entre riches et pauvres avec la dégradation des termes de l’échange. L’émigration est une pulsion vitale qui fait préférer le risque au statut quo. Plutôt que d’attendre de voir leurs corps rongés par la misère, les candidats à l’émigration préfèrent risquer leur vie. L’Afrique unie doit faire entendre sa voix pour obtenir plus de justice et plus de progrès. C’est ce message que le guide libyen souhaite délivrer avec l’ardeur d’un prophète .
Les chevaux arabes sont secs et nerveux. Les cavaliers contiennent leurs forces pour les exalter dans de futurs assauts. Dans la profondeur de la nuit du désert, la nature parait s’être assoupie. Et, soudain le galop des chevaux martèle le sol dans une fanfare détonante. Kadhafi redresse la tête et sourit comme s’il trouvait une jouissance dans cette expression de puissance. Un instant, il peut rêver à une Libye déchainant ses capacités et rejoignant le sprint des vainqueurs.


Charles Debbasch

mardi, décembre 04, 2007

FRANCE ALGERIE QUELLE REPENTANCE?

FRANCE ALGERIE
HISTOIRE QUAND TU NOUS TIENS

L’actuelle visite de Nicolas Sarkozy en Algérie oblige les deux Etats amis à revisiter le passé. Ce n’est pas facile car chaque pays voit l’histoire au bout de sa lorgnette et les deux matériels ne sont pas compatibles.

La France fut une Nation colonisatrice en Algérie et ailleurs. Elle se croyait porteuse d’une mission civilisatrice et elle exportait dans ses « possessions » ses hommes, ses idées, ses modes de vie. A l’époque, la colonisation était considérée comme légitime et personne ne se préoccupait du degré d’adhésion des populations locales. En Algérie, plus qu’ailleurs l’assimilation fut poussée jusque à ses extrêmes. L’Algérie était un (puis des) département français intégrés dans la République.

Progressivement, une Nation algérienne s’est affirmée et a cherché à construire son Etat. La guerre vit s’opposer la volonté d’émancipation et l’exacerbation de l’assimilation en intégration. Comme toute guerre, celle-ci eut son cortège d’atrocités dont furent victimes des Algériens et des Français innocents.

Rien ne justifie la torture, le viol, la force brutale. Peu importent après tout le repentir ou les excuses. Ce qui est fondamental est que tous s’accordent à reconnaître le caractère illégitime des actes contraires au droit des gens qui furent commis.

Mais, les deux peuples ne doivent pas construire leur avenir dans un rétroviseur. Ce n’est pas en réveillant les fantômes du passé que l’on peut bâtir le socle d’une relation fructueuse.

Il appartient à la France et à l’Algérie de définir les axes d’une solide coopération culturelle, industrielle, commerciale pour enterrer définitivement les traumatismes et les aigreurs d’une histoire douloureuse.

Charles Debbasch

lundi, novembre 26, 2007

UNE GREVE REJETEE PAR L’OPINION PUBLIQUE

Après une semaine de grève dans les transports publics le temps de la négociation est venu. Il est vrai que, de jour en jour, le mouvement s’essoufflait et suscitait, une irritation croissante chez les usagers.

Comme après chaque mouvement de ce type, on se pose la question n’aurait-il pas été plus raisonnable de négocier avant ? Mais, on sait bien que les grèves sont comme les guerres, une confrontation pour déterminer la puissance respective des acteurs. Le conflit permet à chacun de calculer ce qu’il en coûte d’aller trop loin.

La grève dans les services publics ne se déroule cependant plus entre deux belligérants les employés et le gouvernement. Un tiers s’est glissé dans la confrontation : l’opinion publique. C’est elle que chacun des combattants doit convaincre.

Or, dans cette grève là, le gouvernement jouait sur du velours car il avait la majorité de l’opinion de son côté.

Comment justifier, en effet, ces régimes spéciaux de retraite d’un autre âge alors que les conditions de travail ont changé ?

Comment expliquer ces retraites de « jeunes » alors que la durée de vie s’allonge et que les cotisations des actifs ne permettent plus de supporter la charge des retraites ?

Conscientes de cette mauvaise presse de la grève, les principales centrales syndicales n’ont soutenu le mouvement que du bout des lèvres.

Tout n’est pas réglé mais la réforme devait passer ou casser. Elle est en bonne voie.

Charles Debbasch

jeudi, novembre 22, 2007

LA MISE EN EXAMEN DE JACQUES CHIRAC

JACQUES CHIRAC MIS EN EXAMEN

Ce mercredi 21 novembre 2007 marque un évènement majeur du fonctionnement de la justice française.

Pour la première fois, un ancien Président de la République française a été mis en examen. Au terme de trois heures d’audition au pôle financier du palais de justice de Paris, où il avait été convoqué comme n’importe quel citoyen, Jacques Chirac a été mis en examen par la juge Xavière Simeoni pour «détournements de fonds publics» dans le dossier des chargés de mission de la mairie de Paris. ll est reproché à l’ancien maire de Paris de 1977 à 1995 d’avoir recruté par complaisance des personnes qui n’occupaient pas d’emplois réels à la Mairie de Paris. Cette mise en examen a été rendue possible par l’expiration de l’immunité dont disposait l’ancien Chef de l’Etat.

On peut regretter que l’on vienne ainsi chercher noise, si longtemps après les faits, à un homme qui a occupé les fonctions les plus hautes de l’Etat et qui siège aujourd’hui en tant que membre de droit au Conseil Constitutionnel. Et , pourtant, la procédure suivie ne recèle rien d’anormal.

Rappelons tout d’abord que la mise en examen- qui a remplacé l’ancienne inculpation- laisse subsister la présomption d’innocence et ne préjuge pas de la décision qui sera prononcée au terme de l’instruction et de l’éventuel jugement. Regrettons simplement que la mise en examen soit trop souvent interprétée comme une déclaration de culpabilité.

Mais, pour le reste, il n’y avait pas dans la procédure d’autre issue que celle-là. Dans cette affaire, plusieurs anciens directeurs de cabinet du maire de Paris étaient mis en examen depuis cinq ans. Dés lors que Jacques Chirac perdait son immunité, il était évident qu’il ne pouvait avoir un sort différent que celui de ses collaborateurs.

Cependant il faut bien se rendre compte que cette affaire pose deux types de problèmes.

Nous sommes dans l’archéologie judiciaire. La mise en examen est prononcée pour des faits dont certains remontent à plus de trente ans. Est-ce bien le rôle de la justice de se prononcer avec autant de retard ? Alors et surtout que les mœurs et les lois ont évolué.

Ce qui est reproché à Jacques Chirac : utiliser des employés de la ville pour des fonctions politiques était courant à l’époque. Tous les partis politiques y avaient recours.

Mais , on ne peut reprocher aux magistrats de faire leur travail. La responsabilité de cette situation repose sur la classe politique et donc en partie sur Jacques Chirac lui-même.

Lorsque ont été votées les nouvelles dispositions sur le financement des partis politiques, personne n’a osé y inclure une amnistie pour les faits passés. Chacun a pensé être à l’abri de l’orage et a abandonné à leur triste sort les Emmanuelli ou autres Juppé qui ont été victimes de la rigueur de la justice. C’est cette attitude hypocrite qui est à l’origine de l’affaire Chirac et non la malveillance des magistrats.

Charles Debbasch

lundi, novembre 19, 2007

LE TEMPS DES GREVES

MARCHE OU GREVE
LE TEMPS DES MOUVEMENTS SOCIAUX

Après l’état de grâce, le temps des mouvements sociaux est arrivé .SNCF et RATP sont en grève depuis une semaine. Des mouvements sporadiques secouent les Universités. Les fonctionnaires vont à leur tour rejoindre le mouvement.

Certes, personne n’imaginait que les différentes catégories sociales touchées par les réformes Sarkozy accepteraient de voir leurs privilèges abolis sans protester. Mais, la question est posée d’évaluer l’importance de ces protestations et la marge de manœuvre du pouvoir.

L’opinion publique dans sa majorité ne suit pas le mouvement. Elle parait convaincue, pour l’instant, de la nécessité des réformes engagées. Sa préoccupation est le pouvoir d’achat. Seule une aggravation de la situation économique pourrait générer un mouvement populaire d’ampleur.

L’opposition politique est affaiblie. Elle parait gênée par ces conflits et a du mal à adopter une position commune.

Les centrales syndicales sont elles-mêmes en perte de vitesse. Elles ont du mal à encadrer un mouvement plus puissant à la base que soutenu par le sommet. C’est aussi ce qui rend les négociations difficiles.

Ces conflits illustrent la faiblesse du syndicalisme français qui est totalement à reconstruire. Il faut édifier de véritables centrales professionnelles puissantes à la place des syndicats politisés que nous connaissons. Cette mutation ne se fera pas en un jour.
Sur le fond, il faut à l’évidence que le gouvernement communique mieux sur les objectifs de ses réformes.

En politique, il ne suffit pas d’avoir raison. Il faut aussi convaincre.

Charles Debbasch

vendredi, novembre 16, 2007

LE DISCOURS AMERICAIN DE SARKOZY

STANDING SARKOVATION


Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 7 novembre 2007 devant le Congrès des Etats-Unis restera dans l'histoire comme un monument érigé à l'amitié entre les Etats-Unis et la France. Rédigé avec talent, exprimé avec émotion, partagé avec chaleur, il a touché représentants et sénateurs qui se sont levés à plusieurs reprises pour manifester leur chaleureuse approbation. Ces « standing sarkovation »appuyées et répétées manifestaient la joie des élus de retrouver une France qui leur avait tant manqué.


Le discours agressif et sans concession de Villepin avait introduit une fracture entre les deux peuples. Ce qui avait choqué ce n'était pas tant la condamnation justifiée de l'intervention de Bush en Irak que la forme inutilement véhémente des propos du Premier ministre français.


Nicolas Sarkozy a su trouver le ton juste pour célébrer l'amitié franco-américaine tout en affirmant la continuité de la position française.


L'arbre irakien ne doit pas cacher la foret des valeurs partagées. L'appartenance commune de la France et des Etats-Unis au monde libre et démocratique représente un socle inébranlable du lien entre les deux peuples. «Les Etats-Unis et la France, ce sont deux nations qui sont fidèles à un même idéal, qui défendent les mêmes principes, qui croient dans les mêmes valeurs. En tant que Président de la République française, mon devoir c'est de dire au peuple d'Amérique que vous représentez dans votre diversité, que la France n'oubliera jamais le sacrifice de vos enfants, et de dire aux familles de ceux qui ne sont pas revenus, aux enfants qui ont pleuré des pères qu'ils ont à peine eu le temps de connaître que la gratitude de la France est définitive »


Qui peut en effet oublier l'appui décisif que les Etats-Unis ont apporté à la cause de la liberté ? Sans leur appui, sans le sacrifice du sang de leurs soldats, la barbarie nazie et l'oppression communiste n'auraient pu être extirpées.


Nicolas Sarkozy a exalté également les valeurs spirituelles et la vitalité du dynamisme américain : « L'Amérique incarnait pour nous l'esprit de conquête. Nous avons aimé l'Amérique parce que l'Amérique c'était une nouvelle frontière sans cesse repoussée, un défi sans cesse renouvelé à l'inventivité de l'esprit humain. Je l'affirme à la tribune de ce Congrès, la force de l'Amérique n'est pas seulement une force matérielle, c'est d'abord une force morale, une force spirituelle. Nul ne l'a mieux exprimé qu'un pasteur noir qui ne demandait à l'Amérique qu'une seule chose, qu'elle fût fidèle à cet

Idéal au nom duquel il se sentait, lui le petit fils d'esclave, si profondément américain. Il

s'appelait Martin Luther King. Il a fait de l'Amérique une référence universelle dans le monde. Et le monde se souvient de ces paroles que pas un jeune Français de ma génération n'a oubliées, les paroles de Martin LUTHER KING, des paroles d'amour, des paroles de dignité,des paroles de justice. Et ces paroles, l'Amérique les a entendues. Et l'Amérique a changé. Et les hommes qui avaient douté de l'Amérique parce qu'ils ne la reconnaissaient plus se sont mis à aimer de nouveau l'Amérique. »





Mais cet hommage rendu aux forces de l'esprit civique américain n'a pas pour autant conduit le Président français à une attitude de soumission. Il a affirmé l'ardente obligation pour les Etats-Unis de rester attachés à l'idéal de liberté, de défendre l'écologie, de lutter contre les dérives financières


La France est amie mais dans la sauvegarde de son indépendance, dans sa fidélité à l'Union européenne. «Au final, je veux être votre ami, votre allié, votre partenaire. Mais je veux être un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre. »


Nicolas Sarkozy a su, en l'espace d'un discours, effacer les scories de l'ère Ville pin, tisser la toile d'un nouveau partenariat avec les Américains et surtout toucher les coeurs. Un succès incontestable.



Charles Debbasch

jeudi, novembre 15, 2007

LA NECESSAIRE REFORME DES UNIVERSITES

UNIVERSITES FRANCAISES LA REFORME IMPOSSIBLE ?
Il y avait longtemps que les Universités françaises n'avaient pas connu un si important mouvement d'agitation. Et pourtant les grèves qui secouent plusieurs Universités françaises n'ont plus la vigueur du temps jadis. C'est que chacun reconnaît que dans le fond l'Université a besoin d'une réforme profonde et que la récente loi Pecresse sur l'autonomie des Universités va dans le bon sens.
Le constat est, en effet, sans appel. Les Universités françaises ne tiennent pas la route face aux grandes Universités étrangères. Même si elles disposent d'enseignants et de chercheurs de qualité, elles ne rejoignent pas les normes de l'excellence.
Les raisons de cette situation sont bien connues.
Les Universités n'ont pas la maîtrise du recrutement de leurs étudiants. L'entrée libre noie les Universités sous un flot d'étudiants non motivés qui prétendent avoir le libre choix de leurs formations et le droit à l'emploi à la sortie.
Les Universités délivrent toutes le même diplôme national qu'elles aient pour objectif l'excellence ou qu'elles se noient dans la médiocrité.
Les Universités n'ont pas le libre choix de leurs enseignants. Gérés par des procédures nationales ceux-ci échappent souvent à la récompense de leurs talents ou à la sanction de leurs insuffisances.
Les Universités disposent de structures lourdes et bureaucratiques et de compétences limitées pour la gestion de leurs ressources.
La loi Pecresse s'est bien gardée d'effectuer une réforme globale de l'Université. Elle s'est simplement évertuée à donner aux Universités une large marge d'autonomie en espérant que le système évoluera ainsi progressivement à partir de la base.
Cette réforme ne peut qu'être approuvée. Elle est le premier acte d'une nécessaire réforme universitaire qui va dans le bon sens et à laquelle tous ceux qui sont attachés à la défense et à la promotion de l'Université française ne peuvent que souscrire.
Charles Debbasch
Président d'Université honoraire
Président honoraire de la Conférence Nationale des Doyens des Facultés de Droit

vendredi, novembre 02, 2007

QUELLE ACTION HUMANITAIRE?

QUEL HUMANITAIRE ?

Une association à caractère humanitaire -l’Arche de Zoe- était en voie «d’exporter » une centaine d’enfants supposés être des orphelins du Darfour du Tchad vers la France.

Son action a été stoppée par les autorités tchadiennes qui y ont vu, à juste titre, une opération illégale et qui se demandent s’il ne s’agissait pas là d’une tentative d’adoption sournoise.

L’humanitaire est à la mode. Pour soulager les misères du monde des bénévoles se mobilisent et mettent leur savoir faire au service des déshérités. On ne dira jamais assez combien ces femmes et ces hommes dévoués ont contribué à apaiser des souffrances humaines et une bavure ne doit pas condamner le principe de l’aide humanitaire.

Mais, il est vrai, qu’il arrive que l’ivraie soit supérieure au bon grain. Des escrocs se servent sur la bête et profitent de l’aide humanitaire. Des désaxés qui n’arrivent pas à se gouverner eux-mêmes cherchent à noyer leurs problèmes dans la débauche des ONG.

Il est encore trop tôt pour déterminer de quelle dérive participe l’opération de l’Arche de Noé mais, à ce stade deux observations s’imposent.

La première est qu’il existe quantité de couples en mal d’enfants en France. Les règles de l’adoption sont strictes, lourdes et bureaucratiques. Souvent ces couples se lancent dans la recherche effrénée d’enfants à l’étranger.

La seconde observation fondamentale est que les enfants du Tiers Monde ne sont pas une marchandise dans laquelle on peut puiser en profitant de la misère de leurs géniteurs

Le meilleur service que l’on puisse rendre à tous ces enfants c’est de les aider à bien vivre sur place. Il ne faut pas les déraciner et les couper de leur culture.

L’humanitaire c’est faire du bien aux autres et non pas se gratifier soi-même.

Charles Debbasch

LE FINANCEMENT DES SYNDICATS

L’OPACITE DES SYNDICATS


Pour justifier les importantes sorties d’argent liquide des caisses de son organisation, l’Union des Industries métallurgiques et minières, M.Denis Gautier-Sauvagnac a expliqué que ces fonds étaient destinés à « fluidifier les relations sociales ». En d’autres termes, il aurait été versé aux syndicats. L’enquête établira si cette situation correspond à la réalité. Mais, il est vrai qu’un grand flou règne sur le budget réel des syndicats.
Les syndicats sont les seules personnes morales non tenues à avoir une comptabilité Les pouvoirs publics versent entre 500 et 900 millions d’euros de subventions au titre de missions d’intérêt général : formation, contributions au temps passé pour les négociations collectives, participation aux gestions paritaires L’Etat met à disposition des syndicats deux fonctionnaires sur 1000 soit "environ 14 000 personnes pour 7 millions de fonctionnaires».
Comme le rappelle dans son rapport le Conseiller d’Etat,Hadas-Lebel , "Certaines des ressources dont bénéficient les organisations syndicales (notamment les décharges d’activité et mises à disposition de personnel tant dans les secteurs public que privé) relèvent de procédures dont la légalité est douteuse. " "Ce domaine est caractérisé par une grande opacité : aucun document public ou administratif porté à notre connaissance ne présente de synthèse des ressources financières des syndicats en France, ni même des mécanismes de financement. Une telle situation tranche avec celle constatée à l’étranger, l’IGAS ayant pu établir en 2004 un bilan exhaustif du financement des syndicats dans cinq pays européens".
Cette situation est le reflet de la grande faiblesse des syndicats français. En dehors de la fonction publique très syndicalisée, les organisations syndicales du secteur privé sont peu représentatives. Elles ne regroupent que 5 à 7 pour cent des salariés. Dés lors la part des cotisations dans le budget des confédérations est très faible. Il va de 34 pour cent pour la CGT à 57 pour cent pour FO.
Tout le reste se situe dans le flou à la limite extrême de la légalité
C’est sans aucun doute la trop grande politisation du syndicalisme français qui explique cette désaffection des salariés. S’ils veulent retrouver l’adhésion, les syndicats doivent se regrouper et se concentrer sur la défense des intérêts professionnels.
Les années quatre-vingt dix ont été marquées par la normalisation du financement des partis politiques. Il faut, à présent, réinsérer dans la légalité le financement des syndicats.

Charles Debbasch

mercredi, octobre 31, 2007

INSTITUTIONS LE RAVALEMENT BALLADUR

INSTITUTIONS :LE RAVALEMENT BALLADUR

En matière de textes, il n'existe que deux méthodes.
L'anglaise : on écrit le moins possible et on laisse le temps, les meurs et le précédent forger des règles acceptées par tous et pratiquées réellement.
La française : on écrit tout jusque dans les détails les plus triviaux, on réécrit et on change à chaque coup de mistral, on viole ou on n'applique pas les bibles textuelles : c'est la théorie du droit asséné, du droit proclamé.
Notre histoire constitutionnelle est là pour le prouver. Jusqu'en 1958 les Français adoraient changer de breuvage constitutionnel comme ils goutent changer de cru. On avait cru que le mouvement s'était arrêté mais, déjà, d'autres rêvaient de sixième République. Alors, pour leur donner du grain à moudre en attendant le grand soir de la chute de la Cinquième, le mouvement de réforme constitutionnelle s'est progressivement accéléré. Les propositions du Comité Balladur marquent une accentuation du mouvement puisque une grande partie des articles de la Constitution seraient amendés si les réformes préconisées étaient adoptées.
ACCENTUER LA PRESIDENTIALISATION DU REGIME
Sur ce point, la cause est entendue. Il faut accepter de tenir compte de la pratique. La formule selon laquelle le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation est obsolète. Le comité suggère que la primauté présidentielle soit affirmée. L'avantage est évident : il est toujours néfaste de maintenir un texte inapplicable. Mais on peut dire, en sens inverse, que le texte actuel avait l'avantage de la souplesse et pouvait s'adapter à une situation de cohabitation. Car, dans cette hypothèse, on voit mal comment la primauté présidentielle proposée pourrait s'exprimer dans la réalité. Il est vrai que le Comité Balladur cherche à éviter toute situation de cohabitation en proposant d'organiser le premier tour des élections législatives, le jour du second tour de l'élection présidentielle.
Dans cette logique présidentialiste, le Comité recommande que le chef de l'Etat puisse désormais s'exprimer devant la représentation nationale ou les commission d'enquête parlementaires.
Ces avancées du pouvoir présidentiel sont cependant encadrées par des contrepoids. Le pouvoir de nomination du Président devra dorénavant être exercé sous le contrôle parlementaire. Quant à l'application des pouvoirs d'urgence de l'article 16, elle devra, au bout d'un certain temps, être contrôlée par le juge constitutionnel.
RENFORCER LE ROLE DU PARLEMENT
A l'évidence, c'est principalement le rôle des Assemblées qu'il convient de renforcer. Il s'agit de laisser une plus grande initiative aux membres de l'Assemblée dans la procédure législative : accroissement de leur pouvoir dans l'inscription à l'ordre du jour, dans le contrôle du gouvernement et l'évaluation des politiques publiques, dans les procédures de vote.
Au delà de leur apparence technique, toutes ces propositions peuvent effectivement redonner aux parlementaires un vrai pouvoir face au gouvernement et à l'administrstion. On se trouve donc dans un système équilibré : la présidentialisation du régime entraîne en contrepartie une vraie résurgence du parlementarisme
.
REDONNER LE POUVOIR AU PEUPLE
Notre système politique s'est replié sur lui-même en oubliant souvent d'où il tire sa source. C'est pourquoi le Comité Balladur cherche à donner de nouveaux pouvoirs aux citoyens.
Le referendum d'initiative populaire est instauré. L'indépendance de la magistrature est mieux assurée et le Chef de l'Etat ne présidera plus le Conseil Supérieur de la Magistrature. L'exception d'inconstitutionnalité sera ouverte aux justiciables devant le Conseil constitutionnel. Un défenseur des droits fondamentaux viendra renforcer le contrôle des administrations.
Toutes ces propositions, si elles sont effectivement mises en --uvre, représentent un excellent dépoussiérage des institutions de la Cinquième République.
Reste, à présent, à trouver une majorité pour les voter.
Charles Debbasch

samedi, octobre 27, 2007

LE DIVORCE DU PRESIDENT

UN DIVORCE FRANÇAIS
L'opposition s'interrogeait sur la constitutionnalité du rôle de l'épouse du Chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy n'hésitait pas à associer Cecilia à sa vie officielle et à lui rendre publiquement hommage. Et voici ,patatras, que le couple présidentiel divorce.
On se gardera bien de rentrer dans les dédales de la psychologie de ce couple. Chacun sait que l'union de deux êtres repose sur une alchimie complexe où se mêlent sentiments, sexualité, estime, intérêt. Mais la vie privée des hommes politiques est plus difficile que celle de tout un chacun.
La politique est dévoreuse de temps et les grandes carrières publiques se traduisent souvent par des échecs privés. L'homo politicus vedette de la société médiatique grisée par son succès voit se presser à sa porte les suffragettes hypnotisées par les mirages du pouvoir. Le tourbillon du quotidien l'emporte souvent sur la pérennité ;
Jusqu'ici les épouses des Présidents ont accepté avec résignation leur situation. Mais, la femme française moderne est plus exigeante et n'accepte pas de sacrifier sa vie privée sur l'autel de la République. Les Françaises sont plus portées à demander le divorce que leurs conjoints.
Le divorce s'est banalisé.Il c'est en quelque sorte popularisé, Dés lors le divorce d'un Président n'étonne plus.
On versera tout de même une larme sur le drame personnel de ce Président qui ne manquait pas une occasion de féliciter Cecilia en public comme pour mieux la retenir. Il doit être difficile pour lui d'intérioriser ses sentiments.
On peut avoir le soutien de tout un peuple et ne pas arriver à conquérir l'être cher.
Charles Debbasch

mercredi, octobre 10, 2007

L'AFFAIRE EADS AIRBUS

AMBIGUITES SUR LE ROLE DE L’ETAT
L’AFFAIRE AIRBUS


L’affaire EADS est à double tiroir. Il s’agit tout d’abord de savoir si les actionnaires et notamment le groupe Lagardère ont cédé leurs actions parce qu’ils connaissaient les retards que subissait le programme de l’Airbus A 380 et les conséquences qu’ils auraient sur le cours du titre. Ce serait alors un grave délit d’initiés.

Mais , l’affaire a un second volet encore plus sérieux. Cette participation dans EADS a été rachetée par un organisme d’Etat, la Caisse des dépôts et Consignations .Il faut alors se demander si, d'une façon ou d'une autre, l'État a incité la CDC à investir dans le groupe EADS, au printemps 2006, à hauteur de 600 millions d'euros, en rachetant une participation de 2,25 % sous forme d'obligations au groupe Lagardère. alors même qu'il était informé des difficultés du programme A 380 et pouvait à ce titre anticiper la chute du cours. Dans ce cas , l’Etat se serait rendu complice du délit d’initiés causant un grave dommage aux finances publiques, la Caisse des dépôts enregistrant à ce jour une moins-value potentielle de l'ordre de 200 millions d'euros.

Il ne s’agit pas ici de se prononcer sur les responsabilités : c’est le rôle de la justice, mais de tirer les leçons de ce dossier.

Il convient de souligner qu’en tout état de cause cette affaire illustre un singulier dysfonctionnement de notre machine administrative. Le ministre des Finances de l’époque prétend ne pas avoir été informé du dossier, la Caisse des dépôts ayant agi en toute indépendance. Cela peut être vrai formellement. Mais, en fait , tout connaisseur des réalités administratives sait que les choses ne se passent jamais ainsi et que la technostructure se consulte et délibère avant de prendre une décision de cette importance. On découvrira à l’évidence que des contacts ont été pris et que des échanges divers ont eu lieu. Ce qui pose déjà problème et illustre la trop grande indépendance de notre establishment administratif à l’égard du pouvoir politique .Il est évident que si ce dossier avait été traité au grand jour, on aurait évité les suspicions qui se font jour à présent.

Cette affaire illustre aussi l’espèce de concubinage qui existe entre l’Etat et les grands groupes industriels. Il est normal que des passerelles existent entre le privé et le public mais, pour ne pas qu’elles se transforment en passoires génératrices de compromissions, il faut que des règles claires définissent ces rapports. Il faut passer ici de l’opacité à la transparence.

Car il ne faudrait pas surtout que l’on tire des conséquences absolues de cette affaire en condamnant toute intervention de l’Etat. Il ne faut pas en effet oublier que c’est grâce à l’Etat que le programme Airbus a vu le jour et s’est développé.

Charles Debbasch


mardi, octobre 09, 2007

VERS LA DISPARITION DE LA BELGIQUE?

LA BELGIQUE EN VOIE DE PARTITION. ?


L’Europe cherche chaque jour à renforcer son unité autour d’une capitale qui s’appelle Bruxelles. Au même moment la Belgique- dont Bruxelles est la capitale - parait sur la voie de l’éclatement entre deux Nations, la flamande et la wallonne.

On a peine à le croire mais c’est pourtant vrai : environ 350 extrémistes flamands ont manifesté, le 7 octobre, près de Bruxelles aux cris de "Que la Belgique crève !". tandis qu’ils brûlaient des drapeaux belges. Il s’agit certes d’extrémistes mais la Belgique est sans gouvernement depuis plusieurs semaines parce que les partis flamands veulent encore diminuer le rôle de l’Etat central au bénéfice des régions. De révision en révision, la Constitution réduit à une peau de chagrin le pouvoir de l’Etat. Le dernier symbole de l’unité le roi est lui-même la cible des attaques parce qu’il reste le symbole d’une unité dont de nombreux flamands ne veulent plus.

Les causes de cette situation sont historiques. Les flamands ont longtemps été dominés par les wallons et parfois même humiliés. Mais les centres de richesse se sont aujourd’hui déplacés en Flandre alors que la Wallonie connaît chômage et récession. Si bien que les mécanismes de répartition jouent au bénéfice des wallons tandis que les flamands veulent garder leurs richesses pou eux et réclament donc plus d’autonomie. La fracture linguistique aggrave la frontière entre les deux communautés.

Tout ceci peut apparaître absurde alors que la société moderne se mondialise mais repose tout de même sur des évolutions profondes de nos sociétés.

Les êtres du vingt unième siècle ,noyés dans une société uniformisée, perdent leurs repères et sont à la recherche de leur identité. Ils sont donc tentés de se replier sur leur spécificité et de s’y accrocher. Tous les pays- certes à un degré moindre de la Belgique- connaissent cette résurgence des autonomies. L’Espagne en est un bon exemple : malgré le renforcement du pouvoir des régions la Catalogne et le Pays basque rêvent d’accroître leur autonomie. Le Royaume Uni a du reconnaître la spécificité de l’Irlande du Nord et la France n’a pas résolu le problème corse.

Cette tendance à l’éclatement est naturellement plus forte lorsque existe une barrière linguistique. Les nouvelles frontières des Etats sont celles de la communication audiovisuelle .En Belgique, les wallons suivent plutôt les chaînes françaises, les flamands les allemandes ou les néerlandaises .Les pôles de référence des téléspectateurs se dissocient ; Leur communication se réduit. La télévision modèle les nouvelles frontières des nations.

Charles Debbasch

lundi, octobre 01, 2007

LE RETOUR DE FABIUS

L’ELEPHANT FABIUS EST DE RETOUR

Le navire Ségolène a partiellement sombré et il faudra du temps pour le remettre à flots, DSK est casé pour cinq ana au FMI, Lang se déclare prêt à rentrer dans un gouvernement Sarkozy. Reste Laurent Fabius seul survivant de poids de la génération Mitterrand.

L’intéressé l’a bien compris qui a brusquement refait surface. Certes, il n’est candidat à rien. Certes, il déteste les « paillettes » médiatiques mais il ne néglige pas pour autant une apparition au JT de vingt heures.

Grand carnassier, il n’a fait qu’une bouchée de l’oiseau Borloo dans l’entredeux tours des législatives en l’enferrant dans le problème de la TVA sociale.

Le voici à présent à l’affut des premiers faux pas de la génération Sarkozy. Alors que les quadras du parti socialiste n’ont pas encire la notoriété ou l’expérience suffisantes, il est prêt, lui, à en découdre et à s’affirmer.

C’est avec une sorte dé délectation que ce loup attend les agneaux du nouveau pouvoir. Il sait bien que l’avenir de la gauche se jouera sur le terrain économique. Si la situation internationale continue à se dégrader la majorité de droite sera contrainte à la rigueur et la gauche connaitra une embellie lors des municipales.

Et il ne servira à rien de rappeler que les comptes publics ont été creusés par la génération Mitterrand. La mémoire collective est fragile et elle attribue toujours l’insuccès économique au parti au pouvoir.

Charles
Debbasch

jeudi, septembre 27, 2007

SARKOZY LE MOUVEMENT ET LE CHANGEMENT

SARKOZY, LE MOUVEMENT ET LE CHANGEMENT

Il n’est pas de mots trop forts pour décrire la plénitude psychologique du nouveau Chef de l’Etat français. On le sent comblé d’être là où le peuple l’a placé .Il jubile à l’exercice de chacun des actes de sa fonction. Au point que certains ont parfois confondu cette béatitude avec l’ivresse Loin de ployer sous la charge, il parait être à chaque instant à la recherche d’une occasion de se produire ne refusant aucun casting. A l’évidence, ce Président trouvera son rythme et, sans s’épuiser, découvrira le juste tempo de l’action, l’exact métronome de la réflexion. Mais, déjà des controverses fleurissent.

Pour ses rares opposants, le Président est un agité qui se meut dans tous les sens sans savoir où il va. Son mouvement est une agitation fébrile qui ne mène nulle part. Cette fièvre se communique aux ministres qui, dans leur improvisation, multiplient les bévues de la rigueur à la sauce Lagarde à la guerre au coulis Kouchner.

C’est oublier que le Président est un homme trop réfléchi pour gaspiller en gesticulations le capital de confiance que les Français ont placé en lui. Il estime avec raison que la société française a besoin d’un électrochoc. Oui, il est vrai qu’une France endormie dans son confort vit au dessus de ses moyens et court à la faillite. Mais, notre société est profondément conservatrice et tout changement suscite de vives oppositions.

Comment réduire la bureaucratie dans un pays ou un Français sur cinq est fonctionnaire ?

Comment rétablir l’équilibre des comptes de la Sécurité Sociale dans un système où patients et médecins sont d’accord pour faire payer par un tiers leurs dépenses ?

Comment rendre actifs ceux qui ‘enfoncent trop tôt dans le confort des retraites ?

Plutôt que d’attendre le dépôt de bilan, il faut provoquer un élan collectif qui porte le changement.

Telle est la clé de la méthode Sarkozy pour promouvoir la réforme.


Pour réussir, le Président doit provoquer une large adhésion qui dépasse sa majorité électorale : on comprend alors pourquoi il cherche tant à dépasser les clivages politiques. Il lui faut également faire appel à l'opinion sans la lasser.

Il faut donc imprimer les traces du changement dans la société sans confondre mouvement et action.

Charles Debbasch

mercredi, septembre 26, 2007

LA POLITIQUE DE MONTCUQ

LA POLITIQUE DE MONTCUQ

Désireux de renouveler son célèbre jeu Monopoly la société éditrice
a demandé aux internautes de choisir les villes qui figureront à la place des rues sur les nouvelles cases de son édition française. . Les 22 villes arrivées en tête dans ce sondage parmi les internautes figureront chacune dans une case du Monopoly. Assez étrangement , c’est la ville de Montcuq qui est arrivée en tête de la consultation. Honneur suprême pour cette petite ville de 1263 habitants.

.Est-ce la première étape de la transformation d’un jeu familial en amusement grivois. ? On imagine alors l’acquisition d’un hôtel bordelais tandis qu’un stage biterrois fait avancer jusqu’à la case des voreppines (habitantes de Voreppe) , puis à celle des bellecombaises (habitantes de Bellecombe) pour finir à la prison de Montcuq.

Non ! le sondage a été tout simplement manipulé par des facétieux qui ont lancé l’idée de noyer dans la dérision l’initiative de rénovation du Monopoly.

L’affaire est plus sérieuse qu’il y parait.

Elle démontre à ceux qui l’ignoraient qu’un sondage peut toujours se manipuler et que les ressources infinies de l’informatique peuvent transformer du plomb en métal jaune.

Elle démontre aussi que le suivisme de l’opinion n’est pas la meilleure voie pour la réforme. Rien ne remplace le programme, l’idée créatrice, l’audace innovatrice.

Une politique exclusivement fondée sur les sondages conduit souvent à l’impasse de Montcuq

Charles Debbasch

vendredi, septembre 21, 2007

RAYMOND BARRE UN TEMOIGNAGE


RAYMOND BARRE

Un grand homme d’Etat vient de disparaître le25 aout 2007. Les hasards d’une carrière politico-universitaire m’ont fait croiser dans des cercles divers ce grand honnête homme.

Je lui consacre ces quelques lignes de témoignage.

L’ENSEIGNANT

Tunisie années 1950 Je termine mes études secondaires et désireux d’entreprendre des études de droit, je fréquente mes camarades plus âgés qui suivent leurs cours de licence en droit et sciences économiques à l’Institut des Hautes études juridiques de Tunis.

C’est encore l’époque où la France exporte ses plus brillants enseignants dans ses colonies. Une équipe d’agrégés de très haute qualité est rassemblée à Tunis avec les Jambu-Merlin,de Malafosse, Percerou,de Bernis, Talon , Aussel .

Très vite un jeune agrégé d’économie politique, Raymond Barre est devenu la coqueluche des étudiants. Clair et savant, rigoureux et jovial, volontaire et obstiné il a l’appétit de la communication, l’étincelle du génie. Chacun pressent que cet homme aura une haute destinée universitaire mais personne n’imagine encore le tracé de son destin politique. Il forge déjà avec ses étudiants comme Jean-Claude Paye ou Jean Claude Casanova des liens solides qui se maintiendront pendant toute sa carrière.

Avec lui, l’économie politique devient intelligible à tout un chacun. Il sait rendre simple les choses complexes Et il rode dans ses enseignements le plus célèbre de ses livres le « Thémis » ,le Barre, sur lequel des générations d’étudiants vont plancher. Son aura est telle qu’il sera justement qualifié de « meilleur économiste de France » par Valery Giscard d’Estaing.

Doyen de Faculté puis président d’Université à Aix, il me faudra beaucoup d’insistance pour qu’il accepte de se rendre en mission dans son ile d’origine La Réunion qui est alors rattachée à l’Université provençale mais sa tournée de conférences dans la belle province française de l’Océan indien tournera au show populaire tant le retour au pays de l’enfant prodigue est attendu.

Au sommet de sa carrière politique, il ne reniera jamais sa fidélité suprême au monde universitaire.

BARRE PREMIER MINISTRE

De 1977 à 1981 je suis à l’Elysée le conseiller pour la Culture et l’Education de Valery Giscard d’Estaing une nouvelle occasion de croiser le destin de Raymond Barre qui est alors Premier ministre.

Il existe une sorte de loi de la Ve République. La dyarchie Président de la République-Premier ministre conduit à l'affrontement. Tous les Premiers ministres de la Ve République s'entendaient parfaitement, au jour de leur choix, avec le chef de l'État. Tous sont partis, pour le moins, en froid avec lui. Cet affrontement a eu lieu, pour la première fois, au grand jour, sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing avec Jacques Chirac. Je n'ai pas vécu cette période. Lorsque j'arrive à l'Élysée, Raymond Barre est Premier ministre depuis deux ans déjà. Valéry Giscard d'Estaing s'est efforcé de porter remède aux causes qui conduisent habituellement à l'affrontement.
La première est l'ambition politique du Premier ministre. Un chef de gouvernement politique, au bout de quelques mois de fonctions, est très vite amené à regarder au-dessus de lui et à se fixer comme objectif la conquête de la Présidence de la République. A partir de ce moment, il n'est plus le serviteur loyal du chef de l'État, mais un concurrent. La solution pour le Président de la République est alors de choisir un Premier ministre non issu de la classe politique, un technicien que l'on pourra renvoyer le moment venu à sa profession. La précaution n'est pas toujours suffisante comme l'illustre le cas de Georges Pompidou. On ne naît pas homme politique. On le devient. Et la fonction de Premier ministre y porte presque naturellement. Raymond Barre n'échappera pas à la règle. Dès les élections de 1978, il devient un élu et il dispose d'un fief politique lyonnais.
La seconde cause qui peut conduire à l'affrontement est la place du Premier ministre dans les mécanismes de l'État. Dans la pratique de la Ve République, le Président de la République fixe les grandes orientations et le Premier ministre les applique. La formule est claire. Son application l'est moins. Le Président de la République n'a pas moyens d'un gouvernement effectif avec sa petite équipe de collabo­rateurs. En revanche, le Premier ministre dispose d'un brain trust plus étoffé et, surtout, de tous les moyens de la coordination gouver­nementale avec le secrétariat général du gouvernement. Les fils des ministères se relient à Matignon et non à l'Élysée. Certes, le Prési­dent de la République peut commander, ordonner. Mais, il ne peut pas le faire sur tout ni à tout moment. Le Premier ministre est loin d'être le personnage effacé que l'on décrit habituellement. Il est, sauf intervention directe du Président de la République, le vrai maître de l'État.
Valéry Giscard d'Estaing a pris conscience de cette situation, Ray­mond Barre aussi. Mais les deux têtes de l'État vont, pendant ces cinq ans de cohabitation, trouver des règles de vie qui feront régner l'harmone.
Raymond Barre est un homme loyal. Il s'est fixé, une fois pour tou­tes, une règle de conduite dans sa fonction de Premier ministre. Il est le second du chef de l'État. Il n'entend prendre sa place ni pendant le cours du septennat ni à son terme si le Président se représente. Tout ce qui peut être dit à ce sujet le laisse indifférent et ne le fait pas varier d'un pouce. Mais Raymond Barre n'est pas un Premier ministre soli­veau. Il entend exercer ses fonctions dans leur plénitude. Cela veut dire qu'en toutes circonstances il affirmera sa position face au chef de l'État et c'est la discussion qui permettra d'arriver à une décision commune.
Pour permettre cette concertation, Valéry Giscard d'Estaing reçoit Raymond Barre au moins deux fois par semaine, le lundi et le jeudi à dix-huit heures. Ille rencontre également le mercredi avant le Conseil des ministres. D'autres occasions de discussion se présentent lorsque se tiennent à l'Élysée des réunions auxquelles Raymond Barre parti­cipe. Ces rencontres sont instruites préalablement par les conseillers de chacun des hauts responsables. Supposons qu'une nomination doive intervenir, les conseillers de Matignon et de l'Élysée se sont rapprochés, ont confronté ce qu'ils savent des vues de leurs patrons respectifs, ont tenté d'arriver à une position commune puis ont, cha­cun, rédigé une note résumant la situation et proposant une solution. Ainsi, lors de la réunion au sommet, le terrain est débroussaillé.
Cela ne veut pas dire que chacune des deux têtes de l'État ne gou­verne pas avec sa personnalité.
Raymond Barre est, sans doute, de tous les chefs de gouvernement
de la Ve République, celui qui dispose de la plus large marge d'initia­tive. Après le départ en fanfare de Jacques Chirac de ses fonctions de Premier ministre, le chef de l'État ne peut pas se permettre un second heurt. Raymond Barre peut donc gouverner avec son entière person­nalité et il ne s'en prive pas. Il obtient sans difficulté du Président de la République le départ du gouvernement de politiques tels que Oli­vier Guichard ou Michel Poniatowski. Il n'y aura pas dans le gouver­nement de tête politique concurrente de la sienne. Raymond Barre ne tolérera jamais que l'impulsion gouvernementale émane d'une autre source que celle du Premier ministre.
Cette exclusivité lui sera reconnue par Valéry Giscard d'Estaing même si le chef de l'État est parfois sensible aux sirènes de l'opinion publique qui rechignent devant la politique de rigueur barriste.
« Je constate, dit le Président de la République le 12 septembre 1979, que la presse fait un grand tintamarre autour des trois ans du gouvernement Barre. Pourtant il n'y a pas d'autre politique possible que celle qui est suivie. Mais, ajoute le chef de l'État, celle-ci a heurté un certain sentiment populaire. En effet, en 1979, on a fait ce qui était prévu mais en plus, on a dû faire face à l'augmentation du prix du pétrole. L'addition du programme prévu et de cette hausse a excédé les capacités d'absorption de l'opinion publique. On nous a reproché beaucoup de choses. Pourtant, il faut poursuivre ce qui a été fait et obtenir des résultats. Il ne faut plus augmenter les charges d'impôt ou de Sécurité sociale. Sur le plan politique, toutes ces manœuvres ont un objectif, la préparation de l'élection présidentielle. Le gouverne­ment n'a pas à s'en mêler. )}
Le message est clair: « Votre politique est bonne mais attention à l'opinion publique. Quant à l'élection présidentielle, c'est mon affaire. )}
La forte personnalité du Premier ministre, le souci de ne pas provo­quer de heurts avec la machine de Matignon expliquent que le chef de l'État soit, quelquefois, privé du moyen d'appliquer sa politique. Voici, par exemple, le chef de l'État qui déclare devant les jeunes qu'aucune mesure restrictive ne sera prise à l'égard des motards et qui pense réellement qu'il est difficile de canaliser par la répression les passions de la jeunesse, fussent-elles dangereuses. Malgré cela, un arsenal législatif et réglementaire dissuasif sera mis en place par la machine de Matignon: une vignette fort impopulaire pour les gros cubes, une nouvelle réglementation très sévère des permis de conduire, la création d'une nouvelle catégorie de cyc1omoteurs les,,_­80 cm3• Ce programme n'a manifestement pas l'adhésion du Président mais il se gardera de le bloquer ou de manifester son désaccord car il ne veut interférer dans le fonctionnement de la machine gouvernementale que de façon exceptionnelle dans des affaires de haute importance. Cet exemple doit faire réfléchir. Dans le fonctionnement quotidien du système politique de 1958, le chef de l'État n’a pas les moyens réels de contrôler la marche de la machine de l’Etat. Cette situation n'a que des conséquences mineures quand le Président de la République dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale et lorsqu'il garde le pouvoir de changer de Premier ministre. S'il ne souhaite pas effectuer ce changement, le pouvoir s'oriente de façon imperceptible vers Matignon. Le jour où ne disposant pas d'une majorité affirmée à l'Assemblée le Président se verra imposer son premier ­ministre, il deviendra vite un organe second sinon secondaire dans l'État. Tel n'est pas le cas dans le couple Valéry Giscard d'.Estaing -Raymond Barre. On en revient un peu à l’origine de la Ve République avec un Premier ministre gouvernant réellement: et avec un domaine réservé présidentiel, d'autant plus réservé que le Premier ministre ne veut pas s'y aventurer, celui de la politique poli­ticienne.
Dans le passé, la naissance de heurts entre les deux plus hautes autorités de l'État était souvent précédée d'affrontements de leurs conseillers. Une telle situation sera évitée dans le temps que je passerai à l'Élysée.
Il n'est pas d'usage qu'un conseiller du Président ait des rapports directs et fréquents avec le Premier ministre. J'aurai, néanmoins des relations suivies avec Raymond Barre. Son conseiller fort écouté pour l'Éducation, Jean-Claude Casanova, est un de mes amis, Par ailleurs, Raymond Barre est extrêmement fidèle au milieu universitaire dont il est issu. Le Premier ministre me recevra en audience, me fera participer à toutes les réunions informelles restreintes qu'il organisera en ­matière éducative. Comme, par ailleurs, le ministre des Universités n'a plus de relations directes avec les présidents d'universités, le Premier ministre sera amené à organiser, à intervalles réguliers des déjeuners de travail avec les responsables des établissements universitaires. J'aurai, ainsi, toujours une information d'une particulière qualité dans le domaine éducatif. En même temps, je découvrirai la personnalité attachante du Premier ministre,

J'ai un faible pour l'île de La Réunion où est né le Premier minis­tre. Le département de La Réunion fait, en effet, partie de l'académie d'Aix. Le centre universitaire de La Réunion est lié à l'université d'Aix. J'ai donc eu, depuis une vingtaine d'années, l'occasion de découvrir cette terre française de l'océan Indien. Lors de mon pre­mier séjour, après un jour de présence, j'en avais déjà fait le tour et j'étais gagné par l'ennui. Après un mois de séjour, j'avais l'impression d'abandonner mon cœur en quittant l'île. C'est dire combien cette terre est attachante, mais combien il faut savoir la mériter. Par-dessus tout, ce qui m'a frappé, dans un climat qui inclinerait plutôt à la non­chalance, c'est la volonté de mes étudiants de travailler et de s'ins­truire pour gagner le combat de la vie dans un milieu dur et souvent hostile et qui ne paraît insouciant qu'aux vacanciers du Club Méditer­ranée. On imagine la force de courage et de détermination qu'il a fallu au Premier ministre pour se hisser ainsi au premier rang de l'État.
L'obstination est souvent apparue aux commentateurs comme la caractéristique majeure du chef du gouvernement. En réalité, Ray­mond Barre surprend, d'abord, par son infinie patience. Voilà un homme dont l'emploi du temps est surchargé et qui garde, en perma­nence, une sorte de disponibilité pour écouter l'autre. Sans manifester aucune irritation ou aucun agacement, replié sur lui-même, il aus­culte son interlocuteur, prêt à se laisser convaincre, mais seulement si l'argument est décisif. Car cette grande patience ne saurait dissimuler que le Premier ministre n'est pas homme à transiger avec ses convic­tions profondes. « Vous êtes têtu, monsieur Beullac, lancera-t-il au ministre de l'Éducation lors d'un comité interministériel, mais je suis plus têtu que vous. » Cet homme n'est pas pour autant dénué d'un grand sens de l'humour. Un jour de grève générale, il réunit les présidents d'université pour un déjeuner à Matignon. C'est un de ces jours parisiens sans clarté où il faut, même à midi, faire briller les lustres de toutes leurs flammes. Soudain, l'obscurité se fait; c'est une panne de courant due à la grève de l'E.D.F. « Messieurs, lance le Premier ministre, voilà l'effet du plan Barre. » Ou bien encore le voici tressant des couronnes au ministre des Universités mais chaque fleur qu'il offre en hommage à son ministre est tellement enrobée d'épines que les pétales sont déchirés, transpercés de part en part et qu'apparaît une sorte de cactus aux pointes acérées. Les heurts que toute la presse lui prête avec le ministre des Universités n'ont pourtant pas la portée qu'on leur donne. Le Premier ministre n'entend pas empêcher Alice Saunier-Seïté de gouverner et la forcer à la démission, mais plus simplement l'amener à respecter une certaine solidarité gouvernementale. Il n'entend pas, d'autre part, épouser les querelles de personnes dans lesquelles le grand maître des Universités se lance parfois.
Pour le reste, les convictions éducatives du Premier ministre sont ­claires et simples. Universitaire libéral, il a un grand respect pour tous les éducateurs de toutes les opinions, auxquels il lance souvent
« Je vous parle en tant que collègue et non comme chef du gouvernement. S'il souhaite que le système éducatif se modernise et épouse son siècle, ce n'est évidemment pas en abdiquant sa tolérance. S’il souhaite le changement, il n'en désire pas moins recourir le plus. Rarement possible, à la loi ou au décret. La force de conviction, l’incitation lui paraissent préférables. L'autonomie d'établissements adultes, telle est la voie qu'il poursuivra contre vents et marées.--:


BARRE L’ELU LYONNAIS

De 1982 à 1991 je suis Directeur général puis Président du groupe de presse Dauphiné Libéré-Lyon Matin, une nouvelle occasion de retrouver Raymond Barre député de Lyon depuis 1981.
A voir Raymond Barre installé dans un restaurant lyonnais, heureux et épanoui, on a peine à croire qu'il est un parachuté. La ville l'a adopté. Il s'est adapté à la cité. Son goût de la bonne chair, son caractère pondéré, sa ron­deur, l'ont intégré tout autant dans la sphère politique lyon­naise que son autorité d'ancien Premier ministre, sa compé­tence économique, ses perspectives d'avenir national. Il flatte également les électeurs qui regrettent l'absence de personnalités d'envergure nationale. Nous le recevons pour des inter­views dans les locaux de Lyon-Matin et il nous accueille en retour à sa permanence ou dans un petit "bouchon". Très bien secondé dans le domaine de la presse par Anne-Marie Comparini ou le journaliste Jacques Alexandre, sa permanence ne désemplit pas. Il entretient d'excellentes relations avec les journalistes. Raymond Barre hésite et le choix n'est pas facile entre le destin présidentiel que les sondages lui prédisent et l'accession aux plus hautes fonctions locales qui lui est ouverte. La mairie, le Conseil général, le Conseil régional sont à prendre. Raymond Barre ne s'y aventurera pas de suite. Peut-­être parce qu'il s'est établi une sorte de partage du terrain avec les notables du cru : à eux les charges locales, à lui la repré­sentation de l'aire lyonnaise à Paris et la conquête de l'Etat. C'est un choix difficile dans notre structure politique habituée au cumul des mandats. Laisser les principautés locales aux mains de ses amis, c'est s'exposer à les voir demain arc-bou­tés sur leurs mairies ou leurs assemblées locales revendiquer à votre place des postes à Paris. Le choix de Raymond Barre s'explique aussi parce qu'intellectuel et homme de science il compose avec les exigences des campagnes locales mais leur préfère les débats académiques ou les forums nationaux. Déjà, la campagne électorale législative de 1986 a marqué un aver­tissement. La liste de Raymond Barre a été distancée par celle du RPR. Mais les espoirs nationaux demeureront entiers et les sondages prévoient une nette opportunité de victoire dans la majorité. Effet dévastateur de ces prévisions. Les collabora­teurs de l'ancien Premier ministre se voient devenus ministres et en adoptent ce qu'ils croient être, le comportement et ils convainquent à tort leur patron qu'il est déjà installé à l'Ély­sée. La désillusion sera grande. Mais les qualités de l'homme sont telles qu'il surmontera l'épreuve et qu'il gardera la confiance des Lyonnais. Ce qui lui permettra de se lancer plus tard à l'assaut de la mairie.

Charles Debbasch


REFORMER LA FONCTION PUBLIQUE

RENOVER LA FONCTION PUBLIQUE

Il y a beaucoup de confusion dans le débat sur la nécessaire réforme de la fonction publique qui vient d’être lancé par Nicolas Saekozy.car plusieurs questions fort différentes sont mêlées .

La première est celle du poids de la fonction publique dans notre société. Le Chef de l’Etat a fixé ici un objectif : le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. "Pour 2008, l'Etat s'en est tenu au non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois. Nous irons plus loin", a-t-il ajouté. Il s’agit ici de réduire l’hypertrophie de notre Etat qui croule sous le poids de la charge d’une trop nombreuse fonction publique. L’Etat s’est développé comme l’herbe folle et il a oublié l’essentiel : quelles sont les fonctions collectives indispensables qu’il doit remplir Le débat est d’autant plus vif qu’il existe quantité de secteurs où de nouveaux besoins apparaissent ou qui souffrent d’insuffisance d’effectifs. Mais, pour autant, dans les domaines ou des économies sont possibles comme le secteur des impôts la réforme n’a jamais pu se faire en raison des résistances corporatistes. C’est dire que l’objectif de réduction du nombre des fonctionnaires ne peut être mis en œuvre que de façon sélective et non mathématique. Il oblige l’Etat à se redéfinir autour d’un noyau dur et à éliminer en douceur ses métastases.

Le second débat porte sur la fonction publique elle-même. Comment améliorer son efficacité ? Comment diminuer la rigidité du statut de la fonction publique ? Nicolas Sarkozy insiste sur la "mobilité" des fonctionnaires. Souhaitant dépasser "notre gestion par corps, notre gestion cloisonnée", il demande la mise en place d'un "droit à la mobilité reconnu pour chaque fonctionnaire de France". Dans cette perspective, le président réclame une intensification de l'individualisation des carrières et de l'accès à la formation continue pour les fonctionnaires. Le Président suggère que les nouveaux entrants soient autorisés à choisir "entre le statut de fonctionnaire ou un contrat de droit privé négocié de gré à gré". Il s’agit ici d’une réforme de longue haleine car on ne déboulonne pas une statue aussi sédimentée que le statut de la fonction publique en un jour.

On se permettra cependant de remarquer que l’essentiel est ailleurs. Comment sortir la fonction publique du corporatisme et la remettre au service des citoyens ? Le service public c’est avant tout le service du public. Ce sont les citoyens qui seront les meilleurs soutiens de la réforme sans les opposer aux fonctionnaires. Ils doivent donc être associés à la réforme au même titre que les syndicats. L’objet de l’administration disait un auteur est de « rendre la vie commode et les gens heureux. »

Charles Debbasch

Charles Debbasch vient de publier à Paris aux éditions Economica la huitième édition de son Traité de Droit Administratif.

lundi, septembre 10, 2007

REPENSER LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE

REPENSER LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE
Depuis une trentaine d'années, la France n'a plus de véritable politique africaine. Son influence dans l'Afrique francophone décroit de jour en jour tandis que de nouveaux partenaires plus dynamiques, comme la Chine ou les Etats-Uni,s remplacent progressivement l'ancienne puissance coloniale.
La réduction du rôle de la France est, en premier, la conséquence du déclin et du renoncement français. Notre rayonnement intellectuel s'est fortement réduit. Nous sommes de moins en moins capables d'attirer l'élite africaine dans notre sillage. Nos Universités en décrépitude ne supportent pas la concurrence avec les grands campus américains. Les grandes familles africaines ont pris l'habitude d'envoyer leurs surdoués étudier aux Etats-Unis et leurs enfants plus réfractaires à l'enseignement en France. Au demeurant, notre politique des visas décourage et souvent humilie les candidats. L'arbitraire des consulats ressemble à une loterie là où il faudrait au contraire des décisions motivées rendues sur l'avis de savants.
Progressivement, également, la France perd pied dans les études africaines. Elle forme de moins en moins de cadres et de chercheurs africanistes-la suppression des écoles spécialisées comme l'Ecole de la France d'outre-mer fut à cet égard une catastrophe. Elle envoie de moins en moins d'enseignants dans les Universités africaines. Le tissu des relations entre les intellectuels français et africains est ainsi en train de s'effilocher.
La politique africaine se cherche et elle ne figure pas dans les terrains où on espèrerait la rencontrer.
Au Quai d'Orsay tout d'abord. La bureaucratie des Affaires Etrangères a réalisé son vieux rêve : digérer et intégrer en son sein le ministère de la Coopération. La politique étrangère de la France est ainsi devenue mondiale et la Cote d'Ivoire ou le Gabon sont placés sur le même pied que le Honduras ou la Biélorussie. Les postes dans les Ambassades sont devenus interchangeables et une polyvalence insipide a pris la place de la compétence passionnelle. L'idéologie du Quai d'Orsay repose sur une vue mondialiste de la politique étrangère qui récuse tout traitement privilégié des relations avec l'Afrique.
L'Union européenne a, il est vrai, pris notre relais dans la plupart des dossiers de coopération, Mais faute d'unité et de stratégie communes, les institutions européennes s'enfoncent dans l'idéologie et l'amateurisme idéologique. Elles sont plus aptes à disposer des myriades d'observateurs juchés sur de puissants 4/4 destinés à contrôler que les élections répondent à l'apparence de la démocratie qu'à aider au développement de l'Afrique. Il s'agit avant tout de plaire aux medias occidentaux. Dans son récent rapport sur la politique africaine de la France Hubert Vedrinea raison de remarquer : « La solution dite "d'européanisation" ne peut être que partielle, ou alors c'est un leurre et une démission : il n'y a pas de volonté à 27 pour mener une vraie politique africaine, tout juste une politique d'aide très conditionnée, ce qui ne répond plus au besoin à l'heure où l'Afrique, elle aussi, utilise les opportunités de la globalisation ; il vaut mieux travailler à faire converger les politiques africaines de ceux qui en ont une : France, Grande Bretagne, Portugal, Espagne, Italie, peut être Allemagne, Commission. Notre politique africaine doit être repensée dans son ton, son style, ses méthodes. »
En réalité, l'absence d'une véritable politique africaine de la France repose sur une démission. C'est parce que nous n'avons pas osé aborder de front les problèmes de notre relation avec l'Afrique francophone que nous nous sommes déchargés sur d'autres. Il faut, à présent, avec le consensus de toute la classe politique française et en partenariat avec les pays africains, définir une nouvelle politique africaine ambitieuse et généreuse.
Charles Debbasch

samedi, septembre 08, 2007

LE NOUVEL ELTSEE DE SARKOZY

LE NOUVEL ELYSEE DE SARKOZY

Jusqu’ici, les choses étaient claires. Il n’existait qu’un personnage politique à l’Elysée : le Président de la République. Ses collaborateurs et notamment le secrétaire général n’étaient que des assistants personnels chargés de préparer le travail du Chef de l’Etat et de contrôler la bonne exécution de la politique présidentielle par l’équipe gouvernementale.

Avec la prise de pouvoir par Nicolas Sarkozy, les choses se sont considérablement modifiées.

L’épouse du Chef de l’Etat a paru disposée à jouer un rôle politique et on l’a même vue négocier avec le colonel Khaddafi, la libération des infirmières bulgares.

Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant s’est exprimé publiquement sur des sujets d’actualité lors d’une émission grand public.

Le rédacteur des discours présidentiels Henri Guaino a revendiqué sa paternité sur la plume du Président et ses discours finement ciselés - font penser à du Guaino plutôt qu’à du Sarkozy..

Quelle portée faut-il attribuer à ces changements ?

Signifient-ils vraiment une mutation du régime politique ou sont-ils les premiers balbutiements d’une équipe pas encore rodée ?

Analysons tout d’abord ce phénomène dans le cadre du droit existant. Constitutionnellement, il n’existe pas de collaborateurs du Président ayant une fonction exécutive. L’équipe de l’Elysée n’a pas de pouvoirs juridiques : il s’agit simplement de serviteurs personnels du Chef de l’Etat. Le Président ne peut agir sur la vie gouvernementale que par l’entremise du Premier ministre et des ministres.

Reconnaissons que, cependant, le fait a dépassé le droit. Les collaborateurs du Président s’imprègnent de l’onction présidentielle et ils exercent , depuis le début de la Cinquième République, un pouvoir d’influence non négligeable.

La nouvelle pratique sarkozyenne peut donc s’interpréter comme une volonté de sortir de l’hypocrisie et d’afficher au grand jour ce qui, jusqu’alors, restait discret et connu seulement des initiés.

Si Nicolas Sarkozy souhaitait ajuster le droit au fait, ce serait alors une profonde évolution du régime politique avec la diminution du pouvoir du Premier ministre -voire sa suppression- et l’accentuation de la présidentialisation du régime. On passerait alors de notre système orléaniste à un vrai régime présidentiel à l’américaine.

Pour l’heure, en tout cas, il s’agit plus d’une nouvelle cuisine que d’un changement de fourneau ?

Charles Debbasch

lundi, septembre 03, 2007

CONCUBINAGES MEDIATIQUES

CONCUBINAGES MEDIATIQUES
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) s'inquiète de la crédibilité d'un nouveau magazine politique de France 3 "Duel sur la 3" qui sera diffusé le dimanche à 23h15 présenté par Christine Ockrent, dont le conjoint est le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
Le SNJ "pose la question de la crédibilité de l'information et des équipes rédactionnelles, dès lors qu'une émission à caractère purement politique est présentée par une journaliste dont le conjoint est un membre éminent du gouvernement en exercice".
Le syndicat rappelle que durant la campagne présidentielle, deux journalistes de France Télévisions, Marie Drucker et Béatrice Schönberg, ont "pour ces mêmes raisons" demandé à être retirées de la présentation de journaux d'information.
Une nouvelle dimension est ainsi ajoutée à la charte du journalisme moderne : « Dis moi avec qui tu couches avant de m’interviewer ». J’imagine le piquant désormais de toutes nos émissions politiques.

« Monsieur le ministre dites moi ce que vous pensez du colonel Khadafi ? »
-Je vais vous répondre avec une grande franchise mais assurez moi que vous n’avez eu aucune faiblesse pour son fils Salif

« Pourriez vous me donner votre opinion sut la prolongation de l’âge du départ en retraite ? »
-Votre question ne manque pas d’intérêt mais je voudrais être sur que le patron de journal avec lequel vous vivez ne cherche pas à obtenir une indemnité avant de prendre sa retraite

« La mode française a-t-elle un avenir ? »
-Bonne interrogation mais dites moi d’abord qui vous a payé le tailleur Chanel que vous portez.

Nul doute que le SNJ a posé la bonne question en se demandant si la position dans laquelle se trouve Christine Ockrent "ne peut pas ne pas avoir de répercussions sur le contenu de l'émission".

Encore que je ne sois pas certain de comprendre à quelle position l’éminent syndicat fait ainsi référence :la voit-il en position de mission ou de missionnaire ?

Charles Debbasch

dimanche, septembre 02, 2007

LES FRANCAIS ET LES ENTREPRISES

LES FRANÇAIS ET LES ENTREPRISES


Nicolas Sarkozy s’est rendu cette semaine devant l’assemblée générale du principal syndicat patronal, le MEDEF. Et, chacun de s’étonner devant cette collusion entre le Chef de l’Etat et le « grand capital ».

On ne peut qu’être étonné devant cette réaction. Ce qui étonne plutôt c’est que Nicolas Sarkozy soit le premier Président à faire ce déplacement. Parce qu’enfin personne ne s’étonne de voir le Chef de l’Etat se rendre devant les mouvements corporatifs les plus divers. Alors pourquoi manifester de la surprise lorsque le Président prononce un discours devant des entrepreneurs qui emploient la majorité des Français ?

Ceux-ci, il est vrai, sont en voie de se réconcilier avec le monde de l’entreprise. Et c’est tant mieux parce que deux facteurs sont inquiétants.

Le premier est d’ordre international. Il est lié aux excès de la spéculation financière. Il est anormal que dans la société capitaliste moderne les chances de profit sur la spéculation financière soient plus élevées que celles résultant d’investissements productifs.

Le second est intra européen. Il est vrai que nos exportations souffrent d’un euro fort. Mais ce n’est pas la seule raison du déficit de notre commerce extérieur. Car l’Allemagne s’en sort beaucoup mieux que nous. Sa puissance industrielle, son implantation sur les marchés émergents compense les pertes liées au change.

Nous devons donc renforcer nos industries, les affranchir des contraintes bureaucratiques et surtout re-légitimer le profit sans lequel il n’est pas de développement industriel possible/

Charles Debbasch

samedi, septembre 01, 2007

SARKOZY ET LES JUGES

SARKOZY ET LES JUGES

Pour ceux qui l’auraient oublié, Nicolas Sarkozy est juriste et avocat. Politique, il connaît l’immense insatisfaction de l’opinion à l’égard de la justice. Il ne se prive donc pas de donner son avis sur le fonctionnement de la justice et ses réflexions entraînent de nombreuses réactions corporatives des syndicats de magistrats.

Une réflexion s’impose dés l’abord. L’indépendance des magistrats signifie qu’ils ne doivent juger qu’en leur âme et conscience sans subir de pression de quiconque. Elle ne signifie pas que les magistrats soient les maîtres de la législation ou de la politique judiciaire qui relèvent elles de l’appréciation du Parlement ou de l’exécutif. Il n’est donc pas anormal que Nicolas Sarkozy dévoile sa conception des problèmes de justice.

.C’est à ce titre que le Chef de l’Etat s’est exprimé le 30 août 2007 jeudi, devant un ensemble de chefs d'entreprise réunis pour l'université d'été du Medef.

Il a déclaré à cette occasion qu'il souhaitait « mettre un terme » à la pénalisation du droit des affaires. « La pénalisation de notre droit des affaires est une grave erreur, a-t-il déclaré, Comment faire un calcul économique quand on ne sait pas à l'avance comment la réglementation va s'appliquer, quand on ne sait pas ce qu'on peut raisonnablement attendre des juges [...] quand le risque financier lié à l'incertitude juridique se double de plus en plus d'un risque pénal ? » Trop de contentieux « embarrassent les juridictions correctionnelles » alors qu'ils « pourraient être réglés au civil ». Le chef de l'État a assorti sa demande d'une mise en garde aux magistrats : « Les juges doivent jouer le jeu » et « ne pas se laisser tenter par le gouvernement des juges, ne pas se laisser aller à devenir des arbitres de la politique et à juger de la manière dont les chefs d'entreprise font leur métier. »

Ces réflexions ne peuvent qu’être approuvées.

Il est évident qu’il vaut toujours mieux régler les problèmes au civil plutôt qu’au pénal. L’excès de répression tue la répression. Il faut réserver le pénal aux affaires les plus graves et pour le reste faire supporter aux entreprises les conséquences de leur responsabilité civile.

Il est non moins évident que la politique des l’entreprise se décide dans l’entreprise. Les juges n’ont pas à se substituer aux dirigeants de l’entreprise pour refaire quinze ou vingt ans après leur propre calcul économique. Il est à cet égard choquant que certains magistrats s’affranchissent des dispositions claires du code pénal sur la prescription et se lancent dans l’archéologie judiciaire. Par exemple, en décidant que l’abus de biens sociaux ne se prescrit qu’à compter de sa découverte, les magistrats ont jugé contra legem et ont créé sans l’assentiment du législatif leur propre règle de droit.

La justice doit revenir à plus de sérénité à l’égard du monde de l’entreprise et ce n’est pas trop lui demander que de chercher à retrouver les chemins du droit et à abandonner les tentations de la politique.

Charles Debbasch

mercredi, août 29, 2007

LA RENTREE DU MINISTRE DARCOS

LA RENTREE SCOLAIRE DE XAVIER DARCOS
La gigantesque machine de l'Education Nationale s'apprête à effectuer sa rentrée sous la houlette du brillant ministre Xavier Darcos. C'est chaque année une sorte de miracle de voir le mammouth se mettre en ordre de bataille après son « hibernation estivale ».
Pour la rentrée 2008, l'éclairage est mis à tort sur la suppression de 11.200 postes dans les collèges et lycées Ce chiffre ne représente en effet que 0,8% des effectifs totaux de l'Education nationale. Les collèges et les lycées compteront 25.000 élèves de moins en 2008 et, selon un rapport de la Cour des comptes remis en 2003, 32.000 enseignants sont rémunérés sans classes et sans activités pédagogiques, ce qui représente le poids d'une académie.
Or, il ne faut pas oublier que l'Education nationale compte plus d'un million de fonctionnaires et consomme près d'un quart du budget de l'Etat, Ses ressources ont augmenté de 80% en 30 ans.
Dans ces conditions. Les véritables questions sont ailleurs que dans une fuite de responsabilités en invoquant le manque de moyens.
Le premier débat essentiel porte sur la condition des enseignants. Comment rendre au plus beau des métiers sa noblesse et l'adapter aux exigences du monde moderne ? Pour ce faire, un comité chargé d'organiser la concertation sur la revalorisation du métier d'enseignant sera placé "sous la haute autorité" de l'ancien premier ministre Michel Rocard. Cette nomination représente à elle seule un symbole de la volonté d'ouverture du Chef de l'Etat à l'égard du monde enseignant
La seconde réflexion doit porter sur l'adaptation des missions et des programmes aux exigences de notre société en mutation. Or, si le monde enseignant est globalement ancré à gauche, il est aussi souvent conservateur. Mais c'est plus par réflexe de survie face à une société souvent hostile. Que par égoïsme corporatif. En tout état de cause, le changement ne peut se faire que par petites touches, par évolution plus que par révolution. Pour cette rentrée, le ministre insiste sur quelques réformes essentielles. La disparition progressive de la carte scolaire est en route. Le doublement des dérogations à la carte scolaire a entraîné, plus de 13 500 demandes supplémentaires , dont 77% ont été satisfaites à l'entrée en sixième, soit 10 points de plus que l'an passé, et 67% à l'entrée en seconde, soit 6 points de plus par rapport à l'année précédente. Cette première étape sera poursuivie et amplifiée en vue de doubler, à la rentrée scolaire 2008-2009, le nombre d'élèves bénéficiant d'une dérogation, l'objectif restant d'aboutir à la suppression totale de la carte scolaire à l'horizon 2010.Les progrès en matière de scolarisation des élèves handicapés seront réalisés et la mise en place à la rentrée des vacances de la Toussaint des " études dirigées " après les cours, quatre jours par semaine, dans les 1 119 collèges de l'éducation prioritaire sera effective. Ce dispositif sera étendu, à la rentrée 2008, à l'ensemble des collèges puis à l'ensemble des établissements scolaires, primaire compris, d'ici à la rentrée 2011.
Quant à la pratique sportive, elle sera renforcée au travers de partenariats avec les acteurs locaux du monde sportif " et de mise en place d'une " véritable éducation culturelle et artistique ".
Le débat essentiel pour l'Education restera celui de l'utilisation des crédits. L'appareil éducatif ne peut plus vivre dans la seule perspective de l'accroissement de ses moyens. Il doit réfléchir à la meilleure affectation de ses crédits, au meilleur ajustement des moyens aux fins. Cette réflexion doit être conduite avec les enseignants mais aussi avec toute la Nation.
Le moment est venu de rendre à l'Education sa noblesse et sa dignité. Il n'est pas de changement de société possible sans progrès éducatif. C'est à présent la mission essentielle de tous les responsables de l'Education.
Charles Debbasch

mardi, août 28, 2007

UN NOUVEAU DISCOURS AFRIQUE A LA MODE DE SARKOZY

LE NOUVEAU DISCOURS DE DAKAR
DE NICOLAS SARKOZY


Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, exercice intellectuel de haute qualité, a suscité de nombreuses critiques en Afrique. Avec l’aide de plusieurs amis africains, nous avons construit un projet de nouveau discours africain à la mode de Nicolas Sarkozy

« Bien chers étudiants,

S’exprimer dans une aussi auguste enceinte est un singulier privilège.

Je sais tout ce que la connaissance doit à la prestigieuse Université de Dakar.

Je sais aussi combien la francophonie s’est abreuvée à la source sénégalaise au point de recevoir le plus prestigieux de vos écrivains, Léopold Sedar Senghor au sein de l’Académie francaise.

Je sais aussi la difficulté de votre situation placés ici au carrefour entre deux mondes : l’univers de la science la plus moderne et une société riche d’histoire qui cherche à franchir le fossé qui la sépare du monde développé.

Je suis venu ici pour vous dire avec fierté et amour le message de la France. Une France dont je sais l’image est un peu brouillée dans votre génération.

Au moment de définir les lignes d’un avenir que j’espère commun, je ne voudrais pas passer sous silence le passé de notre relation.

Nous avons vécu longtemps dans une même Nation, partageant nos richesses et nos espérances, nos deuils et nos souffrances.

Je ne suis pas là pour faire le bilan de l’histoire mais pour vous exprimer le témoignage public de reconnaissance de la France aux Indigènes qui l’ont soutenue dans les temps difficiles. Pour vous dire aussi que nous évaluons à sa juste mesure le poids des injustices que nous vous avons infligées.

Vous êtes les enfants d’une cohabitation forcée, d’une transfusion de civilisation qui a généré des souffrances.

Considérons cependant aujourd’hui la chance que ce mariage forcé nous a procuré.

Les civilisations s’enrichissent de leurs différences et nous avons chacun appris de l’autre.

Nous nous sommes métissés souvent sans nous en rendre compte au point que vous avez raison de penser que la France vous appartient autant qu’à ceux qui vivent dans l’hexagone.

Je sais que nos chaînes de télévision, nos réseaux radiophoniques, nos sites Internet, nos journaux, nos livres, nos films constituent une part appréciable de votre univers culturel.

Je sais aussi tout ce que vos créateurs apportent dans le domaine de la culture et des arts au creuset francophone. Plus le lien juridique se distendait entre nous et plus le lien culturel s’affermissait.

Je sais que cette communauté d’idéal renforce votre exigence.

Vous souhaiteriez une France plus présente, plus audacieuse, plus généreuse.

Vous nous accusez souvent d’être aux abonnés absents et votre critique repose sur des fondations bien réelles.

La France, il est vrai , n’a pas fait le deuil de son passé colonial. Il nous reste des nostalgies d’une autre époque.

Les Français sont parfois fatigués de leur histoire et ils sont tentés par le repli sur l’hexagone.

Il nous faut surmonter cet égoïsme et labourer sans cesse le champ de nos convergences

Je pense, en premier, au contact des peuples. Vous le savez, l’immigration incontrôlée qui viderait l’Afrique de sa substance est un non-sens.

Nous devons définir ensemble les règles qui régissent l’entrée et le séjour sur le territoire français et mieux les faire connaître. Je pense particulièrement à l’accueil de vos étudiants dans les Universités françaises entouré de trop d’exigences et qui freine notre coopération culturelle.

La France doit aussi réfléchir à la présence de ses propres cadres en Afrique.

Je sais que vous avez la nostalgie de l’époque où de grandes générations d’africanistes français irriguaient le sol africain. Vous avez souvent aujourd’hui l’impression que nous exportons plus des laissés pour compte que des phénix.

A nous de recréer la pépinière de talents passionnés par votre continent et qui en partagent les langues et les cultures.

Vous avez la même exigence pour les entreprises françaises. Vous souhaitez vous délivrer de la françafrique c’est à dire d’un écheveau de compromissions qui limitent le libre choix de vos contractants.

Vous avez raison.

Avec vous, je souhaite que le meilleur gagne et que ce soit la qualité qui vous incline à choisir les entreprises ou les produits français et non le poids des réseaux.

La France souhaite avec ses partenaires européens lutter contre la dégradation des termes de l’échange qui ruine vos producteurs. Vous ne devez pas être les esclaves de la mondialisation mais des partenaires respectés. La France soutiendra sans réserves toutes les initiatives qui aideront à mieux valoriser vos productions.

Je ferai tout pour qu'une nouvelle relation se développe entre la France et l’Afrique.

Créons ensemble le laboratoire de nos futures relations, réunissons ; nos savants et nos experts et élaborons de concert la politique et les lignes de force de notre nouveau partenariat.

C’est à vous, les jeunes d’Afrique, c’est à vous les sages des campagnes, c’est à vous les idéologues hardis et combatifs que la France tend les bras pour construire le socle de nos nouvelles relations

Je vous remercie »

Charles Debbasch