lundi, novembre 26, 2007

UNE GREVE REJETEE PAR L’OPINION PUBLIQUE

Après une semaine de grève dans les transports publics le temps de la négociation est venu. Il est vrai que, de jour en jour, le mouvement s’essoufflait et suscitait, une irritation croissante chez les usagers.

Comme après chaque mouvement de ce type, on se pose la question n’aurait-il pas été plus raisonnable de négocier avant ? Mais, on sait bien que les grèves sont comme les guerres, une confrontation pour déterminer la puissance respective des acteurs. Le conflit permet à chacun de calculer ce qu’il en coûte d’aller trop loin.

La grève dans les services publics ne se déroule cependant plus entre deux belligérants les employés et le gouvernement. Un tiers s’est glissé dans la confrontation : l’opinion publique. C’est elle que chacun des combattants doit convaincre.

Or, dans cette grève là, le gouvernement jouait sur du velours car il avait la majorité de l’opinion de son côté.

Comment justifier, en effet, ces régimes spéciaux de retraite d’un autre âge alors que les conditions de travail ont changé ?

Comment expliquer ces retraites de « jeunes » alors que la durée de vie s’allonge et que les cotisations des actifs ne permettent plus de supporter la charge des retraites ?

Conscientes de cette mauvaise presse de la grève, les principales centrales syndicales n’ont soutenu le mouvement que du bout des lèvres.

Tout n’est pas réglé mais la réforme devait passer ou casser. Elle est en bonne voie.

Charles Debbasch

jeudi, novembre 22, 2007

LA MISE EN EXAMEN DE JACQUES CHIRAC

JACQUES CHIRAC MIS EN EXAMEN

Ce mercredi 21 novembre 2007 marque un évènement majeur du fonctionnement de la justice française.

Pour la première fois, un ancien Président de la République française a été mis en examen. Au terme de trois heures d’audition au pôle financier du palais de justice de Paris, où il avait été convoqué comme n’importe quel citoyen, Jacques Chirac a été mis en examen par la juge Xavière Simeoni pour «détournements de fonds publics» dans le dossier des chargés de mission de la mairie de Paris. ll est reproché à l’ancien maire de Paris de 1977 à 1995 d’avoir recruté par complaisance des personnes qui n’occupaient pas d’emplois réels à la Mairie de Paris. Cette mise en examen a été rendue possible par l’expiration de l’immunité dont disposait l’ancien Chef de l’Etat.

On peut regretter que l’on vienne ainsi chercher noise, si longtemps après les faits, à un homme qui a occupé les fonctions les plus hautes de l’Etat et qui siège aujourd’hui en tant que membre de droit au Conseil Constitutionnel. Et , pourtant, la procédure suivie ne recèle rien d’anormal.

Rappelons tout d’abord que la mise en examen- qui a remplacé l’ancienne inculpation- laisse subsister la présomption d’innocence et ne préjuge pas de la décision qui sera prononcée au terme de l’instruction et de l’éventuel jugement. Regrettons simplement que la mise en examen soit trop souvent interprétée comme une déclaration de culpabilité.

Mais, pour le reste, il n’y avait pas dans la procédure d’autre issue que celle-là. Dans cette affaire, plusieurs anciens directeurs de cabinet du maire de Paris étaient mis en examen depuis cinq ans. Dés lors que Jacques Chirac perdait son immunité, il était évident qu’il ne pouvait avoir un sort différent que celui de ses collaborateurs.

Cependant il faut bien se rendre compte que cette affaire pose deux types de problèmes.

Nous sommes dans l’archéologie judiciaire. La mise en examen est prononcée pour des faits dont certains remontent à plus de trente ans. Est-ce bien le rôle de la justice de se prononcer avec autant de retard ? Alors et surtout que les mœurs et les lois ont évolué.

Ce qui est reproché à Jacques Chirac : utiliser des employés de la ville pour des fonctions politiques était courant à l’époque. Tous les partis politiques y avaient recours.

Mais , on ne peut reprocher aux magistrats de faire leur travail. La responsabilité de cette situation repose sur la classe politique et donc en partie sur Jacques Chirac lui-même.

Lorsque ont été votées les nouvelles dispositions sur le financement des partis politiques, personne n’a osé y inclure une amnistie pour les faits passés. Chacun a pensé être à l’abri de l’orage et a abandonné à leur triste sort les Emmanuelli ou autres Juppé qui ont été victimes de la rigueur de la justice. C’est cette attitude hypocrite qui est à l’origine de l’affaire Chirac et non la malveillance des magistrats.

Charles Debbasch

lundi, novembre 19, 2007

LE TEMPS DES GREVES

MARCHE OU GREVE
LE TEMPS DES MOUVEMENTS SOCIAUX

Après l’état de grâce, le temps des mouvements sociaux est arrivé .SNCF et RATP sont en grève depuis une semaine. Des mouvements sporadiques secouent les Universités. Les fonctionnaires vont à leur tour rejoindre le mouvement.

Certes, personne n’imaginait que les différentes catégories sociales touchées par les réformes Sarkozy accepteraient de voir leurs privilèges abolis sans protester. Mais, la question est posée d’évaluer l’importance de ces protestations et la marge de manœuvre du pouvoir.

L’opinion publique dans sa majorité ne suit pas le mouvement. Elle parait convaincue, pour l’instant, de la nécessité des réformes engagées. Sa préoccupation est le pouvoir d’achat. Seule une aggravation de la situation économique pourrait générer un mouvement populaire d’ampleur.

L’opposition politique est affaiblie. Elle parait gênée par ces conflits et a du mal à adopter une position commune.

Les centrales syndicales sont elles-mêmes en perte de vitesse. Elles ont du mal à encadrer un mouvement plus puissant à la base que soutenu par le sommet. C’est aussi ce qui rend les négociations difficiles.

Ces conflits illustrent la faiblesse du syndicalisme français qui est totalement à reconstruire. Il faut édifier de véritables centrales professionnelles puissantes à la place des syndicats politisés que nous connaissons. Cette mutation ne se fera pas en un jour.
Sur le fond, il faut à l’évidence que le gouvernement communique mieux sur les objectifs de ses réformes.

En politique, il ne suffit pas d’avoir raison. Il faut aussi convaincre.

Charles Debbasch

vendredi, novembre 16, 2007

LE DISCOURS AMERICAIN DE SARKOZY

STANDING SARKOVATION


Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 7 novembre 2007 devant le Congrès des Etats-Unis restera dans l'histoire comme un monument érigé à l'amitié entre les Etats-Unis et la France. Rédigé avec talent, exprimé avec émotion, partagé avec chaleur, il a touché représentants et sénateurs qui se sont levés à plusieurs reprises pour manifester leur chaleureuse approbation. Ces « standing sarkovation »appuyées et répétées manifestaient la joie des élus de retrouver une France qui leur avait tant manqué.


Le discours agressif et sans concession de Villepin avait introduit une fracture entre les deux peuples. Ce qui avait choqué ce n'était pas tant la condamnation justifiée de l'intervention de Bush en Irak que la forme inutilement véhémente des propos du Premier ministre français.


Nicolas Sarkozy a su trouver le ton juste pour célébrer l'amitié franco-américaine tout en affirmant la continuité de la position française.


L'arbre irakien ne doit pas cacher la foret des valeurs partagées. L'appartenance commune de la France et des Etats-Unis au monde libre et démocratique représente un socle inébranlable du lien entre les deux peuples. «Les Etats-Unis et la France, ce sont deux nations qui sont fidèles à un même idéal, qui défendent les mêmes principes, qui croient dans les mêmes valeurs. En tant que Président de la République française, mon devoir c'est de dire au peuple d'Amérique que vous représentez dans votre diversité, que la France n'oubliera jamais le sacrifice de vos enfants, et de dire aux familles de ceux qui ne sont pas revenus, aux enfants qui ont pleuré des pères qu'ils ont à peine eu le temps de connaître que la gratitude de la France est définitive »


Qui peut en effet oublier l'appui décisif que les Etats-Unis ont apporté à la cause de la liberté ? Sans leur appui, sans le sacrifice du sang de leurs soldats, la barbarie nazie et l'oppression communiste n'auraient pu être extirpées.


Nicolas Sarkozy a exalté également les valeurs spirituelles et la vitalité du dynamisme américain : « L'Amérique incarnait pour nous l'esprit de conquête. Nous avons aimé l'Amérique parce que l'Amérique c'était une nouvelle frontière sans cesse repoussée, un défi sans cesse renouvelé à l'inventivité de l'esprit humain. Je l'affirme à la tribune de ce Congrès, la force de l'Amérique n'est pas seulement une force matérielle, c'est d'abord une force morale, une force spirituelle. Nul ne l'a mieux exprimé qu'un pasteur noir qui ne demandait à l'Amérique qu'une seule chose, qu'elle fût fidèle à cet

Idéal au nom duquel il se sentait, lui le petit fils d'esclave, si profondément américain. Il

s'appelait Martin Luther King. Il a fait de l'Amérique une référence universelle dans le monde. Et le monde se souvient de ces paroles que pas un jeune Français de ma génération n'a oubliées, les paroles de Martin LUTHER KING, des paroles d'amour, des paroles de dignité,des paroles de justice. Et ces paroles, l'Amérique les a entendues. Et l'Amérique a changé. Et les hommes qui avaient douté de l'Amérique parce qu'ils ne la reconnaissaient plus se sont mis à aimer de nouveau l'Amérique. »





Mais cet hommage rendu aux forces de l'esprit civique américain n'a pas pour autant conduit le Président français à une attitude de soumission. Il a affirmé l'ardente obligation pour les Etats-Unis de rester attachés à l'idéal de liberté, de défendre l'écologie, de lutter contre les dérives financières


La France est amie mais dans la sauvegarde de son indépendance, dans sa fidélité à l'Union européenne. «Au final, je veux être votre ami, votre allié, votre partenaire. Mais je veux être un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre. »


Nicolas Sarkozy a su, en l'espace d'un discours, effacer les scories de l'ère Ville pin, tisser la toile d'un nouveau partenariat avec les Américains et surtout toucher les coeurs. Un succès incontestable.



Charles Debbasch

jeudi, novembre 15, 2007

LA NECESSAIRE REFORME DES UNIVERSITES

UNIVERSITES FRANCAISES LA REFORME IMPOSSIBLE ?
Il y avait longtemps que les Universités françaises n'avaient pas connu un si important mouvement d'agitation. Et pourtant les grèves qui secouent plusieurs Universités françaises n'ont plus la vigueur du temps jadis. C'est que chacun reconnaît que dans le fond l'Université a besoin d'une réforme profonde et que la récente loi Pecresse sur l'autonomie des Universités va dans le bon sens.
Le constat est, en effet, sans appel. Les Universités françaises ne tiennent pas la route face aux grandes Universités étrangères. Même si elles disposent d'enseignants et de chercheurs de qualité, elles ne rejoignent pas les normes de l'excellence.
Les raisons de cette situation sont bien connues.
Les Universités n'ont pas la maîtrise du recrutement de leurs étudiants. L'entrée libre noie les Universités sous un flot d'étudiants non motivés qui prétendent avoir le libre choix de leurs formations et le droit à l'emploi à la sortie.
Les Universités délivrent toutes le même diplôme national qu'elles aient pour objectif l'excellence ou qu'elles se noient dans la médiocrité.
Les Universités n'ont pas le libre choix de leurs enseignants. Gérés par des procédures nationales ceux-ci échappent souvent à la récompense de leurs talents ou à la sanction de leurs insuffisances.
Les Universités disposent de structures lourdes et bureaucratiques et de compétences limitées pour la gestion de leurs ressources.
La loi Pecresse s'est bien gardée d'effectuer une réforme globale de l'Université. Elle s'est simplement évertuée à donner aux Universités une large marge d'autonomie en espérant que le système évoluera ainsi progressivement à partir de la base.
Cette réforme ne peut qu'être approuvée. Elle est le premier acte d'une nécessaire réforme universitaire qui va dans le bon sens et à laquelle tous ceux qui sont attachés à la défense et à la promotion de l'Université française ne peuvent que souscrire.
Charles Debbasch
Président d'Université honoraire
Président honoraire de la Conférence Nationale des Doyens des Facultés de Droit

vendredi, novembre 02, 2007

QUELLE ACTION HUMANITAIRE?

QUEL HUMANITAIRE ?

Une association à caractère humanitaire -l’Arche de Zoe- était en voie «d’exporter » une centaine d’enfants supposés être des orphelins du Darfour du Tchad vers la France.

Son action a été stoppée par les autorités tchadiennes qui y ont vu, à juste titre, une opération illégale et qui se demandent s’il ne s’agissait pas là d’une tentative d’adoption sournoise.

L’humanitaire est à la mode. Pour soulager les misères du monde des bénévoles se mobilisent et mettent leur savoir faire au service des déshérités. On ne dira jamais assez combien ces femmes et ces hommes dévoués ont contribué à apaiser des souffrances humaines et une bavure ne doit pas condamner le principe de l’aide humanitaire.

Mais, il est vrai, qu’il arrive que l’ivraie soit supérieure au bon grain. Des escrocs se servent sur la bête et profitent de l’aide humanitaire. Des désaxés qui n’arrivent pas à se gouverner eux-mêmes cherchent à noyer leurs problèmes dans la débauche des ONG.

Il est encore trop tôt pour déterminer de quelle dérive participe l’opération de l’Arche de Noé mais, à ce stade deux observations s’imposent.

La première est qu’il existe quantité de couples en mal d’enfants en France. Les règles de l’adoption sont strictes, lourdes et bureaucratiques. Souvent ces couples se lancent dans la recherche effrénée d’enfants à l’étranger.

La seconde observation fondamentale est que les enfants du Tiers Monde ne sont pas une marchandise dans laquelle on peut puiser en profitant de la misère de leurs géniteurs

Le meilleur service que l’on puisse rendre à tous ces enfants c’est de les aider à bien vivre sur place. Il ne faut pas les déraciner et les couper de leur culture.

L’humanitaire c’est faire du bien aux autres et non pas se gratifier soi-même.

Charles Debbasch

LE FINANCEMENT DES SYNDICATS

L’OPACITE DES SYNDICATS


Pour justifier les importantes sorties d’argent liquide des caisses de son organisation, l’Union des Industries métallurgiques et minières, M.Denis Gautier-Sauvagnac a expliqué que ces fonds étaient destinés à « fluidifier les relations sociales ». En d’autres termes, il aurait été versé aux syndicats. L’enquête établira si cette situation correspond à la réalité. Mais, il est vrai qu’un grand flou règne sur le budget réel des syndicats.
Les syndicats sont les seules personnes morales non tenues à avoir une comptabilité Les pouvoirs publics versent entre 500 et 900 millions d’euros de subventions au titre de missions d’intérêt général : formation, contributions au temps passé pour les négociations collectives, participation aux gestions paritaires L’Etat met à disposition des syndicats deux fonctionnaires sur 1000 soit "environ 14 000 personnes pour 7 millions de fonctionnaires».
Comme le rappelle dans son rapport le Conseiller d’Etat,Hadas-Lebel , "Certaines des ressources dont bénéficient les organisations syndicales (notamment les décharges d’activité et mises à disposition de personnel tant dans les secteurs public que privé) relèvent de procédures dont la légalité est douteuse. " "Ce domaine est caractérisé par une grande opacité : aucun document public ou administratif porté à notre connaissance ne présente de synthèse des ressources financières des syndicats en France, ni même des mécanismes de financement. Une telle situation tranche avec celle constatée à l’étranger, l’IGAS ayant pu établir en 2004 un bilan exhaustif du financement des syndicats dans cinq pays européens".
Cette situation est le reflet de la grande faiblesse des syndicats français. En dehors de la fonction publique très syndicalisée, les organisations syndicales du secteur privé sont peu représentatives. Elles ne regroupent que 5 à 7 pour cent des salariés. Dés lors la part des cotisations dans le budget des confédérations est très faible. Il va de 34 pour cent pour la CGT à 57 pour cent pour FO.
Tout le reste se situe dans le flou à la limite extrême de la légalité
C’est sans aucun doute la trop grande politisation du syndicalisme français qui explique cette désaffection des salariés. S’ils veulent retrouver l’adhésion, les syndicats doivent se regrouper et se concentrer sur la défense des intérêts professionnels.
Les années quatre-vingt dix ont été marquées par la normalisation du financement des partis politiques. Il faut, à présent, réinsérer dans la légalité le financement des syndicats.

Charles Debbasch