Pour sa première
interview télévisée sur France 2, François Hollande avait choisi la simplicité
et la modération.
Simplicité :
il s’était déplacé dans le studio de la
chaine et avait évité la majesté de l’Elysée.
Modération :
le président s’il s’est déclaré résolu à mettre en œuvre toutes ses promesses
électorales a rappelé qu’il a cinq ans pour le faire.
Conscient
de l’impopularité des mesures fiscales, il s’est refusé à les annoncer avant
les élections législatives.
Il faut
en effet pour cela qu’il dispose d’une majorité à l’Assemblée. Les engagements que j’ai pris «Je ne les tiendrai que
s'il y a une majorité à l'Assemblée nationale, a-t-il affirmé. Si les Français
veulent ces réformes, je crois qu'ils auront à cœur d'accorder une majorité
large, solide et cohérente au président de la République.»
Le président de la République sait
que les temps sont difficiles et incertains, c’est pourquoi son ton est loin du
socialisme triomphant de 1981.
Il définit tout au long de son
entretien un programme d’une justice d’équilibre du possible, «un chemin
d'équilibre».
Augmenter le SMIC oui : «Il
devra rattraper ce qui n'a pas été accordé cette dernière année. ».Mais, « Il
devra aussi veiller à ce que cela ne déstabilise pas les entreprises» ; «Il
va falloir faire un effort, c'est certain», a reconnu François Hollande. Mais
cet effort «sera justement réparti» avec
des «décisions fiscales qui s'adresseront à ceux qui ont le plus».
Le même équilibre sera recherché
dans les relations avec l’Allemagne. Avec Angela Merkel, François Hollande veut
«trouver un bon équilibre». Il s’était engagé à renégocier le pacte de
stabilité européen pour y ajouter un
volet sur la croissance. Le temps du compromis est venu. «Elle admet le
principe de la croissance comme j'admets le principe de la rigueur budgétaire.
Cela peut ouvrir un certain nombre de compromis…Je crois qu'est acté le fait
qu'il y aura de la croissance dans le pacte».
La voie est étroite pour le chef de
l’état ; il ne doit pas décevoir les espoirs qu’il a fait naître pendant
sa campagne : sa politique d’équilibre ne doit pas être trop raisonnable .
Mais si la croissance n’est pas au
rendez-vous, il ne jouera pas à l’équilibriste «nous trouverons des économies
ailleurs», a-t-il promis.
Charles Debbasch