lundi, février 19, 2007

PRESIDENTIELLE ET DEMOCRATIE DIRECTE

CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : VERS LA DEMOCRATIE DIRECTE

Alors que la campagne présidentielle officielle n’a pas encore débuté, des modifications majeures sont apparues dans le style et dans le fond de la compétition Elles marquent, d’ores et déjà, une nouvelle étape dans l’évolution démocratique française.

La première mutation concerne les organes de médiation entre l’opinion publique et les candidats. Cette médiation était, jusqu’ici, l’œuvre quasi exclusive des journalistes qui jugeaient ou jaugeaient les attentes des électeurs et les réponses des politiques. Progressivement, les journalistes sont en voie de perdre ce monopole. Ils souffrent d’un manque de crédit. Ils sont jugés pas assez indépendants et on leur reproche de confondre trop souvent leur opinion personnelle et la relation des faits. L’irruption de l’internet permet aujourd’hui aux groupes organisés comme aux simples citoyens d’intervenir dans le débat et de faire valoir leur opinion. Ce journalisme citoyen révolutionne la campagne. Il interpelle les candidats aussi bien que les organes d’information.

Un deuxième phénomène illustre les mutations. Le besoin que ressentent les candidats de recueillir directement les souhaits des citoyens ; Segolène Royal a cherché à travers ses débats participatifs à moissonner les desiderata des électeurs .Quant à Nicolas Sarkozy, il est allé au-devant des divers groupes sociaux pour en tirer la substantifique moelle. TF1 ne se contente plus de faire interroger les candidats par des journalistes mais fait appel à un panel d’électeurs. Les sondages eux-mêmes se sont affinés : ils scrutent les attentes avec précision et rigueur.

Une sorte de démocratie directe parait remplacer la démocratie participative.

Il n’est pas certain que cette évolution n’ait que des conséquences positives.

L’addition des vœux contradictoires de l’opinion ne constitue pas une politique. La société française a besoin de réformes de structures qui heurtent les intérêts alors que la photographie de l’opinion est conservatrice. Les politiques qui se calent sur les revendications des groupes sociaux se verront demain reprocher de n’avoir pas été assez audacieux et de ne pas avoir crié haut et fort que le système de sécurité sociale, le régime des retraites, l’éducation nationale vont droit dans le mur si des réformes drastiques ne sont pas initiées le plus vite possible.

Il est vrai que l’homme politique qui annoncerait toutes ces réformes mécontenterait tellement de catégories sociales qu’il aurait peu de chances d’être élu. Il restera alors demain au futur président à ouvrir avec les citoyens le débat de la nécessaire réforme que la campagne électorale n’aura pas permis d’aborder.

Charles Debbasch