vendredi, décembre 02, 2011

SARKOZY: LE DISCOURS DE TOULON


SARKOZY : LE DISCOURS DE TOULON

Voilà trois ans,  en pleine crise du système bancaire, le Président de la République avait exposé à Toulon ses recettes pour faire face à la situation. Les recettes appliquées ont permis, pour l’essentiel, de sauver le système.

La situation actuelle est autrement plus grave .Les ressorts profonds de la société française sont ébranlés tandis que les structures européennes s’avèrent  inadaptées aux nécessités du temps présent.

C’est sur ces  points qu’ont porté les propositions de Nicolas Sarkozy.

RECONSTRUIRE NOTRE SYSTEME ECONOMIQUE PAR LE TRAVAIL

La période d’abondance que nous avons vécue s’est traduite par la mise en place d’un gigantesque système d’assistance financé par l’endettement. Nous avons atteint les limites de cette situation. Alors et surtout que, ‘’ceux qui travaillent et qui sont proportionnellement de moins en moins nombreux ont vu peser lourdement sur leurs revenus la charge de ceux, de plus en plus nombreux, qui vivent plus longtemps, de ceux qui font des études de plus en plus longues, de ceux qui sont au chômage, de ceux que les accidents de la vie ont plongé dans la détresse. ‘’

Il faut une révision drastique de notre politique. Il ne faut pas écouter les charlatans qui, prétendent nier la crise ou les docteurs de l’austérité.

Il faut sortir des difficultés par le haut…’’répondre à la crise par le travail, par l'effort et par la maîtrise de nos dépenses. C'est un ajustement par le haut. C'est un choix qui préserve le niveau de vie. Entre la baisse des retraites et travailler plus longtemps, je choisis la deuxième solution. Entre gagner moins et travailler davantage, je suis convaincu que la deuxième solution est préférable à la première, qu'elle est plus juste et qu'elle nous permettra de sortir de la crise au lieu de l'aggraver. Ce choix de l'effort, du travail, c'est la politique que suit avec constance le gouvernement. ‘’

Et Nicolas Sarkozy en profite pour fustiger au passage deux grandes réformes de la gauche :’’Dans le monde tel qu'il est, avec les défis que nous avons à relever, avec ce que sont les tendances de la démographie, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont été des fautes graves dont nous payons aujourd'hui lourdement les conséquences et qu'il nous a fallu réparer. ‘’ 

Le désendettement de la France est une nécessité mais il doit s’accompagner d’une modernisation de nos gestions.

‘’On n'éduque pas, on ne soigne pas comme hier. La délinquance n'est pas la même qu'hier. Les inégalités ne sont pas les mêmes. Et surtout, il est apparu une nouvelle inégalité celle qui fait la vie plus difficile à ceux qui travaillent au bas de l'échelle par rapport à une minorité qui voudrait profiter du système sans assumer sa part des devoirs. ‘’

Ce n'est pas le moment de nous décourager, de nous rétracter, de nous replier sur nous-mêmes, de nous réfugier dans l'immobilisme, dans la précaution, de rejeter le progrès.

C'est le moment de travailler, d'investir, d'entreprendre. C'est le moment où l'État doit redevenir innovateur, entrepreneur, investisseur, où il doit entraîner ceux qui inventent, qui créent, qui entreprennent. OSEO, le Grand Emprunt, le Fonds Stratégique d'Investissement, ce sont des outils de financement de cette révolution de long terme. Il faut persévérer dans cette voie. ‘’

REDEFINIR LA PLACE DE LA FRANCE DANS LE MONDE

L’isolationnisme prôné par certains n’est pas une solution. ’la France est tellement engagée dans le monde, que son économie est tellement plongée dans l'économie mondiale, qu'il n'y a pas de différence entre la politique intérieure et la politique extérieure, entre la politique nationale et la politique européenne, Au-dedans et au dehors, c'est une seule et même politique qu'un pays comme le nôtre doit mettre en œuvre pour faire face à une seule et même crise qui est mondiale.’’

«  Les sociétés fermées n'ont qu'un destin possible : le déclin. Le déclin économique, intellectuel, moral. »

Mais cette ouverture a ses limites. Nous ne devons pas accepter la dissolution de l’entité française.

- nous refuserons d'effacer nos frontières. Elles sont la condition de notre liberté, de notre démocratie, de notre solidarité.

- nous défendrons notre identité, notre culture, notre langue, notre façon de vivre, notre modèle social.

- nous n'accepterons pas une immigration incontrôlée qui ruinerait notre protection sociale, qui déstabiliserait notre société, perturberait notre façon de vivre, bousculerait nos valeurs. L'immigration est féconde si elle est maîtrisée pour que ceux que nous accueillons puissent être accueillis dans les meilleures conditions possibles, pour qu'ils prennent en partage notre histoire, nos valeurs, notre façon de vivre.

-nous ne pourrons tolérer la persistance des dumpings, des concurrences déloyales, le pillage de nos technologies qui détruisent nos usines.

« La seule façon de nous protéger est d'être les artisans d'un changement avec les autres plutôt que de nous engager dans une aventure solitaire qui serait sans issue.»

CONSOLIDER L’EUROPE

La crise de l’euro révèle l’inadaptation des structures européennes.il est impossible d’avoir une monnaie unique et des politiques budgétaires autonomes. Le président français soutient donc la révision des traités européens. Mais elle doit se faire avec plus de démocratie

-L'Europe n'est plus un choix. Elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. L'Europe doit être repensée. Elle doit être refondée.

-L'Europe a besoin de plus de solidarité. Mais plus de solidarité exige plus de discipline. Au sein de la zone Euro, il nous faut décider maintenant aller sans crainte vers davantage de décisions prises à la majorité qualifiée.

–l’Europe doit aussi se protéger

‘’ L’Europe qui ouvre ses marchés sans exiger la réciprocité de la part de ses concurrents, l'Europe qui laisse entrer des produits de pays qui ne respectent pas les règles sociales ou environnementales, ça ne peut plus durer. L'Europe doit négocier pieds à pieds la défense de ses intérêts commerciaux.

L'Europe qui fait appliquer à l'intérieur le principe de la libre circulation et qui ne contrôle pas ses frontières extérieures, ça ne peut plus durer. Schengen doit être repensé. ‘’

L'Europe qui tolère le dumping social et le dumping fiscal entre ses États membres, l'Europe qui supporte que les subventions qu'elle verse à certains de ses membres pour les aider à combler leur retard sur les autres puissent servir à baisser leurs charges et leurs impôts pour faire aux autres une concurrence déloyale, ça ne peut plus durer. ‘’

L'Europe ne peut pas laisser ses groupes industriels à la merci de tous les prédateurs du monde,

Une nouvelle Europe doit naître tout en protégeant l’acquis de l’euro.



LES FORCES ET LES FAIBLESSES des PROPOSITIONS DU PRESIDENT

-UNE NOUVELLE CIVILISATION EUROPEENNE

Lorsque Nicolas Sarkozy analyse les causes de la situation présente son propos sonne juste. On a tort d’ailleurs de parler de crise. L’Europe est en déclin. Son endettement n’est que la conséquence de l’abaissement de ses forces productives. Il faut à l’évidence rétablir la valeur travail pour que nos sociétés cessent de s’affaiblir. Plus d’effort, plus d’imagination, plus de sens du collectif. Moins de laxisme, moins de laisser-aller, moins de renoncements. L’Europe doit reconstruire les bases d’une nouvelle civilisation

-LES DIFFICULTES D’UN NOUVEL EQUILIBRE

Dans les temps de difficultés les extrêmes se renforcent. Il y a ceux qui veulent jeter l’Europe et ceux qui veulent qu’elle remplace les Etats. Certains sont tentés par un strict protectionnisme. D’autres soutiennent la disparition des frontières.La voie de Nicolas Sarkozy est médiane et équilibrée mais la sagesse nait difficilement dans les périodes de fièvre.

-LA DIFFICILE RECHERCHE DE L’UNION NATIONALE.

Pour faire comprendre à l’opinion les nécessités du changement et pour qu’elle en accepte les charges, il faut que cette ambition soit portée par un consensus national, une sorte d’union sacrée. Or, notre pays est à la veille d’une élection présidentielle qui cristallise les différences.

 Que chacun se convainque cependant que les marchands d’illusion seront vite confrontés aux réalités. Les Berlusconi fantaisistes sont vite remplacés aujourd’hui par les docteurs Monti.

Charles Debbasch