SARKOZY :
LE DISCOURS DE TOULON
Voilà trois ans, en pleine crise du système bancaire, le Président
de la République avait exposé à Toulon ses recettes pour faire face à la
situation. Les recettes appliquées ont permis, pour l’essentiel, de sauver le
système.
La situation actuelle
est autrement plus grave .Les ressorts profonds de la société française sont
ébranlés tandis que les structures européennes s’avèrent inadaptées aux nécessités du temps présent.
C’est sur ces points qu’ont porté les propositions de Nicolas
Sarkozy.
RECONSTRUIRE
NOTRE SYSTEME ECONOMIQUE PAR LE TRAVAIL
La période d’abondance
que nous avons vécue s’est traduite par la mise en place d’un gigantesque système
d’assistance financé par l’endettement. Nous avons atteint les limites de cette
situation. Alors et surtout que, ‘’ceux qui travaillent et qui sont
proportionnellement de moins en moins nombreux ont vu peser lourdement sur
leurs revenus la charge de ceux, de plus en plus nombreux, qui vivent plus
longtemps, de ceux qui font des études de plus en plus longues, de ceux qui
sont au chômage, de ceux que les accidents de la vie ont plongé dans la
détresse. ‘’
Il faut une révision
drastique de notre politique. Il ne faut pas écouter les charlatans qui,
prétendent nier la crise ou les docteurs de l’austérité.
Il faut sortir
des difficultés par le haut…’’répondre à la crise par le travail, par l'effort
et par la maîtrise de nos dépenses. C'est un ajustement par le haut. C'est un
choix qui préserve le niveau de vie. Entre la baisse des retraites et
travailler plus longtemps, je choisis la deuxième solution. Entre gagner moins
et travailler davantage, je suis convaincu que la deuxième solution est
préférable à la première, qu'elle est plus juste et qu'elle nous permettra de
sortir de la crise au lieu de l'aggraver. Ce choix de l'effort, du travail,
c'est la politique que suit avec constance le gouvernement. ‘’
Et Nicolas Sarkozy
en profite pour fustiger au passage deux grandes réformes de la gauche :’’Dans
le monde tel qu'il est, avec les défis que nous avons à relever, avec ce que
sont les tendances de la démographie, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont
été des fautes graves dont nous payons aujourd'hui lourdement les conséquences
et qu'il nous a fallu réparer. ‘’
Le désendettement
de la France est une nécessité mais il doit s’accompagner d’une modernisation
de nos gestions.
‘’On
n'éduque pas, on ne soigne pas comme hier. La délinquance n'est pas la même
qu'hier. Les inégalités ne sont pas les mêmes. Et surtout, il est apparu une
nouvelle inégalité celle qui fait la vie plus difficile à ceux qui travaillent
au bas de l'échelle par rapport à une minorité qui voudrait profiter du système
sans assumer sa part des devoirs. ‘’
Ce n'est pas
le moment de nous décourager, de nous rétracter, de nous replier sur nous-mêmes,
de nous réfugier dans l'immobilisme, dans la précaution, de rejeter le progrès.
C'est le
moment de travailler, d'investir, d'entreprendre. C'est le moment où l'État
doit redevenir innovateur, entrepreneur, investisseur, où il doit entraîner
ceux qui inventent, qui créent, qui entreprennent. OSEO, le Grand
Emprunt, le Fonds Stratégique d'Investissement, ce sont des
outils de financement de cette révolution de long terme. Il faut persévérer
dans cette voie. ‘’
REDEFINIR LA PLACE DE LA FRANCE DANS
LE MONDE
L’isolationnisme
prôné par certains n’est pas une solution. ’la France est tellement engagée
dans le monde, que son économie est tellement plongée dans l'économie mondiale,
qu'il n'y a pas de différence entre la politique intérieure et la politique
extérieure, entre la politique nationale et la politique européenne, Au-dedans
et au dehors, c'est une seule et même politique qu'un pays comme le nôtre doit
mettre en œuvre pour faire face à une seule et même crise qui est mondiale.’’
« Les
sociétés fermées n'ont qu'un destin possible : le déclin. Le déclin économique,
intellectuel, moral. »
Mais cette
ouverture a ses limites. Nous ne devons pas accepter la dissolution de l’entité
française.
- nous
refuserons d'effacer nos frontières. Elles sont la condition de notre liberté,
de notre démocratie, de notre solidarité.
- nous
défendrons notre identité, notre culture, notre langue, notre façon de vivre,
notre modèle social.
- nous
n'accepterons pas une immigration incontrôlée qui ruinerait notre protection
sociale, qui déstabiliserait notre société, perturberait notre façon de vivre,
bousculerait nos valeurs. L'immigration est féconde si elle est maîtrisée pour
que ceux que nous accueillons puissent être accueillis dans les meilleures
conditions possibles, pour qu'ils prennent en partage notre histoire, nos
valeurs, notre façon de vivre.
-nous ne
pourrons tolérer la persistance des dumpings, des concurrences déloyales, le
pillage de nos technologies qui détruisent nos usines.
« La
seule façon de nous protéger est d'être les artisans d'un changement avec les
autres plutôt que de nous engager dans une aventure solitaire qui serait sans
issue.»
CONSOLIDER L’EUROPE
La crise de
l’euro révèle l’inadaptation des structures européennes.il est impossible d’avoir
une monnaie unique et des politiques budgétaires autonomes. Le président français
soutient donc la révision des traités européens. Mais elle doit se faire avec
plus de démocratie
-L'Europe
n'est plus un choix. Elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses
faiblesses et ses contradictions. L'Europe doit être repensée. Elle doit être
refondée.
-L'Europe a
besoin de plus de solidarité. Mais plus de solidarité exige plus de discipline.
Au sein de la zone Euro, il nous faut décider maintenant aller sans crainte
vers davantage de décisions prises à la majorité qualifiée.
–l’Europe
doit aussi se protéger
‘’ L’Europe
qui ouvre ses marchés sans exiger la réciprocité de la part de ses concurrents,
l'Europe qui laisse entrer des produits de pays qui ne respectent pas les
règles sociales ou environnementales, ça ne peut plus durer. L'Europe doit
négocier pieds à pieds la défense de ses intérêts commerciaux.
L'Europe qui
fait appliquer à l'intérieur le principe de la libre circulation et qui ne
contrôle pas ses frontières extérieures, ça ne peut plus durer. Schengen doit
être repensé. ‘’
L'Europe qui
tolère le dumping social et le dumping fiscal entre ses États membres, l'Europe
qui supporte que les subventions qu'elle verse à certains de ses membres pour
les aider à combler leur retard sur les autres puissent servir à baisser leurs
charges et leurs impôts pour faire aux autres une concurrence déloyale, ça ne
peut plus durer. ‘’
L'Europe ne
peut pas laisser ses groupes industriels à la merci de tous les prédateurs du
monde,
Une nouvelle
Europe doit naître tout en protégeant l’acquis de l’euro.
LES FORCES ET LES FAIBLESSES des
PROPOSITIONS DU PRESIDENT
-UNE
NOUVELLE CIVILISATION EUROPEENNE
Lorsque Nicolas
Sarkozy analyse les causes de la situation présente son propos sonne juste. On
a tort d’ailleurs de parler de crise. L’Europe est en déclin. Son endettement n’est
que la conséquence de l’abaissement de ses forces productives. Il faut à
l’évidence rétablir la valeur travail pour que nos sociétés cessent de s’affaiblir.
Plus d’effort, plus d’imagination, plus de sens du collectif. Moins de laxisme,
moins de laisser-aller, moins de renoncements. L’Europe doit reconstruire les
bases d’une nouvelle civilisation
-LES
DIFFICULTES D’UN NOUVEL EQUILIBRE
Dans les
temps de difficultés les extrêmes se renforcent. Il y a ceux qui veulent jeter l’Europe
et ceux qui veulent qu’elle remplace les Etats. Certains sont tentés par un
strict protectionnisme. D’autres soutiennent la disparition des frontières.La
voie de Nicolas Sarkozy est médiane et équilibrée mais la sagesse nait
difficilement dans les périodes de fièvre.
-LA DIFFICILE
RECHERCHE DE L’UNION NATIONALE.
Pour faire
comprendre à l’opinion les nécessités du changement et pour qu’elle en accepte
les charges, il faut que cette ambition soit portée par un consensus national,
une sorte d’union sacrée. Or, notre pays est à la veille d’une élection présidentielle
qui cristallise les différences.
Que chacun se convainque cependant que les
marchands d’illusion seront vite confrontés aux réalités. Les Berlusconi
fantaisistes sont vite remplacés aujourd’hui par les docteurs Monti.
Charles
Debbasch