jeudi, novembre 16, 2006

DEFONCTIONNARISER LA POLITIQUE FRANCAISE

L’UMP vient de présenter un important projet de réforme : les fonctionnaires « devront démissionner de leurs fonctions lorsqu'ils choisissent d'exercer des responsabilités politiques ».Je dénonçais déjà dans un ouvrage publié en 1969 la bureaucratisation de la vie politique française (Charles Debbasch, L’administration au pouvoir, Calmann-Lévy). Depuis, ce phénomène n’a fait que s’accentuer. On recense dans l’actuelle Assemblée nationale, quelque 240 fonctionnaires sur 577 députés, soit 41 %. Les ministres étaient à 75 % des fonctionnaires dans le gouvernement Raymond Barre. À l'exception d'Édith Cresson, tous les occupants de Matignon depuis 1958 sont des fonctionnaires.

Cette sur représentation des fonctionnaires dans les fonctions politiques est due au privilège qu’ont les serviteurs de l’Etat. A la différence de ce qui se passe en Grande Bretagne, ils ne sont pas obligés de démissionner de l’administration lorsqu’ils se lancent dans la vie politique et ils retrouvent ipso facto leurs postes dans l’administration lorsqu’ils quittent la politique. Alors que les ouvriers, les cadres, les titulaires des professions libérales et autres partenaires du secteur privé n’ont aucune certitude de se réinsérer facilement dans la vie professionnelle au terme de leurs mandats.

La vie politique française est ainsi totalement bureaucratisée. A droite comme à gauche, l’approche est bureaucratique et favorable à l’extension du rôle de l’Etat. La machine étatique est ainsi lourde et mal contrôlée. Les règles de droit sont envahissantes et peu claires. Cette bureaucratisation explique aussi que la politique de la droite soit aussi interventionniste que celle de la gauche. L’Etat est le dieu des fonctionnaires et il ne sont pas prêts à en sacrifier une quelconque part. Voilà pourquoi la France est le pays le plus bureaucratise de l’Europe.

La réforme proposée par l’UMP est donc une avancée incontestable. Mais les élus issus de la fonction publique accepteront-ils de se faire hara kiri.
CHARLES DEBBASCH