samedi, août 09, 2008

LA CINE,LES JEUX OLYMPIQUES ET LES DROITS DE L'HOMME

LA CHINE,LES JEUX OLYMPIQUES
ET LA POLITIQUE

L’éblouissante ouverture des Jeux Olympiques que la Chine a offerte à des centaines de millions de spectateurs est déjà, à elle seule, une réponse à tous ceux qui auraient voulu au nom des droits de l’homme et de la défense du Tibet fermer le rideau avant que les trois coups ne soient frappés. On peut penser qu’en obligeant la Chine à s’ouvrir et à faire ses preuves à l’égard du monde extérieur un pas irréversible a été fait dans la bonne direction et que cette ouverture contaminera progressivement l’ensemble de la société chinoise.

Cette opinion n’est cependant pas partagée par les irrédentistes des droits de l’homme qui voient au contraire dans la participation à la cérémonie d’ouverture une « collaboration » inexcusable avec un régime autoritaire. Le débat est aussi vieux que le monde et il n’appelle pas de réponse facile.

Les pessimistes voient dans chaque échange avec les « méchants » un encouragement à leur déviance tandis que les optimistes espèrent que la main tendue permettra de tirer les « déviants » hors de leur marécage.

S’agissant de la Chine, on devrait peut être se remettre en mémoire le débat que le monde libre a connu dans la décennie soixante. Les partisans de la démocratie pluraliste soutenaient alors Formose et excluaient la Chine populaire de la société internationale au nom des libertés et des droits de l’Homme.

Edgar Faure soutenait une opinion inverse. Après un voyage en Chine, il suggérait, dans son ouvrage Le Serpent et la Tortue, qu'il serait bon pour la France de reconnaître cet Etat. Il pensait en effet qu'il était absolument grotesque que la plupart des grands pays ignorent purement et simplement ce continent. Ses propos intéressèrent le général de Gaulle qui, de retour au pouvoir, lui confia la mission de renouer avec la Chine. Edgar Faure précise dans ses Mémoires : «lorsque je suis arrivé à Paris, le général de Gaulle avait pu déjà étudier tout le dossier. Et le jour où il m'a reçu, il m'a indiqué qu'il avait l'intention de suivre mes conclusions, lesquelles tendaient à la reconnaissance diplomatique de la Chine. En tout état de cause, on voit aujourd'hui combien le Général a été un précurseur. Il a fallu attendre huit ans pour que le président des Etats-Unis fasse le même raisonnement que lui. Mais je crois que, bien que le délai ait été assez long, notre initiative de 1964 a été un début, un précédent dont l'existence a pu jouer par la suite. »

Qui peut aujourd’hui prétendre que cette reconnaissance a été une erreur ? Elle a au contraire civilisé le régime chinois qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était à l’époque. Cette page d’histoire doit être méditée par tous.

J’y ajouterai une expérience plus personnelle.

J’ai participé, à la fin de la décennie soixante dix alors que j’étais conseiller du président Giscard d’Estaing, à l’organisation d’une conférence sur les droits de l’homme avec Edgar Faure. Nous étions alors critiqués d’y accueillir l’URSS dont le régime était alors fort autoritaire. Edgar Faure me précisa alors avec intelligence (v Charles Debbasch, Mémoires du Doyen d’Aix-en-Provence, Editions du Jaguar1996 p.117) : « je suis présenté dans la presse d’extrême droite comme un cryptocommuniste, parfois même comme un agent infiltré de l’’Union Soviétique. Ces imbéciles ne se rendent pas compte que je fais plus pour le monde libre que tous les envoyés qui veulent en découdre avec l’URSS.J’accueille chez moi tous les hauts responsables communistes. Ils me font confiance. Je leur fais rencontrer notre propre establishment. Nous préparons ainsi, comme je l’ai fait pour la Chine, les voies de la décrispation. »

Un précédent que l’on ne peut ignorer.

Charles Debbasch

Charles Debbasch a été chargé de mission auprès du Président Edgar Faure alors ministre de l’Education Nationale de juin 1958 à juin 1959 et coorganisateur de la conférence Armand Hammer, Paix et droits de l’Homme –Droits de l’Homme et Paix initiée par Edgar Faure