jeudi, mars 27, 2008

L'ETAT DE GRACE CET ENNEMI

L’ETAT DE GRACE CET ENNEMI

Comme il est dangereux cet état de grâce qui suit une élection réussie. L’opposition est sonnée par le KO qu’elle vient de subir et est incapable de réagir ; Le vainqueur est envahi par ses courtisans, émerveillé par les ralliements. Tout lui parait possible. L’ivresse l’envahit. La drogue dure du pouvoir luî donne l’impression que tout le peuple est à ses pieds et qu’il n’y a plus de limites. Il en oublie que toute victoire est fragile et que l’opinion est volatile :

Rappelons-nous le Mitterrand de 1981. Avec son Premier ministre, Pierre Mauroy, il croit que la France est devenue socialiste. Il nationalise à tour de lois, accorde la cinquième semaine de payés, les 39 heures et la retraite à Soixante ans, recrute un million et demi de fonctionnaires, établit l’impôt sur la fortune rembourse l’IVG. Mais l’inflation se développe et la France dépasse le million et demi de chômeurs. Une grave crise monétaire couve. Une politique de rigueur devient nécessaire mise en œuvre par Jacques Delors. En juillet 1984, François Mitterrand remplace Pierre Mauroy par Laurent Fabius.

N’oublions pas le Jacques Chirac de 1995 ; Elu parce qu’il veut réduire la fracture sociale, il pratique avec son Premier ministre Alain Juppé une politique sociale dure. Le 15 novembre le « plan Juppé » sur les retraites et la Sécurité sociale prévoit un allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités pour les salariés de la fonction publique. , le plafonnement de la progression des dépenses maladies, le blocage et l'imposition des allocations familiales versées aux familles avec enfants les plus démunies et l'augmentation des cotisations maladie pour les retraités et les chômeurs. Des millions de personnes sortent dans la rue pour exiger le retrait des propositions gouvernementales. Le gouvernement est contraint de faire marche arrière. Il retire notamment sa réforme sur les retraites, la fonction publique et les régimes spéciaux. Un « sommet social » se tient à Matignon pour esquisser les lignes de force d’un compromis.

Il ne faut donc pas s’étonner de la réaction de l’opinion aux réformes des premiers mois de l’équipe Sarkozy-Fillon. L’état de grâce est trompeur. Toute la France n’est pas devenue sarkozyste avec l’élection du Président de l’UMP .

La nouvelle étape du quinquennat, avec une opposition revigorée, doit permettre au Chef de l’Etat de prendre la juste mesure de ce qui est possible et de ce qui doit être différé dans la France telle qu’elle est.

Charles Debbasch