jeudi, août 28, 2008

SARKOZY UNE POLITIQUE ETRANGERE DYNAMIQUE ET AUDACIEUSE

SARKOZY : UNE POLITIQUE ETRANGERE
DYNAMIQUE ET AUDACIEUSE

Une heureuse tradition s’est instaurée. Chaque année les ambassadeurs de France sont réunis à Paris pour se ressourcer. A cette occasion, le Président de la République prononce un discours où il définit les options de la politique étrangère de la France. Le discours de Nicolas Sarkozy le 27 août 2008 devant la seizième Conférence des ambassadeurs restera dans l’histoire comme un modèle du genre. N’esquivant aucun des problèmes qui fâchent, définissant avec audace la modernisation de notre politique étrangère, le président de la République française a tracé les axes essentiels de la diplomatie française en ce début de siècle.

Premier pilier de cette politique, le positionnement résolument atlantiste. Le Chef de l’Etat infléchit sensiblement la politique à l’égard des États-Unis comme il l’avait annoncé lors de sa campagne électorale. Dans un monde devenu multipolaire avec l’émergence de la Chine, de l’Inde ou du Brésil, le Chef de l’Etat remarque justement que la France n’a plus à craindre de subir les effets d’une hégémonie américaine mais qu’elle peut au contraire par sa présence dans l’ensemble atlantique peser sur les décisions et mieux faire entendre sa voix.

Cela ne signifie pas que la France perde sa liberté de décision : la politique suivie au Proche Orient en est un bon exemple. La France a défini clairement sa position. Elle est l’amie d’Israël mais cette amitié lui permet aussi d’affirmer sa position pour une solution juste et durable de la question palestinienne. Même s’il affirme être conscient du risque qu’il prend, le Président justifie la reprise des relations avec la Syrie pour permettre un règlement d’ensemble de la situation dans la région et notamment au Liban.

Après le limogeage du secrétaire d’Etat à la coopération on attendait Nicolas Sarkozy sur la politique africaine. Le Président rejette le procès de la « Françafrique », s’il s’agit de mettre en cause les liens que la France et ses anciennes colonies ont souhaité maintenir après les indépendance. « C’est l’honneur de la France que d’avoir su accompagner, à leur demande, ces nouveaux Etats, avec une aide massive et multiforme. La France est fidèle en amitié. Elle assume sans complexes les liens que l’Histoire a tissés. »Le Chef de l’Etat reconnaît cependant qu’il y a un vrai problème de perception de notre politique notamment au sein des jeunes générations qui sont l’avenir du continent. Celles-ci ont l’image d’une France qui exploiterait à son seul profit les ressources du continent à travers des réseaux indéboulonnables. Même si cette perception est erronée, il faut en tenir compte et corriger ce qui peut être source de malentendus. Vola pourquoi la France doit moderniser ses outils d’aide au développement pour soutenir en priorité le secteur privé.
Cette nouvelle politique africaine doit s’accompagner d’une révision systématique de nos accords de défense et la réduction de nos implantations militaires. La France doit aider à former des unités régionales africaines de maintien de la paix. Elle doit se garder d’intervenir dans des conflits internes et coopérer avec l’ONU, l’Union Africaine et les organisations sous-régionales pour le règlement des conflits, « comme pour la défense et la promotion des principes que les Africains eux-mêmes ont adoptés : refus des coups d’Etat, affirmation de la démocratie et des droits de l’Homme. Notre rôle récent en Mauritanie en offre une parfaite illustration. »

C’est le même volontarisme qui doit marquer la politique européenne.
La France était sur le banc de touche de l’Europe. « Du fait du référendum de 2005, mais pas seulement : notre pays en était resté à une pratique du jeu européen qui avait peut-être ses mérites il y a vingt ans, mais qui était en décalage par rapport aux réalités de l’Europe d’aujourd’hui. »Nicolas Sarkozy a voulu instaurer une collaboration étroite et confiante avec la Commission et son
Président, comme avec le Parlement européen, son Président et les dirigeants des groupes parlementaires .Il a engagé un dialogue systématique avec tous nos partenaires : du Royaume-Uni aux pays d’Europe centrale et orientale. « Dans une Europe à 27, chacun doit pouvoir faire entendre sa voix, doit se sentir écouté et respecté. » C’est grâce à cette ouverture attentive qu’a pu être signé le Traité de Lisbonne.

La Cinquième et dernière rupture annoncée par Nicolas Sarkozy concerne les droits de l’homme. La France s’est engagée dans la
recherche d’une solution au Darfour, elle a aidé au déploiement de la force européenne sur la frontière du Tchad pour protéger des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. « Partout où les troupes françaises sont déployées en opérations, de l’Afghanistan à la Côte d’Ivoire, du Liban au Kosovo, c’est bien pour y promouvoir la paix, la démocratie, les libertés ! »Le fait que la France collabore avec la Russie ou la Chine ne signifie pas qu'elle se désintéresse de la question essentielle des droits de l’Homme, « En me rendant à Moscou le 12 août pour obtenir l’arrêt des combats en Géorgie, n’est-ce pas le sort de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui était dans la balance ? Et je crois être le premier Président français à avoir publiquement affirmé, devant mon homologue chinois, en conférence de presse, nos positions sur la peine de mort et la liberté des médias. Mais nous devons aborder ces sujets difficiles, et notamment celui des minorités, sur un mode qui conduit à des résultats tangibles et positifs, et non à une confrontation stérile. »
C’est ce réalisme qui a permis la libération des infirmières bulgares en négociant avec le colonel Kadhafi; comme à celle d’Ingrid Betancourt et de plusieurs otages de Colombie en parlant au Président Uribe, mais aussi au Président Chavez.

En conclusion Nicolas Sarkozy a tracé un brillant panorama de l’état du monde.
La crise financière qui a débuté avec le scandale des « subprimes montre les excès d’un capitalisme financier. Le coût de ces errements pour le système bancaire international sera à terme, selon le FMI, de l’ordre de 1.000 milliards de dollars. Le coeur du capitalisme mondial est atteint. L’explosion des prix des matières premières qui sont, globalement, à leur plus haut niveau depuis la seconde guerre mondiale a un effet récessif sur la croissance mondiale.
La pénurie des produits vivriers a eu des conséquences tragiques. Une trentaine de pays ont dû faire face à des émeutes de la faim, de Haïti à la Guinée. Nous sommes entrés, définitivement, dans l’ère de l’énergie rare et chère.
Les changements politiques ne sont pas moins importants. La Chine, la Russie et les pays émergents se sentent plus forts et développent un nouveau nationalisme. « Les pays émergents représentent désormais la moitié de la croissance mondiale. En 2007, la Chine a dépassé les Etats-Unis comme deuxième exportateur mondial. Alors que la population en âge de travailler des Etats-Unis, du Japon et de l’Union Européenne représente au total 500 millions de personnes, ce sont 2,3 milliards de travailleurs des pays émergents qui rentrent progressivement dans un marché du travail globalisé.
Forts de cette nouvelle donne économique, les pays émergents et la Russie veulent intégrer ce nouveau concert des grandes puissances, mais à leurs conditions. Le temps est révolu où l’Occident donnait
seul le ton, servait de référence et imposait sa vision. »
A ces nouveaux défis, Nicolas Sarkozy suggère des réponses audacieuses. Il faut à la fois renforcer l’Europe, indispensable acteur global, et relancer avec détermination les initiatives sur la gouvernance mondiale. La réforme du Conseil de Sécurité doit être relancée et la France soutient le principe d’une solution intérimaire. La transformation du G8 en G13 ou, mieux, en G14 pour permettre la participation d’un pays arabe, est en bonne voie .
Le président français propose d’ouvrir les voies à un nouveau multilatéralisme. Depuis la fin de la seconde guerre, le nombre des Etats a quadruplé et celui des organisations internationales a décuplé. Le système international est fragmenté et nulle part n’existe une vision d’ensemble. Il faut de nouvelles instances de réflexion et d’arbitrage capables de veiller à la cohérence d’ensemble du système multilatéral, Pour les questions de sécurité, c’est le Conseil de Sécurité élargi qui aura vocation à être l’organe de décision.
Pour les sujets économiques et les dossiers globaux, Nicolas Sarkozy propose le futur G13/G14 comme lieu informel mais efficace d’arbitrage, de mise en cohérence, et d’impulsion.
Sur le dossier de la gouvernance mondiale du XXIème siècle, l’Union Européenne peut être la référence et un acteur majeur solide
« Encore faut-il que l’Union se montre digne de l’héritage reçu des pères fondateurs et qu’elle démontre à ses partenaires comme à ses citoyens qu’elle est capable d’ambition, de volonté et de vision.
Telle est la mission fondamentale que s’assigne la France à l’occasion de sa présidence.»

Avec sobriété et détermination le Président français a ainsi tracé les lignes de force d’une politique étrangère moderne et portée vers l’avenir.
Pour l’appliquer, il conviendra aussi de moderniser avec constance les institutions de mise en œuvre de cette politique.

Charles Debbasch

On consultera avec intérêt l’intégralité du discours du président de la République sur le site www.elysee.fr