dimanche, mai 06, 2007

sarkozy elu haut la main

SARKOZY HAUT LA MAIN
En gagnant l’élection présidentielle avec plus de 54 pour cent des suffrages, Nicolas Sarkozy connaît un magnifique succès. Cette victoire incontestée –accompagnée d’un taux de participation record-assoit son autorité de Président le mieux élu de la Cinquième République dans une élection « normale ».

Ce succès Sarkozy l’a d’abord remporté sur lui-même. Il a su, progressivement, gommer les traits trop accusés de son caractère susceptibles d’inquiéter les Français. Sans perdre sa poigne et son esprit conquérant, il a su se montrer consensuel et ouvert. Son attitude mesurée lors du duel télévisé avec Ségolène Royal a convaincu définitivement les Français qu’il était celui à qui on pouvait confier sans risque les clés de la maison.

Sarkozy a su aussi s’imposer parmi les siens. Il avait d’abord remporté un premier combat décisif en prenant le contrôle de l’UMP mais ca n’était pas suffisant. Il lui fallait aussi rassembler les fidèles de Chirac qui le boudaient après son grand écart balladurien. Il lui fallait aussi convaincre Jacques Chirac et son proche entourage de ne pas jouer la politique du pire : celle que Mitterrand avait pratiquée à l’égard de Jospin douze ans plus tôt. Sur tous ces fronts, Sarkozy s’est imposé avec habileté et autorité.

Mais la victoire de Sarkozy va au-delà. Il a su délivrer la droite française de ses complexes vis-à-vis de la gauche. Jusqu’ici, quand la droite gouvernait, elle se sentait obligée d’exalter les vertus de la gauche ou de lui emprunter son programme. En osant aborder de front les problèmes de l’immigration, du travail , de la lutte contre l’insécurité, du refus de l’assistanat généralisé, Sarkozy a érodé l’électorat du Front National Et, il l’a fait sans renier le combat républicain contre le racisme et pour l’égalité des chances. On peut à présent penser que la France est mure pour la constitution d’un parti libéral moderne.

Le succès de Nicolas Sarkozy c’est aussi le grand échec de Ségolène Royal. Elle partait pourtant favorite dans la compétition. Sa féminité, sa relative virginité politique jouaient en sa faveur. Mais, progressivement, son image s’est érodée.
Cela s’est produit parce qu’elle a démontré en plusieurs occasions son inexpérience ou sa maladresse. Problèmes de caractère sur lesquels ont insisté son ancien ministre Claude Allègre ou son conseiller économique Eric Besson qui a même déserté en cours de campagne pour rejoindre le camp Sarkozy. Même si en fin de partie, elle a affirmé une certaine autorité, elle n’a pas convaincu sur son aptitude à exercer, pour l’instant, la fonction suprême.

La compagne de François Hollande a souffert aussi d’un positionnement politique fluctuant et incertain. Dans la phase de désignation, elle s’est appuyée sur l’opinion contre les caciques du PS. Elle s’est ensuite raccrochée fermement au Parti Socialiste pour, dans l’entre deux tours, se rapprocher du centriste Bayrou tout en sollicitant les suffrages de l’extrême gauche.
Le revers de Ségolène Royal c’est aussi l’échec du Parti socialiste. Un parti divisé en baronnies qui tirent à hue et à dia. Un parti dont les caciques ont assuré un service minimum pour leur candidate. Un parti qui n’a pas su faire sa mue idéologique et qui se rattache toujours à un marxisme dépassé L’échec va obliger le parti socialiste à se repenser, à se refonder.

Sur ce chemin, il pourrait rencontrer François Bayrou qui, après avoir défendu dans sa campagne de premier tour le « ni droite, ni gauche » a tenté de s’inviter dans la campagne du second tour comme un adversaire résolu de Sarkozy. Les réalités électorales expliquent que ses élus qui ont besoin des voix UMP pour être confirmés dans leurs mandats ne l’aient guère suivi.
Deux France se sont manifestées dans cette compétition. Une France de gagneurs, avides et conquérants et une France fatiguée et demanderesse de protections. Ce sera la tache la plus difficile pour le nouveau Président : réconcilier ces deux France et les atteler à un projet commun pour construire une démocratie moderne.

Charles Debbasch