dimanche, mars 21, 2010

L'ENJEU NATIONAL DU SECOND TOUR DES REGIONALES

L’ENJEU NATIONAL DU SECOND TOUR DES REGIONALES
Si on pouvait encore en douter au soir du premier tour des régionales, il n’est plus possible de tergiverser après ce vote du 21 mars 2010, les électeurs ont envoyé un message clair d’avertissement au pouvoir.
LA VICTOIRE DE LA GAUCHE
La gauche sort victorieuse du second tour .Avec 54,3%des suffrages elle distance largement la droite (36,1%).L’alliance avec les écologistes et la nouvelle gauche s’est révélée fructueuse. En revanche, la droite- malgré l’augmentation de prés de 4% des votants (51% des abstentionnistes du premier tour ayant voté au second ont soutenu une liste de gauche contre 39% seulement pour la droite.) -connait un plongeon historique accentué par la nouvelle percée du Front National. La formation de Jean-Marie Le Pen qui n’était présente que dans certaines régions se situe sur le plan national au-dessus de 9% mais fait, la où elle est présente, des scores impressionnants En Provence-Alpes-Côte d'Azur, Jean-Marie Le Pen rassemble près d'un quart des suffrages (23,8%), derrière l'UMP Thierry Mariani (32,6%) et le socialiste Michel Vauzelle (43,3%). Dans le Nord-Pas-de-Calais, Marine Le Pen obtient un score de près de 22%,
La gauche prend la Corse qui était détenue par la droite depuis 26 ans avec 36,6% des voix pour la liste de Paul Giaccobi contre 27,6% pour la liste de Camille de Rocca Serra. Fait remarquable en Corse, la forte poussée des nationalistes modérés, qui recueillent 26% des suffrages.
Maigre consolation pour la droite : elle conserve l’Alsace et prend La Réunion.
En Alsace, enjeu symbolique de ce second tour, la liste UMP conduite par Philippe Richert l'emporte avec 47% contre 39% à la liste de gauche et 14,5% à la liste Front national.
A La Réunion, le député-mairUMP du Tampon Didier Robert- dont la liste était opposée dans une triangulaire à celle du président du conseil régional sortant Paul Vergès (PCR), 85 ans,- la liste PS s'étant maintenue- l’emporte largement.

ET MAINTENANT
On ne peut négliger malgré toutes les singularités de ce vote régional, le fait qu’il s’agit du dernier sondage grandeur nature avant les présidentielles de 2012.
Quelles conséquences est-il alors possible de tirer de ce scrutin ?
La première observation essentielle est que les rapprochements se font beaucoup plus facilement à gauche qu’à droite. Le PS dispose des forces des écologistes et de la nouvelle gauche qui sont susceptibles de se rallier à lui dans une optique de second tour tandis que la droite fait le plein au premier tour et elle ne peut compter que sur le ralliement éventuel d’abstentionnistes. Le MODEM est en perte de vitesse et, en tout état de cause, François Bayrou jouera plutôt le parti de la gauche. Quant au Front National, ostracisé, il préférera la stratégie du pire.
Mais les projections présidentielles restent cependant hasardeuses car il ne faut pas commettre l’erreur de Lionel Jospin qui, obnubilé par les alliances de second tour, en oublia qu’il fallait franchir le premier.
Le risque pour le PS est en effet de voir les candidatures s’émietter au premier tour : des écologistes à la nouvelle gauche en passant par les radicaux. Quant à la droite , l’addition d’une déchirure définitive avec les villepinistes, de la dispersion vers l’électorat Bayrou et de l’empiètement du Front National pourraient lui faire courir un danger réel de ne pas figurer au second tour.
On reste cependant pour l’instant dans la politique fiction car il y a trois inconnues.
La première est celle de la situation économique. A l’évidence, une embellie économique renforcerait la droite tandis qu’une aggravation de la crise la plomberait.
La seconde inconnue est le choix du candidat socialiste et l’évaluation de son aptitude à fédérer les forces de gauche.
Enfin, la dernière inconnue est celle de Nicolas Sarkozy lui-même. Car c’est de lui que dépendra en grande partie l’issue de la compétition. C’est dire que des questions essentielles se posent à présent au Chef de l’Etat.
Jusqu’ou peut-il réformer sans mettre en péril ses possibilités de réélection ?
Quelles forces humaines nouvelles est-il en situation d’injecter dans son système pour redorer son image auprès de l’opinion ?
Quelle est la bonne dose d’ouverture à transfuser dans sa majorité sans provoquer de thrombose.
Une étape nouvelle du quinquennat s’ouvre au lendemain de ces régionales. Selon les options choisies ce sera ou bien’’ Au secours la gauche revient’’ ou ‘’Chronique d’une réélection annoncée.’’
Charles Debbasch