vendredi, mars 11, 2011

VARIATIONS SUR UN SONDAGE

Le sondage Louis Harris qui donne Marine Le Pen entête du premier tour de la présidentielle secoue la classe politique traditionnelle. Même s’il présente des faiblesses évidentes : échantillon de sondés rémunérés, taux de correction des réponses inconnu et aléatoire, il n’en est pas moins révélateur d’une tendance dé l’électorat que l’on peut interpréter à la manière des quatre saisons de Vivaldi.
L’HIVER
Le sondage illustre le déclin des formations politiques traditionnelles. UMP comme PS sont à un étiage de 20% c'est-à-dire que la majorité de l’opinion se situe en dehors du jeu politique dominant. Inquiète devant- l’évolution de la situation économique, troublée par l’attitude du chef de l’Etat, elle est prête à manifester son dégoût de la classe politique traditionnelle. Il y a comme un grand froid entre l’opinion et sa représentation politique.

L’AUTOMNE
Les électeurs sont à la recherche de solutions d’espoir. Le Front national répond en partie à certaines de leurs appréhensions : la crainte d’une « invasion »étrangère, la peur du changement, l’inquiétude face à la délinquance. Comme les nuages s’accumulent, l’opinion pense qu’une explosion va se produire pour laver le système de ses impuretés.

LE PRINTEMPS
Les réponses des sondés sonnent comme un avertissement, une façon de signifier au sortant que l’on attend autre chose de lui : une attitude plus présidentielle, une politique économique plus active, plus de résultats. Une façon aussi de signifier aux autres candidats de cesser de se quereller et de proposer enfin un programme. Il convient aussi de ne pas négliger le Front national et ses électeurs en comprenant leurs inquiétudes et en n’ostracisant pas un parti qui cherche lui-même à gommer les excès de son précédent président.
L’ETE
A l’évidence ce sondage a des effets positifs.
Il sonne comme un avertissement à la majorité UMP et au Président Sarkozy pour qu’ils rectifient leur attitude. Assez de virages inconséquents, assez de réformes mal préparées. Il faut à, présent, adopter une ligne politique claire et s’y tenir, proposer un programme cohérent, rénover le personnel politique.
Il doit amener la gauche à plus de clarté. Les écologistes et Mélenchon associés doivent savoir qu’ils font courir un grave danger au candidat PS : celui de ne pas figurer au second tour. Il doit conduire le PS à choisir le plus rapidement possible son candidat et son programme.
Les électeurs souhaitent une nouvelle musique politique.

Charles Debbasch