mardi, septembre 30, 2008

CRISE MONDIALE AUTORITE ET CONFIANCE

LA CRISE MONDIALE, L’AUTORITE ET LA CONFIANCE



Alors que la crise économique mondiale s’amplifie, que les banques s’effondrent les unes après les autres comme des châteaux de cartes, le monde capitaliste parait vaciller sur ses fondations et s’effriter comme il ya moins de vingt années le système communiste. Chacun est alors tenté de donner une clé d’explication unique au désordre financier. Mais, en réalité c’est une conjonction de facteurs qui a généré la situation présente.



Les Etats les plus atteints par la crise sont ceux qui ont tout misé sur les activités financières au détriment des activités de production. Ils ont ainsi , non seulement laissé se créer d’immenses poches de déficit commercial mais, ils ont aussi succombé aux facilités monétaires ou de crédit. Par définition, l’immatériel est plus artificiel que la production industrielle et plus susceptible de manipulations ou de laxisme. Les Etats-Unis financent leur gigantesque déficit commercial par la création monétaire débridée et les excès du crédit. Les pays européens- et en premier la France- maintiennent un niveau de vie au dessus de leurs moyens par l’accroissement des déficits publics.



C’est dire que les purges nécessaires ne portent pas seulement sur les ajustements bancaires. Elles concernent des bases essentielles de nos sociétés et ,de ce fai,t ne seront pas facilement acceptées par les opinions publiques.



Maintenir des activités productives dans les sociétés très développées supposerait que les travailleurs supportent des réductions drastiques de leurs salaires afin d’éviter les délocalisations. On voit mal, en l’état présent, des gouvernants disposer d’une force suffisante pour supporter le choc politique de telles décisions .On entrera dés lors dans une phase de déclin progressif du monde développé face aux puissances émergentes. On a cru que la puissance financière était plus décisive que la force des bras. La revanche des muscles sur le papier monétaire marquera les prochaines décennies.



La crise actuelle impose que l’on repense également les bases idéologiques de nos pouvoirs politiques. L’euphorie économique nous a fait perdre de vue la nécessaire fonction régulatrice de l’Etat. L’autorité de l’Etat- qu’il ne faut pas confondre avec l’accaparement par la puissance publique des entreprises économiques-doit s’exercer pleinement sur le secteur économique. Or, même nos sociétés libérales ont perdu de vue cette nécessité. Elles ont laissé se développer des administrations lourdes mais peu efficaces et l’autorité de l’Etat se diluer. On peut même dire que le pouvoir politique, noyé dans sa propre bureaucratie, se révèle incapable d’exercer sa fonction de régulateur suprême de la société, d’une société où l’Etat ne dépend pas des banques mais où ce sont celles-ci qui doivent respecter la politique de l’Etat.



Mais, pour que cette autorité renouvelée de l’Etat puisse être supportée, il est nécessaire que les politiques transforment leurs types de relations avec les citoyens. Une plus grande transparence, une meilleure définition des objectifs, préférer la réflexion sur les finalités au pragmatisme du quotidien, une pratique démocratique de l’autorité : expliquer et faire comprendre plutôt que réprimer et utiliser la force de la décision exécutoire.



C’est à ce prix que de la tourmente actuelle pourra naître une nouvelle confiance des citoyens à l'égard des pouvoirs politiques.



Charles Debbasch