mardi, juin 03, 2008

UN MONDE AFFAME

UN MONDE AFFAME

La Conférence internationale de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur la sécurité alimentaire, qui se tient à Rome du 3 au 5 juin 2008 se situe à un moment crucial.

Le monde a découvert brusquement, dans ces dernier mois, qu’il existait un déficit considérable de la production alimentaire mondiale. Il en résulte une hausse du prix des denrées qui a entrainé dans les pays les plus pauvres des émeutes. Le cas du riz est particulièrement significatif. La tonne de riz thaïlandais se vendait 200 dollars en 2003, environ 300 dollars au début de 2007. Son prix est monté à 760 dollars au mois de mars 2008.

Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. 86 pays ne produisent pas eux-mêmes de quoi nourrir leur population et n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour importer de la nourriture. Alors que la malnutrition recule partout et notamment en Chine, elle progresse en Afrique où se trouve la moitié des pays qui souffrent de la faim.

A qui la faute ?

Un défaut général de prévision explique en partie cette situation catastrophique. On s’est tellement félicité de l’augmentation des rendements et des progrès de l’agriculture industrialisée que l’on a perdu les repères essentiels.La croissance de la production a entrainé une baisse des prix qui a ruiné progressivement les petites exploitations.

Les pays riches n’ont rien fait pour aider les pays pauvres à soutenir leur agriculture. En subventionnant largement leurs producteurs, ils ont vulnérabilisé les paysans des pays les plus pauvres. Les Etats-Unis ont voté par exemple une nouvelle aide de 305 milliards de dollars, sur cinq ans, aux agriculteurs qui rend encore plus vulnérables les producteurs de mais ou de coton africains. L’Union européenne porte également sa part de responsabilité dans la situation présente.

Les spéculateurs aggravent la crise. Les denrées agricoles sont devenues des produits financiers sur lesquels se sont rués les spéculateurs qui se sont détournés du marché immobilier.

Face à cette crise, une politique mondiale volontariste est nécessaire.il faut aider les plus pauvres à se procurer engrais et semences. Il faut également freiner le mouvement d’urbanisation et encourager les agriculteurs.

Si l’augmentation des prix des produits agricoles est, à l’heure actuelle, un lourd fardeau, elle peut, en revanche, favoriser à terme un renouveau de l’agriculture.

Charles Debbasch