jeudi, mai 27, 2010

SOCIALISTES ET LIBERAUX FACE A LA REVOLUTION ECONOMIQUE

SOCIALISTES ET LIBERAUX FACE A LA REVOLUTION ECONOMIQUE
Toutes les économies européennes sont bousculées. L’Euro est secoué. Chacun s’accorde à imaginer qu’il s’agit d’une crise passagère alors que se révèle, au contraire, une situation durable qui impose des changements profonds.
L’EUROPE IMMERGEE FACE AUX ETATS EMERGENTS
On connaissait les Etats émergents comme le Brésil ou la Chine. Ces Etats sortent progressivement du sous-développement tirés par une croissance forte, une expansion industrielle, un développement des exportations notamment de matières premières.
La situation de nombreux pays européens est le révélateur d’une nouvelle catégorie : celle des Etats surdéveloppés qui sont progressivement en voie de quitter l’ère de l’opulence pour devenir des Etats immergés.
L’Etat immergé est un Etat qui a une forte dépendance à l’égard de l’extérieur dans le domaine des matières premières et notamment de l’énergie. Il est ainsi vulnérable, économiquement puisqu’il n’a pas la maitrise des prix, et politiquement puisqu’il est à la merci des pressions de ses fournisseurs.
L’Etat immergé est un pays en voie de désindustrialisation. Les uns après les autres ses sites industriels ferment, ruinés par les importations des pays émergents ou se délocalisent. La construction automobile risque d’être en Europe le prochain secteur ravagé comme elle l’est d’ores et déjà aux Etats-Unis.
L’Etat immergé est un Etat dont le déficit commercial s’accroit progressivement. C’est la conséquence de la désindustrialisation et des délocalisations.

L’Etat immergé est un Etat dont la croissance est faible ou négative ; Ce qui est le cas dans la plupart des pays européens. Que l’on compare cette stagnation aux 10% de croissance chinoise !

L’Etat immergé est un pays où le taux de chômage se développe et dépasse souvent les 10% (20% en Espagne.)

L’Etat immergé est un pays où les déficits publics sont élevés .La distribution artificielle du pouvoir d’achat permet un temps de dissimuler le déclin des forces productives. Mais elle est génératrice de désordres monétaires et financiers .L’endettement met en péril la solvabilité de l’Etat.
L’Etat immergé est un pays qui quitte insensiblement les rives de la richesse et du développement pour s’enfoncer dans des marais sombres et incertains. .

LA CRISE ET LE SOCIALISME
Les réponses classiques de la gauche face à la crise se révèlent inadaptées. Il n’est plus possible d’augmenter les déficits sans courir à la faillite. Il n’est pas davantage envisageable de développer l’emploi public pour endiguer le chômage car il n’y a plus de ressources pour payer de nouveaux fonctionnaires. La solidarité de l’Euro ne permet plus les dévaluations solitaires qui sont le placebo des gouvernements de gauche.
Alors les gouvernements socialistes comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal sont obligés de serrer les ceintures en réduisant les dépenses et en coupant des pans entiers de la fonction publique. Et ceux qui ne réforment pas à temps, comme les travaillistes britanniques, perdent le pouvoir.

LA CRISE ET LE LIBERALISME
Les gouvernements libéraux ou de droite ne sont pas davantage à la fête. Pour endiguer la crise des subprimes, ils ont du mettre au placard le credo libéral, intervenir massivement pour sauver les banques. Ils sont, à présent, obligés de couper dans les dépenses et dans les emplois publics. Et surtout, ils doivent toucher aux bases quasi-sacrées des retraites ou de l’assistance sociale. Berlusconi n’y va pas par quatre chemins. Il suggère de travailler plus pour gagner moins.et la France, avec plus de prudence, s’engage dans une voie comparable.

LES DEFIS
Les économies européennes n’ont pourtant pas d’autres solutions possibles pour éviter le déclin : retrouver les chemins de la productivité et réduire le coût du travail.
On comprend qu’il s’agit d’une mission quasi-impossible pour les majorités au pouvoir et que les élections se présentent comme des tourniquets qui favorisent les exclus d’hier et sanctionnent les sortants.
Mais, ces changements ne font que différer les solutions.

On ne change pas une société par des alternances artificielles alors que seul un large consensus peut permettre les adaptations qu’exige la révolution économique.
Charles Debbasch