dimanche, juin 05, 2011

LE SEXE ET LA POLITIQUE A PROPOS DE LA RUMEUR DE LUC FERRY

Que les faits soient avérés ou inexacts, la rumeur véhiculée par Luc Ferry sur Canal plus est à elle seule une affaire grave. Que l’on en juge : le distingué philosophe a affirmé qu'un ancien ministre serait impliqué dans une affaire de pédophilie .Il a évoqué le cas d’un "ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons". Jack Lang ne s’y est pas trompé tout en démentant être le ministre incriminé, il a déclaré "Comment quelqu'un dont le métier est d'être philosophe, donc au sens étymologique d'être un sage, a-t-il pu s'adonner ou s'abandonner" à une telle chose et il a affirmé se réjouir "que le procureur ou le parquet en entendant de tels propos ouvre une enquête. Parce que, ou bien l'homme qui s'est exprimé a menti et c'est grave moralement. Ou bien il dit la vérité et qu'il dise qui est l'homme ou la femme concerné, sur quelle base, quelles preuves".
Dans ces conditions, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire et Luc Ferry a été entendu par les policiers. Un tourbillon de critiques a frappé justement Luc Ferry qui ou bien aurait du se taire s’il ne possédait pas d’éléments certains, ou bien aurait du expliciter ses déclarations s’il était en possession de preuves de ses allégations
Cette affaire est le sous- produit du dossier Strauss-Kahn, Le projecteur est maintenant mis sur la vie sexuelle des hommes politiques, Une occasion de rappeler les règles en la matière,
En principe, la vie sexuelle est de nature privée et elle bénéficie du droit au respect de la vie privée. Toute révélation relative à la sexualité des individus doit être proscrite qu’il s’agisse de la divulgation de faits dévoilant les préférences sexuelles ou de la révélation de faits ayant un simple rapport avec la notion de sexe .
Mais ce qui est valable pour tout un chacun, l’est moins lorsque l’on a affaire à un personnage public. Le public est en effet en droit de connaître tout ce qui dans la vie privée peut apparaître comme la confirmation ou le démenti de la vie publique. Le droit à l’information transcende ici le respect de la vie privée. Si un homme politique prêche dans ses activités publiques la fidélité conjugale et qu’il a une ou plusieurs maîtresses, il est légitime que le public en soit informé. De même, la participation à un fait d’actualité vient autoriser l’investigation sur la vie privée. L’affaire Strauss Kahn en est un bon exemple .Le personnage public sera également soumis à une plus grande rigueur s’il se sert de l’autorité que lui procurent ses fonctions pour imposer à des individus des contraintes de nature sexuelle.
En d’autres termes, l’homme politique peut mener son activité sexuelle en toute liberté .Mais, il devra respecter encore plus strictement qu’un simple citoyen les dispositions légales qui protègent les mineurs ou les subordonnés .Il devra également veiller à ce qu’il n’y ait pas de contradiction entre son discours et ses actes.
En somme, l’homme public doit se garder de prêcher la vertu s’il pratique le vice ou de défendre le rigorisme, s’il pratique la débauche.
Charles Debbasch
SUR TOUS CES POINTS ON PEUT CONSULTER : CHARLES DEBBASCH, DROIT DES MEDIAS, 1184 PAGES. DALLOZ