samedi, novembre 22, 2008

DALLAS AU PARTI SOCIALISTE

DALLAS AU PARTI SOCIALISTE
La victoire contestée de Martine Aubry- avec seulement 42 voix d’avance sur Ségolène Royal -ouvre pour le PS une phase de trouble, d’incertitude et peut-être même de déchirement. Déjà le Congrès de Reims avait été le théâtre d’affrontements et de luttes intestines. Les différents courants qui s’étaient évalués avant les Assises n’avaient pu se mettre d’accord sur le nom d’un Premier secrétaire. C’est donc le vote direct de militants qui devait trancher le débat. Mais, après un premier tour remporté par la Présidente de Poitou Charentes- les trois leaders distancés Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Benoit Hamon se sont regroupés sous la houlette du maire de Lille. C’est donc une alliance « Tout sauf Ségolène » qui l’aurait emporté d’une courte tête.

LA RESERVE A CHOISIR UN PRESIDENTIABLE

A l’évidence, ce n’était pas seulement le choix du premier secrétaire qui était en jeu. La question non posée mais qui était sans cesse sous-jacente était de savoir quel serait le futur candidat du PS aux présidentielles. Les poids lourds du parti comme Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn s’opposaient à Ségolène Royal non pour le danger qu’elle pouvait représenter à l’appareil du parti mais parce que l’investir était se lier à l’avance dans le choix du présidentiable D’où la tendance pour évacuer le problème à vouloir détacher la question du gouvernement du parti de celle relative au choix du candidat à la présidentielle. Ce qui, à l’évidence est une absurdité : le titulaire du parti aura en effet vocation à être le candidat du PS à la présidentielle.

LE HEURT ENTRE LES APPARATCHIKS ET LES MILITANTS

L’état major traditionnel du parti est apparu dépassé. François Hollande n’a réussi aucune de ses manœuvres et il laisse après une décade de gouvernement le parti divisé. Faute de consensus, il n’a pas prononcé à Reims le discours de clôture qu’il avait préparé. On imagine aussi qu’il n’a pas été simple pour lui de voir son ancienne compagne le braver publiquement et les regards qu’échangeaient de temps à autre Ségolène Royal et François Hollande avaient quelque chose de pathétique.

Visiblement la base du parti s’est progressivement détachée de ses dirigeants et aspire à un profond renouvellement du mouvement mais le PS reste contrôlé par les apparatchiks tandis que Ségolène plus médiatique prenait racine dans les medias et les nouveaux militants.



L’ECHEC DE DELANOE
Le maire de Paris qui apparaissait comme le meilleur présidentiable du PS avant Reims est sorti affaibli de l épreuve. Sa motion est arrivée en troisième position et ses partisans étaient mêmes dans l’hésitation quant à l’attitude à adopter. Certains étaient prêts à entrer dans le front commun contre Ségolène et d’autres comme François Hollande. Le refusait dans un premier temps avant de s’y rallier.
Il faut dire que Bertrand Delanoë avait quelque peu agi à contretemps. Quelques semaines avant la crise financière, il se ralliait à un certain libéralisme alors que l’ébranlement de l’économie mondiale allait en montrer les limites. Dés lors, le maire de Paris désavoué par les militants, renonçait à être candidat.et déclarait "Je ne pose aucune revendication de pouvoir ou de personne», tout en insistant sans succès auprès de ses partenaires potentiels pour que le candidat commun soit issu de sa motion. C’est que la question des alliances était au centre des débats.
LA QUERELLE SUR LES ALLIANCES
Les adversaires de Ségolène Royal l’ont attaquée sur la question des alliances. « Je ne pense pas que cela soit sérieux de renvoyer à un entre-deux-tours présidentiel la question de savoir si oui ou non nous gagnerions avec le Modem à une élection nationale », estimait Benoit Hamon le leader de la gauche du parti. Et il attaquait la main tendue de Royal à François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle de 2007. Sur ce point Ségolène Royal essayait de se dégager du piège en estimant sur TF1que cette question [de l'alliance avec le Modem « se posera dans le futur entre-deux tours de l'élection présidentielle, et franchement on en est loin." » Mais elle n’a pas réussi à convaincre. C’est sur sa gauche que la présidente de Poitou-Charentes a été débordée.

A GAUCHE TOUTES

La coalition gagnante du PS a misé sur le « Tout à gauche ».Le discours de Martine Aubry -qui pourtant gouverne la mairie de Lille avec le MODEM- avait des allures de lutte des classes et ressemblait aux propos tenus dans l’euphorie de la victoire de 1981.

Cet ancrage à gauche s’explique par la volonté d’exploiter les craintes qu’inspire à la population les difficultés du capitalisme. Il se justifie aussi par le souci que cause au PS le succès d’Olivier Besancenot. Il ne faut pas lui laisser le champ libre et il faut donc occuper le terrain qu’il est en voie de conquérir. Mais cet ancrage à gauche du PS est quelque peu incantatoire et ne s’accompagne d’aucun discours économique crédible.

ET MAINTENANT

Tout est à présent envisageable y compris une scission du Parti.

L’extrême gauche du PS avec Jean-Luc Mélenchon est déjà allée batifoler ailleurs.

Les centristes du parti peuvent être tentés de rejoindre le Modem.

Le grand désordre du Parti accélérera aussi les ralliements de grands anciens comme Claude Allègre ou Jack Lang à Nicolas Sarkozy.

Pour l’instant, c’est Dallas qui se joue au PS.

Charles Debbasch