lundi, avril 23, 2007

SARKOZY EN POLE POSITION

SARKOZY EN POLE POSITION

L’histoire a sauté cinq ans ce dimanche électoral. En effet, le 22 avril 2007 est la conséquence logique du 21 avril 2002.En 2002, les électeurs s’étaient défoulés en votant selon leurs impatiences et en dispersant leurs voix. En 2007, ils ont eu au premier tour de scrutin un comportement de second tour en votant utile, en choisissant, en éliminant. Les petits candidats ont fait les frais de ce comportement puisque aucun d’entre eux ne franchit la barre des cinq pour cent.
La participation électorale participe du même phénomène puisque les électeurs se sont déplacés en masse pour voter-plus de 80 pourcent-.Les citoyens ont ainsi manifesté leur volonté de ne pas laisser le hasard déterminer le choix des deux qualifiés du second tour.
Le duel Sarkozy-Royal va à présent scander les quinze jours de campagne qui s’ouvrent.
Ségolène Royal ne manque pas d’atouts dans cette campagne. Sa féminité- certains diront son charme- jouera sur les électeurs indécis. Le ralliement de tous les candidats de gauche en sa faveur va aider au rassemblement populaire. Sa relative fraicheur politique tentera les partisans du changement. Mais ses handicaps sont aussi forts. Les éléphants du PS ne l’ont soutenue dans la campagne du premier tour que du bout des lèvres et leurs divergences sont génératrices de trop d’incohérences ; quel compromis possible entre un Fabius qui tire à gauche et un Strauss-Kahn qui aurait pu être le premier ministre de François Bayrou ?

Voudrait-elle capter les suffrages de ce dernier qu’elle sera gênée par son nouvel encadrement communiste et trotskyste alors que la gauche toutes tendances confondues rassemble à peine un tiers de l’électorat

Enfin, son inexpérience a été dévoilée à plusieurs reprises dans cette campagne et les charmes de la féminité ne suffiront peut être pas à voiler les lacunes de l’autorité.

En réalisant –hors l’exception giscardienne de 1974-le meilleur score de la droite, Nicolas Sarkozy a réussi un sans faute remarquable. Malgré les tirs concentrés des onze autres candidats contre lui, il a drainé vers sa personne un vaste rassemblement qui lui a permis de se qualifier avec brio. L'home a muri. Il a tiré la leçon de ses erreurs passées. Il est sans aucun doute le mieux préparé pour exercer la fonction suprême. Sa victoire va à présent dépendre de sa force à résister au torrent « tout sauf Sarkozy » qui va déferler.

Jean Marie Le Pen comme c’était prévisible ne réédite pas son exploit de 2002. La mobilisation de l’électorat s’est notamment dirigée contre lui. Ses excès, et notamment la campagne ad hominem qu’il a lancée contre Nicolas Sarkozy-ont joué en sa défaveur. Mais il est vrai aussi qu’ayant été le premier à défendre les thèmes de l’identité française, il peut se flatter, au bout de trente ans de lutte, à avoir contraint la droite et la gauche à les adopter.

François Bayrou connaît un succès remarquable qui montre la popularité de deux de ses principaux thèmes de campagne’. Le premier, c’est le refus de l’affrontement frontal droit gauche qui n’a plus de raison d’être. Le deuxième c’est la construction d’un Etat impartial au dessus des clans, pour ne pas dire des mafias, qui hantent la société française.

Sans aucun doute les deux challengers qualifiés vont reprendre ces thèmes à leur compte pour tenter de capter les suffrages qui se sont portés sur Bayrou.Les élus UDF n’oublieront pas, quant à eux, qu’un mois après les présidentielles se tiendront les législatives et que les voix de l’UMP leur seront nécessaires pour l’emporter.

Charles DEBBASCH