mardi, juin 23, 2009

UN NOUVEAU GOUVERNEMENT SARKOZO-SARKOZYSTE

UN NOUVEAU GOUVERNEMENT SARKOZO-SARKOZYSTE
Il existe toujours plusieurs phases dans le mandat d’un Président.
Au lendemain de l'élection présidentielle, le nouveau Chef de l’Etat n'est pas totalement libre de ses choix. Il ne maîtrise pas encore complètement l'appareil de l'État. Il doit tenir compte des engagements qu'il a pris pendant la campagne. Il doit marquer sa reconnaissance à ceux qui l'ont aidé à l'emporter.
Le premier gouvernement Fillon Sarkozy n'échappait pas à la règle. Pendant la campagne le nouveau président avait marqué sa volonté d'ouvrir sa majorité à gauche et au centre. Dans ce cadre plusieurs ministres issus de ces horizons figuraient dans l'équipe ministérielle. Par ailleurs même si des rapports de Nicolas Sarkozy avec Jacques Chirac étaient loin d'être excellents, le nouveau président ne pouvait pas marquer de rupture trop profonde pour ne pas heurter sa majorité parlementaire. C'est ainsi que dans le premier gouvernement Fillon un tiers des membres étaient des anciens de l'équipe de Dominique de Villepin, et deux tiers d'entre eux étaient d'anciens membres des gouvernements de Jacques Chirac.
Mais, au fur et à mesure que s'affirme le pouvoir du nouveau président, celui-ci devenu maître du jeu impose sa loi dans la constitution du gouvernement.
Le nouveau gouvernement Sarkozy Fillon constitué le 23 juin 2009 n’échappe pas à la règle. C'est une équipe Sarkozo-sarkozyste formé selon les volontés du président de la république, désormais affranchi de toue contrainte ou allégeance.
Ce nouveau gouvernement illustre l'ancrage des équipes de Nicolas Sarkozy dans l'appareil de l'État. Le plus bel exemple de ce phénomène et la nomination d'un fidèle parmi les fidèles Brice Hortefeux au ministère de l'intérieur. D'autres sarkozystes éminents sont promus. C'est ainsi que Xavier Darcos jusqu'ici ministre de l'éducation nationale hérite du portefeuille des relations sociales et du travail étendu à la famille et la solidarité, que Christian Estrosi le député-maire de Nice devient ministre de l'industrie ou que Pierre Lellouche est chargé des affaires européennes.
Fort et souverain le Président de la république est allé jusqu'à chasser sur les terres du Modem en enlevant à François Bayrou le trésorier de son mouvement : en effet Michel Mercier, le président du conseil général du Rhône, devient ministre de l'aménagement du territoire.
On attendait le chef de l'État sur le terrain de l'ouverture avec l'entrée éventuelle de l'ancien ministre de l'éducation nationale Claude Allègre mais Nicolas Sarkozy, sans renier un des piliers de sa politique, n’a pas cru nécessaire au moment où la gauche est en perte de vitesse d'aller plus loin dans cette voie. Il fait cependant un pied de nez à tous ceux qui attendaient des prises de choix dans le parti socialiste en allant chercher à la villa Médicis à Rome Frédéric Mitterrand dont le nom à lui seul est un symbole.
C'est ce gouvernement Sarkozo-sarkozyste qui va avoir à présent à gérer la difficile situation économique et à préparer les élections régionales qui auront lieu dans neuf mois.
A coup sûr le temps de gestation d'une nouvelle équipe ministérielle.
Charles Debbasch

LE VERSAILLES DE SARKOZY: UNE VOIE MODERNE ET CONSENSUELLE

LE VERSAILLES DE NICOLAS SARKOZY : UNE VOIE MODERNE ET CONSENSUELLE POUR AFFRONTER LA CRISE
Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy devant le Congrès réuni à Versailles revêt une importance particulière à la fois sur le plan du fonctionnement des institutions et sur le fond des propositions avancées.
L’intervention du président de la République devant le Congrès est une innovation introduite dans la Constitution depuis la réforme de juillet 2008.Elle est un des signes du glissement progressif du régime de la Ve République vers un régime présidentiel. Les révisions successives de la Constitution intervenues depuis 1958 vont en effet toutes dans la même direction de la présidentialisation. En 1962 l’instauration de l’élection du président au suffrage universel, en 1974 l’élargissement de la saisine du conseil constitutionnel, en 2002 la mise en place du quinquennat vont dans le même sens de l’américanisation du système politique.
Alors que reste-t-il de parlementaire dans le régime : la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Mais, hors les périodes de cohabitation, elle reste très théorique. Et la pratique sarkozyenne qui a valorisé l’état-major présidentiel par rapport à l’équipe gouvernementale n’a fait qu’accentuer les choses. Au point que l’on peut imaginer une prochaine étape qui supprimerait ce dernier zeste de parlementarisme dans nos institutions.
L’opposition n’a pas manqué de stigmatiser l’intervention du Président devant le Congrès. Les communistes et les verts ont refusé de siéger et les socialistes n’ont pas participé au débat qui s’est ouvert après l’intervention du Chef de l’Etat. Cette attitude est difficilement compréhensible. Qu’on l’approuve ou qu’on la rejette l’intervention du Chef de l’Etat est désormais prévue par la Constitution.
Sur le fond, le Chef de l’état a voulu par un discours fort et rassembleur inaugurer la deuxième étape de son quinquennat qui sera marquée dés mercredi par la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale.
Fort de l’appui de l’opinion, le Président a maintenu le cap sur les réformes. «Ayons le courage de changer» a affirmé avec force le Président. La crise ne doit pas servir de prétexte à l'immobilisme, mais plutôt «rendre plus libre d'imaginer un autre avenir».
Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un emprunt exclusivement consacré au financement de «priorités stratégiques pour l'avenir» et levé soit sur les marchés financiers, soit auprès des Français. Le montant et les modalités de cet emprunt ne seront arrêtés que lorsque ces priorités auront été fixées, a-t-il précisé. Une concertation de trois mois sera lancée avec le Parlement, les partenaires sociaux, les milieux économiques et culturels, afin de définir ces priorités.
Malgré l’importance des déficits le chef de l'Etat a exclu toute augmentation d'impôts. «Je ne ferai pas la politique de rigueur parce que la politique de rigueur a toujours échoué. Je n'augmenterai pas les impôts car cela retarderait longtemps la sortie de crise», a-t-il insisté.
De nouveaux grands chantiers vont être ouverts.
Nicolas Sarkozy a annoncé la décision sur les retraites pour la mi-2010 : «il faudra que tout soit mis sur la table : l'âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité», et que «toutes les options seront examinées».Pour faire face à la difficile situation de l’emploi, il a annoncé que «tout licencié économique doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an».Il proposera «aux partenaires sociaux de prendre des mesures massives en faveur de l'activité partielle et d'étendre encore le contrat de transition professionnelle».
La lutte contre les discriminations sera une priorité pour le prochain gouvernement. «Il ne faut pas le faire sur des critères ethniques, il faut le faire sur des critères sociaux».Mais tolérance ne veut pas dire acceptation des terrorismes religieux : le président de la République a estimé que la burqa soulève un «problème de dignité et de respect de la femme». «Ce n'est pas un signe religieux, c'est un signe d'asservissement (…) Elle ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République française». Il reviendra au Parlement de se prononcer sur l'opportunité d'un texte de loi.

La protection des auteurs contre les téléchargements illégaux a été réaffirmée «En défendant le droit d'auteur, je ne défends pas seulement la création artistique. Je défends aussi l'idée que je me fais d'une société de liberté où la liberté de chacun est fondée sur le respect du droit des autres», a-t-il soutenu. «C'est aussi l'avenir de notre culture que je défends, c'est l'avenir de la création. Voilà pourquoi j'irai jusqu'au bout», a-t-il également martelé.
Le Chef de l'Etat a enfin promis d'aller «jusqu'au bout de la réforme des collectivités locales», en engageant notamment la «réduction du nombre des élus régionaux et départementaux». «Nous ne nous déroberons pas», a-t-il assuré, précisant que cette réforme porterait aussi sur les compétences des différentes collectivités.
Ni révolutionnaire, ni dogmatique le discours de Nicolas Sarkozy a défini une voie moderne et consensuelle pour permettre à la France d’affronter la crise.

Charles Debbasch