mardi, avril 07, 2009

EN FINIR AVEC LA GREVE RETROGRADE DANS LES UNIVERSITES

EN FINIR AVEC LA GREVE RETROGRADE DANS LES UNIVERSITES

Une excellente loi a organisé les bases d’une progressive autonomie des Universités. Dans l’application de cette loi, un décret contestable sur le statut des enseignants a été préparé. Ce qui a provoqué la naissance d’un conflit et le début de mouvements d’agitation. Ces dispositions contestables sont aujourd’hui retirées. Et pourtant la grève perdure et elle est souvent accompagnée d’actes de violence contre les personnes et contre les biens. Le blocage des cours pendant dix semaines met en péril la validation de l’année universitaire. Le moment est venu de dire stop à cette tentative d’utiliser l’Université à des fins politiques étrangères à sa vocation fondamentale.

Le Président de la Conférence des présidents d’Université ne s’y est pas trompé. Lionel Collet, président de Lyon-I, qui soutenait jusqu'ici le mouvement de protestation demande désormais son arrêt après ce qu'il juge être des concessions importantes du gouvernement. Mais une « coordination nationale des universités » appelle à une nouvelle journée de manifestation mercredi 8 avril. Et elle annonce que celle-ci sera suivie par d'autres journées de mobilisation au niveau national, les 28 avril et 1er mai.Quant au Snesup-FSU, syndicat des enseignants du supérieur il souhaite "ancrer [le mouvement] dans la durée, dans sa diversité tant dans sa nature que dans ses actions".

A l’évidence, le mouvement a perdu sa finalité corporative pour déborder sur le terrain politique. La chose n’est pas nouvelle. Chaque fois que la droite est au pouvoir, les forces d’opposition tentent d’utiliser le monde scolaire et universitaire contre le gouvernement et elles le font souvent avec succés.Parce que l’encadrement syndical du monde enseignant se situe plutôt à gauche. Parce que les professeurs sont traumatisés par les mutations rapides de l’éducation. Parce que les élèves et les étudiants sont aux premières loges de la précarité et sont les premières victimes de la crise.

Mais rien ne sert de ramer à contre-courant. La réforme engagée pour l’Université va dans le bon sens. Elle est destinée à moderniser les instruments de formation et à les adapter aux besoins sociaux. Elle vise à donner aux jeunes une meilleure formation. Elle est ainsi une arme essentielle pour la démocratisation de notre société.

L’Université française doit faire le pari de l’excellence. Elle doit avoir un fonctionnement régulier et serein. Elle doit adapter ses formations, mieux recruter ses maîtres, mieux les assister dans leur difficile mission, mieux les faire reconnaître et accepter par la société. Pense-t-on que la vision d’Universités en grève aux murs souillés de graffiti peut contribuer à une bonne image de ces institutions. Au lieu de se plaindre des grandes écoles, ne faut-il pas au contraire porter les Universités au plus haut et aider à leur reconnaissance.

La voie de l’autonomie progressive des Universités doit permettre à chaque établissement de trouver progressivement ses marques, d’affiner ses formations, de mieux choisir ses enseignants, de développer ses contacts avec le monde extérieur. S’y opposer c’est enfoncer les Universités dans le passé au lieur de les porter vers l’avenir. La tentation du chaos est mauvaise conseillère.

Le moment est venu pour chacun d’arrêter le massacre. Aux étudiants et universitaires de se remettre au travail pour reconstruire un enseignement d’excellence. Aux responsables politiques et gouvernementaux de prononcer les paroles d’amour et de compréhension qu’attend la communauté universitaire.

Il faut maintenant en finir avec la grève rétrograde dans les Universités.

Charles Debbasch

Président honoraire de l'Université de Droit , d' Economie et des Sciences d'Aix-Marseille
Président honoraire de la Conférence Nationale des Doyens des Facultés de Droit
Ancien Président du comité Consultatif des universités et du Conseil supérieur des Corps Universitaires (Droit Public )