lundi, mai 31, 2010

FRANCE AFRIQUE: RELATION FRATERNELLE OU ECHANGE DIPLOMATIQUE

FRANCE AFRIQUE : DE LA RELATION FRATERNELLE A L'ECHANGE DIPLOMATIQUE
Le sommet France-Afrique de Nice se situe à un tournant des rapports entre la métropole et ses anciennes colonies.
Cinquante ans après les indépendances, la nature des relations entre la France et l'Afrique a changé. Ces rapports étaient de nature fraternelle.Les chefs d'état africains étaient des amis de la France. Les Présidents français avaient une sensibilité africaine qui transcendait la bureaucratie.
Aujourd'hui, les nouveaux Chefs d'Etat africains, s'ils souhaitent entretenir de bonnes relations avec la France, ont l'impression qu'ils ne sont plus les partenaires privilégiés de la diplomatie française. Les citoyens français se sont repliés sur l'hexagone. Un sondage montre que 69% des citoyens français ne se sentent pas concernés par le sommet. . «Le temps passe. Il y a de moins en moins de Français qui connaissent l'Afrique et de moins d'Africains qui ont fait leurs études en France.», estime Hubert Védrine.
La presse et les medias français ne s'intéressent plus guère à l'Afrique. Le ministère de la Coopération ayant été supprimé, les affaires africaines sont devenus des relations étrangères parmi d'autres. Ce qui explique que le traitement des dossiers ait pris le pas sur la fraternité.
On donnera ici trois exemples de la difficulté de cette nouvelle relation.
LA PRESENCE DE L'AFRIQUE A L'ONU

L'Afrique, qui représente 27% des Etats membres des Nations unies, ne dispose à l'heure actuelle que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité. En 2005, les pays africains ont adopté une position commune sur la réforme du Conseil de sécurité. Ils demandent deux sièges permanents avec droit de veto et au moins deux sièges non permanents supplémentaires.
La France, elle, se situe dans une optique mondialiste et n'épouse pas cette demande qu'elle trouve extrême. Aussi le débat à Nice a été heurté. La France se contenterait d' un élargissement progressif, commençant par un siège permanent. Ce que les Africains estiment inacceptable.
Le débat sur ce point a duré plus de six heures sans que l'on parvienne à définir une position commune. ''On n'a pas trouvé de solution. On a trouvé la manière de commencer à se donner les moyens d'être plus réalistes", a expliqué Bernard Kouchner. "La position de la France est très claire: nous voulons une représentation africaine dans toutes les institutions internationales, l'ONU aussi, mais on ne va pas l'imposer.''
LE DROIT A PENSION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS
Il aura fallu cinquante ans pour mettre fin à une injustice. Les pensions des anciens combattants africains qui avaient servi la France étaient restées figées à leur niveau du 3 juillet 1962. C'était une mesure discriminatoire puisqu'elle ne concernait pas les anciens militaires français. Jusqu’à présent, un ressortissant français vivant dans un pays africain ne percevait pas la même pension que son camarade, ancien militaire africain. La différence pouvait être considérable, allant de un à dix.
Le Conseil Constitutionnel vient, en application du principe d'égalité, de décider d’accorder les mêmes pensions aux anciens militaires des ex-colonies, qu’ils soient ou non français .
Le Conseil constitutionnel ne conteste pas au législateur le droit de «fonder une différence de traitement sur le lieu de résidence en tenant compte des différences de pouvoir d’achat». En revanche, il affirme que certains articles de lois de finances d’août 1981, décembre 2002 et décembre 2006 doivent être censurés car ils «sont contraires au principe d’égalité» figurant dans la Constitution. Pour la juridiction constitutionnelle, le législateur «ne pouvait établir de différences selon la nationalité entre titulaires d’une pension […] résidant dans un même pays étranger».
Selon les premières estimations, environ 10 000 personnes pourraient voir leurs pensions revalorisées.
LE PROBLEME DES VISAS
La question des visas pour l'entrée en France des nationaux africains est une cause de profonde friction entre les gouvernements africains et la France. Nul ne conteste le droit souverain de la France de déterminer sa politique d'accueil. Mais les conditions de la mise en œuvre dans les consulats français à l'étranger sont à l'origine de frictions. Retard dans les procédures, arbitraire dans les refus. Les décisions de refus de visas n'ont pas en effet dans le droit français actuel à être motivées.
Pour éviter que se creuse davantage un fossé entre la France et l'Afrique, je suggère que la motivation des refus soit dorénavant obligatoire. Cette exigence obligera les services diplomatiques à mieux traiter les dossiers. Elle fera œuvre de pédagogie en expliquant les raisons du refus ce qui permettra aux intéressés de comprendre les motifs du rejet et de corriger éventuellement leurs dossiers. Elle permettra également un contrôle des refus par les tribunaux français.
Une cause profonde de détérioration des rapports entre la France et l'Afrique sera ainsi progressivement effacée.
Puisque les relations France-Afrique sont passées de la fraternité à la diplomatie, récréons les conditions d'une relation majeure en traitant avec intelligence les dossiers des rapports entre l'ancien colonisateur et ses partenaires devenus majeurs.

Charles Debbasch

jeudi, mai 27, 2010

SOCIALISTES ET LIBERAUX FACE A LA REVOLUTION ECONOMIQUE

SOCIALISTES ET LIBERAUX FACE A LA REVOLUTION ECONOMIQUE
Toutes les économies européennes sont bousculées. L’Euro est secoué. Chacun s’accorde à imaginer qu’il s’agit d’une crise passagère alors que se révèle, au contraire, une situation durable qui impose des changements profonds.
L’EUROPE IMMERGEE FACE AUX ETATS EMERGENTS
On connaissait les Etats émergents comme le Brésil ou la Chine. Ces Etats sortent progressivement du sous-développement tirés par une croissance forte, une expansion industrielle, un développement des exportations notamment de matières premières.
La situation de nombreux pays européens est le révélateur d’une nouvelle catégorie : celle des Etats surdéveloppés qui sont progressivement en voie de quitter l’ère de l’opulence pour devenir des Etats immergés.
L’Etat immergé est un Etat qui a une forte dépendance à l’égard de l’extérieur dans le domaine des matières premières et notamment de l’énergie. Il est ainsi vulnérable, économiquement puisqu’il n’a pas la maitrise des prix, et politiquement puisqu’il est à la merci des pressions de ses fournisseurs.
L’Etat immergé est un pays en voie de désindustrialisation. Les uns après les autres ses sites industriels ferment, ruinés par les importations des pays émergents ou se délocalisent. La construction automobile risque d’être en Europe le prochain secteur ravagé comme elle l’est d’ores et déjà aux Etats-Unis.
L’Etat immergé est un Etat dont le déficit commercial s’accroit progressivement. C’est la conséquence de la désindustrialisation et des délocalisations.

L’Etat immergé est un Etat dont la croissance est faible ou négative ; Ce qui est le cas dans la plupart des pays européens. Que l’on compare cette stagnation aux 10% de croissance chinoise !

L’Etat immergé est un pays où le taux de chômage se développe et dépasse souvent les 10% (20% en Espagne.)

L’Etat immergé est un pays où les déficits publics sont élevés .La distribution artificielle du pouvoir d’achat permet un temps de dissimuler le déclin des forces productives. Mais elle est génératrice de désordres monétaires et financiers .L’endettement met en péril la solvabilité de l’Etat.
L’Etat immergé est un pays qui quitte insensiblement les rives de la richesse et du développement pour s’enfoncer dans des marais sombres et incertains. .

LA CRISE ET LE SOCIALISME
Les réponses classiques de la gauche face à la crise se révèlent inadaptées. Il n’est plus possible d’augmenter les déficits sans courir à la faillite. Il n’est pas davantage envisageable de développer l’emploi public pour endiguer le chômage car il n’y a plus de ressources pour payer de nouveaux fonctionnaires. La solidarité de l’Euro ne permet plus les dévaluations solitaires qui sont le placebo des gouvernements de gauche.
Alors les gouvernements socialistes comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal sont obligés de serrer les ceintures en réduisant les dépenses et en coupant des pans entiers de la fonction publique. Et ceux qui ne réforment pas à temps, comme les travaillistes britanniques, perdent le pouvoir.

LA CRISE ET LE LIBERALISME
Les gouvernements libéraux ou de droite ne sont pas davantage à la fête. Pour endiguer la crise des subprimes, ils ont du mettre au placard le credo libéral, intervenir massivement pour sauver les banques. Ils sont, à présent, obligés de couper dans les dépenses et dans les emplois publics. Et surtout, ils doivent toucher aux bases quasi-sacrées des retraites ou de l’assistance sociale. Berlusconi n’y va pas par quatre chemins. Il suggère de travailler plus pour gagner moins.et la France, avec plus de prudence, s’engage dans une voie comparable.

LES DEFIS
Les économies européennes n’ont pourtant pas d’autres solutions possibles pour éviter le déclin : retrouver les chemins de la productivité et réduire le coût du travail.
On comprend qu’il s’agit d’une mission quasi-impossible pour les majorités au pouvoir et que les élections se présentent comme des tourniquets qui favorisent les exclus d’hier et sanctionnent les sortants.
Mais, ces changements ne font que différer les solutions.

On ne change pas une société par des alternances artificielles alors que seul un large consensus peut permettre les adaptations qu’exige la révolution économique.
Charles Debbasch

lundi, mai 17, 2010

DU VIRTUEL AU REEL: A PROPOS DES APERITIFS GEANTS

DU VIRTUEL AU REEL : A PROPOS DES APERITIFS GEANTS
En ce temps là, les cafés fermaient les uns après les autres. Les taxes, la lutte contre l’alcool et l’interdiction du tabac avaient eu raison d’un maillage du territoire encore plus serré que celui des bureaux de poste.

C’en était fini des rencontres conviviales autour d’une consommation, de ces discussions sans fin au cours desquelles chacun récréait le monde. L’univers froid et aseptisé du fastfood les avait remplacés. Chacun était là trop occupé à absorber son surplus de graisse pour avoir le temps de discuter avec son voisin.les Français redevenaient sauvages.ils se croisaient mais ne se parlaient pas. Une barrière de timidité et d’égoïsme les avait séparés.

A vrai dire les cafés n’avaient pas seulement péri sous le coup de la réglementation. Le développement des étranges lucarnes télévisées avait incité les citoyens à faire spectacle à domicile. Le jour des grands événements sportifs la télévision pouvait être comparée à un aspirateur à foule. Les rues se vidaient et il n’était plus possible de détourner même les personnels des services d’urgence de la contemplation des coups de pieds gagnants.C’est dire qu’il restait peu de temps pour les conversations réelles.

D’autant que le développement d’internet, cette bibliothèque mondiale, avait fini de capter l’attention de ses clients qu’il était de plus en plus difficile de détourner de ce nouveau surf dans l’univers. On dit même que des associations de femmes et d’hommes dont le conjoint préférait rester braqué sur l’ordinateur plutôt que de se livrer aux joies de la procréation s’étaient constituées

Chassez pourtant le naturel il revient au galop.

Lassés d’être isolés de leurs semblables les citoyens cherchaient à connaître leurs mœurs comme s’ils découvraient de nouveaux Iroquois. Les chaînes avaient bien compris ce nouveau besoin. Elles multipliaient les émissions de télé réalité où on pouvait voir comment ces sauvages vivaient , s’éduquaient copulaient ou mouraient. Quant aux internautes, ils avaient trouvé un moyen d’aménager la virtualité en s’exprimant, en cherchant des contacts plus personnels sur la toile

Il restait un pas à franchir : se servir du virtuel pour passer au réel.

Des internautes avisés décidèrent de donner rendez vous à leurs semblables sur les places des villes et des villages. Chacun fut étonné du succès de ces convocations. Des dizaines de milliers de citoyens se précipitèrent à ces réunions fort conviviales où les inconnus se parlaient, devisaient, se découvraient.

Ces rassemblements géants inquiétèrent les pouvoirs publics qui cherchèrent à encadrer ces débordements spontanés. Is exigèrent de fixer des lieux contrôlés pour ces meetings, de réglementer les heures et les consommations autorisées. La SACEM s’en mêla exigeant des royalties pour les musiques diffusées. Le fisc montra ses dents pour assujettir cette nouvelle activité.

C’est ainsi qu’au bout de quelques mois naquirent les nouveaux cafés sur les décombres des rassemblements conviviaux.

Charles Debbasch

vendredi, mai 14, 2010

EURO AFFAIBLI,EUROPE RENFORCEE?

Euro affaibli, Europe renforcée ?
La crise actuelle des démocraties européennes vient nous rappeler une évidence quelque peu oubliée. On ne peut construire une monnaie commune avec des politiques économiques et budgétaires divergentes. A l’abri de l’Euro plusieurs pays ont laissé filer leurs déficits allant jusqu’à mettre en péril leur solvabilité.
Pour éviter le naufrage de la Grèce et des réactions en chaine en Espagne, au Portugal ou ailleurs, les Chefs d’Etat ont du se décider à créer un mécanisme de gestion de crise reposant sur une garantie financière de l'ensemble de ses membres. Désormais, la Commission européenne pourra s'endetter sur les marchés financiers, avec la garantie des Etats membres de l'UE et de la Banque centrale européenne, afin de prêter à un pays rencontrant des difficultés à se refinancer. Sur un plan juridique, le mécanisme s’appuie sur l'article 122-2 du traité européen qui prévoit que "lorsqu'un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l'Union à l'État membre concerné".

LE RENFORCEMENT DU POUVOIR DE BRUXELLES
Bien évidemment appeler au secours Bruxelles ne sera pas sans conséquences. La Commission va désormais appliquer avec encore plus de rigueur le pacte de stabilité et de croissance, qui impose une limite de 3% du PIB pour les déficits publics et de 60% du PIB pour la dette. L’Etat quémandeur devra se serrer la ceinture et diminuer les dépenses publiques. Les partenaires européens réaffirment leur volonté de renforcer la surveillance des politiques de la zone euro, en observant strictement les niveaux d'endettement et l'évolution de la compétitivité. On imagine que des sanctions adaptées pourraient être mises en œuvre à l’égard des Etats contrevenants comme suspension des droits de vote à l’Eurogroupe.
D’ores et déjà plusieurs Etats ont du mettre en œuvre des plans de rigueur. Le cas de la Grèce est particulièrement éclairant. Pour pouvoir bénéficier d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros elle a du s’engager à réduire son déficit de 30 milliards d'euros en trois ans, pour ramener le déficit à 3 % du PIB en 2014. Il est également prévu un gel des salaires dans la fonction publique jusqu'en 2014, la suppression des 13e et 14e mois et une baisse des retraites de 7 % en moyenne couplée à un report de l'âge de départ à la retraite. De nombreux impôts augmentent. On note une hausse des taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac et de la TVA (de 21 à 23 %).
Bruxelles devient ainsi le maître des politiques budgétaires au point que forçant son avantage le président Barroso a souhaité que les Etats soumettent à Bruxelles leurs budgets en amont avant leur approbation par les Parlements nationaux. Ce qui est faire bien peu de cas de la souveraineté des Etats.
LES CONSEQUENCES POLITIQUES DE LA CRISE
L’heure est à la rigueur. La crise touche donc particulièrement les pays gouvernés par une majorité socialiste comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal que l’on sait adeptes des déficits et des politiques budgétaires permissives. La Grande Bretagne est également concernée par les exigences de la rigueur, bien qu’elle n’ait pas rejoint l’Euro, et les élections récentes ont balayé la majorité travailliste.
Il est vrai qu’on pourra attribuer cette dernière situation à la loi qui veut que la crise économique déconsidère toujours les sortants. Tel a été le cas pour les élections régionales allemandes en Rhénanie Westphalie.
Il demeure cependant que les pays européens doivent se serrer la ceinture ce qui condamne les tentations du laxisme financier dont sont friandes les majorités socialistes.

Charles Debbasch