mercredi, janvier 06, 2010

DES PRECAUTIONS SANS PRINCIPE:LA GRIPPE A

DES PRECAUTIONS SANS PRINCIPE : A PROPOS DU VACCIN DE LA GRIPPE A
Pour se prémunir contre le risque d’une pandémie due au virus de la grippe A(H1N1), la France a acheté 94 millions de doses de vaccins soit 10% des vaccins du monde. La campagne de vaccination et de prévention contre la grippe A aurait coûté près de 2 milliards d'euros, alors que seulement 5 millions de Français ont été vaccinés. Aujourd’hui, il apparait que le risque a été surévalué. Parce que la pandémie n’a pas été aussi sévère que l’on pouvait le craindre. Parce que la population a été réticente devant un jeune vaccin aux effets secondaires méconnus. Parce qu’à l’usage il est apparu qu’une seule dose de vaccin était suffisante alors que l’on avait imaginé que deux seraient nécessaires.
On se trouve donc aujourd’hui devant un stock excessif de vaccins et la France cherche à annuler ma commande de 50 millions de doses de vaccin. Et la polémique alors de naître et de se développer.
LA POLEMIQUE
Le PS et le Nouveau Centre ont demandé une commission d'enquête parlementaire sur la campagne de vaccination. Le socialiste Pierre Moscovici estime que l'achat massif de vaccins est un dérapage "On a acheté trop de vaccins, cela profite à l'industrie pharmaceutique de façon assez éhontée, cela a un coût pour les finances publiques, de un à 2 milliards d'euros, alors que celles-ci sont quand même dans une situation extrêmement difficile…Nous avons sur-réagi, dans des conditions économiques imprévoyantes et des conditions de finances publiques aberrantes", a également jugé Pierre Moscovici. Le professeur Bernard Debré a souligné : "Le coût est plus que le déficit de tous les hôpitaux français, trois fois le plan cancer, il fallait peut-être un peu plus de prudence".
En revanche, William Dab, ancien directeur général de la santé, estime dans un entretien au Monde que la question du surplus est "une mauvaise querelle". "Au moment de la commande, en juin-juillet, il était assez logique de se mettre en position de pouvoir vacciner toute la population, partant sur l'hypothèse de deux doses nécessaires à une bonne efficacité", affirme-t-il.
"N'importe quel ministre aurait pris cette décision, étant donné la grande incertitude dans laquelle nous étions à l'époque…La seule chose constante avec le virus de la grippe est son imprévisibilité".
LE PRINCIPE DE PRECAUTION
Toutes les critiques émises se situent dans le contexte actuel : la grippe A n’a pas beaucoup sévi. On peut estimer que si la situation avait été inverse et si le gouvernement n’avait pas pris de mesures adéquates, la critique se serait portée sur l’imprévoyance gouvernementale. Il y a donc quelque mauvaise foi à critiquer a posteriori une décision qui a été prise au vu d’un constat sanitaire effectué par l’OMS et dont le gouvernement ne pouvait pas ne pas tenir compte.et rapprochons cette affaire de tous les cas où il a été reproché aux autorités de ne pas avoir pris de précautions sanitaires suffisantes comme pour l’affaire du sang contaminé ou de la canicule.
Il n’en demeure pas moins que le dossier de la grippe A démontre que nous avons atteint les limites du principe de précaution. Les citoyens veulent être protégés contre tous les risques sociaux y compris ceux qui sont imprévisibles. Ceci fait peser sur les responsables une pression excessive car aucun pouvoir ne peut protéger la population contre tout et n’importe quoi. Plutôt que de principe de précaution, il faut parler de précautions sans principe.
Il faut en revenir à un principe simple. L’existence est un risque et l’Etat ne peut être l’assureur des risques imprévisibles. On ne peut faire supporter aux responsables le poids d’une société qui aurait perdu tout sens de la responsabilité.
Charles Debbasch