vendredi, mai 14, 2010

EURO AFFAIBLI,EUROPE RENFORCEE?

Euro affaibli, Europe renforcée ?
La crise actuelle des démocraties européennes vient nous rappeler une évidence quelque peu oubliée. On ne peut construire une monnaie commune avec des politiques économiques et budgétaires divergentes. A l’abri de l’Euro plusieurs pays ont laissé filer leurs déficits allant jusqu’à mettre en péril leur solvabilité.
Pour éviter le naufrage de la Grèce et des réactions en chaine en Espagne, au Portugal ou ailleurs, les Chefs d’Etat ont du se décider à créer un mécanisme de gestion de crise reposant sur une garantie financière de l'ensemble de ses membres. Désormais, la Commission européenne pourra s'endetter sur les marchés financiers, avec la garantie des Etats membres de l'UE et de la Banque centrale européenne, afin de prêter à un pays rencontrant des difficultés à se refinancer. Sur un plan juridique, le mécanisme s’appuie sur l'article 122-2 du traité européen qui prévoit que "lorsqu'un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l'Union à l'État membre concerné".

LE RENFORCEMENT DU POUVOIR DE BRUXELLES
Bien évidemment appeler au secours Bruxelles ne sera pas sans conséquences. La Commission va désormais appliquer avec encore plus de rigueur le pacte de stabilité et de croissance, qui impose une limite de 3% du PIB pour les déficits publics et de 60% du PIB pour la dette. L’Etat quémandeur devra se serrer la ceinture et diminuer les dépenses publiques. Les partenaires européens réaffirment leur volonté de renforcer la surveillance des politiques de la zone euro, en observant strictement les niveaux d'endettement et l'évolution de la compétitivité. On imagine que des sanctions adaptées pourraient être mises en œuvre à l’égard des Etats contrevenants comme suspension des droits de vote à l’Eurogroupe.
D’ores et déjà plusieurs Etats ont du mettre en œuvre des plans de rigueur. Le cas de la Grèce est particulièrement éclairant. Pour pouvoir bénéficier d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros elle a du s’engager à réduire son déficit de 30 milliards d'euros en trois ans, pour ramener le déficit à 3 % du PIB en 2014. Il est également prévu un gel des salaires dans la fonction publique jusqu'en 2014, la suppression des 13e et 14e mois et une baisse des retraites de 7 % en moyenne couplée à un report de l'âge de départ à la retraite. De nombreux impôts augmentent. On note une hausse des taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac et de la TVA (de 21 à 23 %).
Bruxelles devient ainsi le maître des politiques budgétaires au point que forçant son avantage le président Barroso a souhaité que les Etats soumettent à Bruxelles leurs budgets en amont avant leur approbation par les Parlements nationaux. Ce qui est faire bien peu de cas de la souveraineté des Etats.
LES CONSEQUENCES POLITIQUES DE LA CRISE
L’heure est à la rigueur. La crise touche donc particulièrement les pays gouvernés par une majorité socialiste comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal que l’on sait adeptes des déficits et des politiques budgétaires permissives. La Grande Bretagne est également concernée par les exigences de la rigueur, bien qu’elle n’ait pas rejoint l’Euro, et les élections récentes ont balayé la majorité travailliste.
Il est vrai qu’on pourra attribuer cette dernière situation à la loi qui veut que la crise économique déconsidère toujours les sortants. Tel a été le cas pour les élections régionales allemandes en Rhénanie Westphalie.
Il demeure cependant que les pays européens doivent se serrer la ceinture ce qui condamne les tentations du laxisme financier dont sont friandes les majorités socialistes.

Charles Debbasch