dimanche, mai 10, 2009

LES DEUX ANS DE NICOLAS SARKOZY

LES DEUX ANS DE NICOLAS SARKOZY


Si l’on voulait une démonstration probante de l’erreur que fut le passage du septennat au quinquennat, il suffirait de contempler les débats qui entourent le deuxième anniversaire du mandat de Nicolas Sarkozy .Chacun se situe déjà en 2012 et tente d’anticiper les résultats de la future présidentielle.On en est pourtant loin et rien ni personne ne peut prévoir avec un degré sérieux de fiabilité les chances à la prochaine présidentielle de tel ou tel autre candidat.

I UNE APPARENCE DE SONDAGES CONTRADICTOIRES –

Pour l’heure des sondages en apparence contradictoires témoignent des hésitations de l’opinion.

Selon une première vague de sondages le président de la République serait le mal aimé des Français. D’aprés un sondage TNS Sofres Logica pour « Métro », 63 % d'entre eux perçoivent négativement son bilan .65 % se disent déçus par son action. Seul Jacques Chirac, en 2004, deux ans après sa réélection et après neuf ans de pouvoir, affichait une cote de confiance aussi basse. En mai 1997, après deux ans de mandat le fondateur du RPR disposait encore de 38 % de soutien. Quant à François Mitterrand, il comptait, lui, sur la confiance de 53 % de Français en 1984 et de 49 % en 1990, au même stade de l'exercice de la fonction.

Et pourtant, deux récents sondages donnent Nicolas Sarkozy très largement en tête au premier tour de l'élection présidentielle devant ses principaux adversaires de 2007, avec autour de 30 % des voix contre 21 % seulement à Ségolène Royal et 20 % à François Bayrou. Ainsi, le prétendu mal aimé est en tête dans les intentions de vote.

Ces sondages n’ont que l’apparence de la contradiction car ils reposent sur deux types de réponses différentes. Dans le premier cas, les Français manifestent leur impatience et leur désarroi devant la situation de notre économie et ils en font porter en partie la responsabilité sur les épaules du premier magistrat .Dans le second, ils manifestent clairement qu’en l’état actuel des choses Nicolas Sarkozy est néanmoins le meilleur candidat possible et que, si les élections avaient lieu demain, il serait sans doute reconduit.




II-DES CANDIDATURES QUI NE CONVAINQUENT PAS

En l’état actuel si la droite dispose en la personne du président d’un candidat incontesté, la gauche n’arrive pas à dégager un leader qui s’impose.

En raison de l’émiettement même des forces de gauche : Besancenot et Mélenchon font mouvement à part. Ils peuvent recueillir des suffrages mais n’ont aucune chance de se situer dans les deux premiers rangs.

Quant au Parti Socialiste, il traîne comme un boulet Ségolène Royal qui forte de son précédent score cherche à se perpétuer dans les premiers rangs mais une nuée de candidats potentiels qui va de Aubry à Fabius sans oublier Strauss-Kahn attend que l’audience de la Présidence de Poitou-Charentes s’érode définitivement Tout ceci fait désordre et ne laisse pas pour l’instant de porte ouverte au succès.

Là réside l’espoir de François Bayrou qui compte sur l’émiettement des forces de gauche pour forcer la porte du second tour et devenir le héraut d’un gaucho centrisme pour l’emporter sur Nicolas Sarkozy.

Si loin de l’élection, toute prédiction relève de la magie plutôt que de la science. Car il est vrai que tout dépendra de la situation économique mondiale et de l’équation personnelle de Nicolas Sarkozy dans trois ans.

III-LES MOINS ET LES PLUS DE SARKOZY

Toute politique de réforme provoque à mi-parcours l’impopularité car ceux qui souffrent des réformes sont touchés tandis que ceux qui en profiteront n’en ressentent pas encore les effets.

Il reste cependant que la conjoncture économique a quelque peu déséquilibré le Président et ses partisans.

Inspirés majoritairement par une culture économique libérale, ils doivent mettre en place des politiques interventionnistes pour conjurer la crise.

Partisans de la promotion de l’individu, ils doivent renforcer les solidarités pour protéger les faibles des effets douloureux de la situation économique mondiale.

Soucieux de réduire le poids de l’Etat et de la fonction publique, ils ne trouvent pas dans le secteur privé affaibli les forces de substitution nécessaires.

Il est alors inévitable que, malgré les incantations, les réformes proposées lors de la campagne présidentielle soient difficiles à mettre en œuvre et que dans une société traumatisée toute mutation déclenche son faisceau de divergences.

Il faut cependant mettre au crédit du volontarisme présidentiel le succès de la Présidence Française de l’Europe et le nouvel élan donné à la construction européenne. .De nombreuses mesures ont été prises en faveur des petites et moyennes entreprises. Le combat contre les délocalisations s’est accentué. La réforme des Universités a été lancée malgré les résistances.

Il faudrait certes que les nombreuses réformes engagées soient mieux pilotées dans leur mise en œuvre. Mais, enfin, le socle du changement se construit de jour en jour.

Et, jusqu’ici, la gauche qui critique s’est révélée incapable de présenter à l’opinion des alternatives crédibles. Ce qui explique que, même pour ceux qui n’approuvent pas sa politique, Nicolas Sarkozy reste le meilleur Président par défaut.

Charles Debbasch