jeudi, juillet 30, 2009

ON NE JOUE PAS AVEC LES SMS

ON NE JOUE PAS AVEC LES SMS

Dans les premiers temps de leur apparition, les SMS, ces brefs messages que l’on échange par portable, étaient le domaine de la spontanéité, de l’instantané, du monde virtuel. Les délinquants se sont vite appropriés ce moyen de communication qu’ils pensaient invulnérables : pour ’’ dealer’’ de la drogue ou organiser un holdup .Les jeunes en ont fait le royaume de leur univers caché avec son nouveau langage et ses codes secrets. Les amoureux en ont profité pour organiser leurs rendez vous intimes.
Mais, gare, le droit a vite fait de récupérer les nouvelles activités et les SMS n’échappent plus à l’emprise de la règle de droit. Deux affaires récentes viennent de le démontrer.
Un prévenu de 21 ans avait envoyé deux SMS injurieux et menaçants sur le téléphone portable privé de Rachida Dati alors Garde des Sceaux. Les messages envoyés dans la nuit du 30 au 31 juillet 2008 menaçaient de "tout faire sauter sur Toulouse" et adressaient des injures à la ministre. Cet imprudent vient d’être condamné à trois mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Toulouse. Un second prévenu déclaré coupable de complicité a été condamné à 1.000 euros d'amende. Une autre personne a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 800 euros d'amende pour avoir fourni le numéro de téléphone privé de la ministre. Les trois condamnés devront en outre payer solidairement à Rachida Dati 1.652 euros de dommages et intérêts et 3.000 euros de frais de justice.
Cette sanction est légitime.
Plus cocasse est la décision que vient de rendre la Cour de Cassation dans une affaire de divorce. Une femme trompée avait fourni comme preuve de l’infidélité de son époux, des SMS qu’elle était allée fouiller sur le mobile de son mari.



La Cour d'appel avait rejeté cette production en estimant que les SMS relevaient "de la confidentialité et du secret des correspondances". Elle ajoutait que "la lecture de ces courriers à l'insu de leur destinataire constituait une atteinte grave à l'intimité de la personne". Elle avait, dés lors, prononcé le divorce aux torts exclusifs de l'épouse.
La Cour de Cassation par un arrêt du 19 juin 2009 a cassé cette décision. Elle admet, en effet, de façon habituelle que les lettres échangées entre époux ou entre un époux et un tiers peuvent être produites sans le consentement des intéressés, à la condition expresse qu'elles aient été obtenues "sans violence ni fraude". Or ; dans le cas d'espèce, l'épouse trompée plaidait qu’elle était tombée sur les SMS échangés entre son mari et sa maîtresse en mettant la main sur un téléphone portable professionnel "perdu" par ledit mari. Dés lors qu’un SMS n’a été obtenu ni par violence, ni par fraude, la Cour estime qu’il peut être produit en justice et servir de moyen de preuve.
Au même moment, on apprend que le nombre des écoutes téléphoniques a explosé en France. Le recours administratif ou judiciaire aux interceptions de communications a augmenté de 440% aux cours des sept dernières années! Les écoutes téléphoniques à la demande des magistrats passent de 5.845en 2001 à 26.000 en 2008. En 2005, les dépenses d'interception du ministère de la Justice se seraient ainsi élevées à 92millions d'euros, soit 20% des frais de justice. Environ 20.000écoutes téléphoniques ont été réalisées en 2005, représentant 30% des interceptions globale (courriels, SMS).
Mais rassurons nous, selon le ministère de la Justice, la France est l'un des pays d'Europe qui pratique le moins d'interceptions judiciaires: quinze fois moins que l'Italie, douze fois moins que les Pays-Bas et trois fois moins que l'Allemagne.
Il n’en demeure pas moins que le souci de la sécurité l’emporte désormais sur le respect de la vie privée

Charles Debbasch

lundi, juillet 27, 2009

LE MALAISE DE NICOLAS SARKOZY

LE MALAISE DE NICOLAS SARKOZY

Un simple malaise du Président de la République , après quarante cinq minutes de course sous un soleil de plomb, et la France s’emballe.
Légitimement, parce que la santé du Chef de l’Etat intéresse tous les Français et que tous ont partagé une légitime émotion. A cet égard, on ne peut que se féliciter que les leaders de l’opposition se soient associés aux vœux de prompt rétablissement.
Mais, cette émotion est aussi la démonstration d’une certaine incrédulité. On a tellement menti chez nous sur la maladie des Présidents qu’un vieux fond populaire est tenté de penser que l’on cache la vérité et que les choses sont plus graves que l’on veut bien le dire. Ce débat est réellement apparu avec la mort en fonctions d’un Chef d’Etat. Quand Georges Pompidou meurt le 2 avril 1974 à l’âge de 63 ans, les français qui n’appartiennent pas au microcosme apprendront avec surprise qu’il souffrait sans doute déjà au moment de son élection d’une forme de cancer du sang. Si, en 1984, François Mitterrand publie, au lendemain de sa prise de fonction, un bulletin médical précis, dés que les atteintes du cancer de la prostate se confirment le black out s’installera. Le docteur Grubler reconnaitra, après la mort du leader du PS, que ses bulletins de santé étaient falsifiés. Jacques Chirac souffrira pendant son mandat, le 2 septembre 2005, d’un petit accident vasculaire cérébral qui ne sera révélé qu’au lendemain de son hospitalisation. On comprend alors que les Français soient soupçonneux et que des rumeurs sur les troubles supposés de ceux qui nous gouvernent meublent les brèves de comptoir.
Quant à Nicolas Sarkozy, il avait déclaré au journal Le Monde le 5 mai 2007 :"Si je suis élu, je m'engage à publier un bulletin de santé dès mon entrée en fonction, au moins deux fois par an ensuite, et plus si l'évolution de mon état de santé devait le justifier". Il publie son premier bulletin de santé quelques jours après son élection. Toutes les informations médicales sur le coup de chaleur du Président ont été fournies avec régularité. Ce qui n’empêchera pas les rumeurs de prospérer.
En fait, on navigue dans ce domaine entre deux extrêmes.
Le premier est celui du Président à la dure cuirasse, invincible et pétant de santé que l’opinion recherche et qui fait préférer pour la fonction suprême un boutefeu à un gringalet souffreteux.
Le second est la réalité cachée. Il n’existe pas de surhomme. Chaque être humain a ses bobos cachés, ses émotions, ses doutes et ses passions.
Et il arrive toujours un moment où la réalité de la vulnérabilité transperce la carapace du super héros.

Charles Debbasch

dimanche, juillet 26, 2009

ORAGES AU PARTI SOCIALISTE

ORAGES AU PARTI SOCIALISTE

C'est un véritable front du refus qui est en voie de se constituer contre Martine Aubry. Le PS apparaît miné à la fois de l'extérieur et de l'intérieur,

LES PORTES SE FERMENT A L'EXTERIEUR

Martine Aubry aurait souhaité constituer une maison commune avec les autres forces de gauche. Elle avait envoyé une lettre en ce sens aux responsables des formations d'opposition. La maire de Lille proposait un rassemblement de la gauche dès les élections régionales de l'année prochaine, avant de préparer un projet commun pour 2012.Elle n'a pas rencontré d'échos favorables.Les écologistes en premier, suivis par les radicaux de gauche puis par Jean-Luc Mélenchon, président du parti de gauche ont rejeté la proposition du maire de Lille. Jean-Luc Mélenchon souhaite s'unir avec le parti communiste et l'extrême gauche. «Une entente qui s'élargit, et qui seule permettra de renverser le rapport de force en passant devant le PS.» Le Parti de Gauche et le Nouveau parti anticapitaliste ont décidé de travailler à l'élaboration de listes communes pour les élections régionales. «Les deux formations estiment indispensable d'unir les forces de gauche et des écologistes qui rejettent la logique du système capitaliste aux élections régionales»,
Les Verts ne sont pas plus sensibles aux appels au rassemblement de la première secrétaire. Ils ont décidé de se présenter seuls au premier tour des régionales.
Le PS parait avoir perdu sa force de rassemblement. S'il n'arrive pas à convaincre à l'extérieur c'est qu'il est affaibli de l'intérieur.

LES DECHIRURES S'ACCENTUENT A L'INTERIEUR

La guerre des chefs et la multiplication des courants ont fini par miner le Parti Socialiste de l'intérieur. Au point que certains demandent même que soit officialisé l'acte de décès du PS. Bernard-Henri Lévy estime que la première secrétaire Martine Aubry est le «gardien» d'une «maison morte».A son avis, il faut dissoudre le PS et en finir le plus vite possible avec ce grand corps malade. «J'ai rarement vu des politiques mettre autant d'énergie à s'autodétruire»,
affirme le philosophe. «Si ça ne concernait qu'eux, ce ne serait pas trop grave. Mais il s'agit de l'alternative à Nicolas Sarkozy, de l'espérance des gens. Or, ce PS n'incarne plus l'espérance de qui que ce soit. Il ne provoque plus que la colère et l'exaspératiom>.Berna rd-Henri Lévy compare la situation du PS à l'effondrement du Parti communiste. «A quoi bon se voiler Ia face ? On est à la fin d'un cycle. Le PS est dans la situation du PCF de la fin des années 1970, quand la désintégration s'amorçait et qu'on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la refondation, la rénovation».Et le philosophe porte l'estocade. «Le PS va mourir ? Non. II est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait» ...II est comme le cycliste d'Alfred Jarry qui pédalait alors qu'il était déjà mort. Ou comme le chevalier d'Italo Calvino dont l'armure était vide. Il est mort».
Ce constat est relayé par de nombreuses voix à l'intérieur du Parti. Manuel Valis critique est menacé d'exclusion. Jack Lang est entré en dissidence Et Julien Dray, peu soutenu par la direction du parti dans ses difficultés judiciaires, se venge en attaquant durement Martine Aubry.
Impuissance», «amateurisme», «incapacité à entendre», «autisme hautain et suicidaire».Le député socialiste de l'Essonne dresse un bilan accablant du début de mandat de la première secrétaire. «En l'espace d'une semaine, par la publication de deux lettres, Martine Aubry a résumé et confirmé les grandes caractéristiques de son début de mandat : l'impuissance, l'amateurisme, et surtout une étonnante incapacité à entendre ce qui se passe et dans son parti, et dans la société».
Pour Julien Dray, «autant se l'avouer, le bilan comme les perspectives sont sombres. II semble bien que l'on soit réduit à boire jusqu'à la lie le calice du congrès raté de l'automne dernier. Nous n'en finissons pas de subir les conséquences de cette absence fondamentale de projet, qui fait du parti socialiste un grand corps non seulement malade, mais a la dérive. Et ce ne sont pas quelques coups de menton, qui sont autant d'aveux d'impuissance, qui y changeront quelque chose».

LES RAISONS DU DECLIN DU PS

Comment un parti qui gouverne les plus grandes régions et les principales villes françaises peut-il être dans cet état catastrophique ? Sans doute parce qu'il est aux prises avec deux problèmes qu'il n'arrive pas à résoudre.
Le premier est celui de la doctrine. Le socialisme classique qui repose sur l'appropriation publique des entreprises et la fonctionnarisation de la société est mort. Il faut imaginer des thèmes nouveaux pour une gauche nouvelle.
Le second est celui du leadership. Dans le système politique de la Cinquième République, un parti ne rencontre l'adhésion que s'il dispose d'un leader incontesté pour mener le combat présidentiel. Ce n'est pas le cas du parti socialiste.
Le PS n'est plus en situation de peser sur les autres mouvements. Il ne peut pas davantage mobiliser ses partisans.
Il manque à ce parti le ciment d'un grand présidentiable.

Charles Debbasch

jeudi, juillet 23, 2009

OUVRIR LE DIMANCHE

OUVRIR LE DIMANCHE
Si la caractéristique d'une communauté futile est de transformer en problèmes de société des questions anodines, la France contemporaine mérite bien cette qualification pour avoir déclenché sur l'éventuelle ouverture des magasins le dimanche un débat disproportionné.
Les choses sont pourtant simples et évidentes. Les Français sont, en majorité, favorables à une ouverture des magasins le dimanche tout simplement parce qu'ils travaillent les autres jours de la semaine et qu'ils regrettent de butter sur des portes closes justement le jour où ils pourraient effectuer leurs achats.
On comprend fort bien par ailleurs que tous les salariés qui souhaitent disposer du repos dominical ne se voient pas imposer un travail ce jour-là et que seul le volontariat soit la seule base envisageable pour le travail de dimanche.
Pourquoi ne pas avoir admis ces deux évidences qui auraient permis de régler le problème simplement ?
Parce que nous adorons ouvrir des débats théoriques au lieu de résoudre les questions pratiquement. Parce que notre univers syndical est strictement conservateur.
Alors nous voilà compliquant inutilement une question simple. Pour les uns, le travail du dimanche remet en cause les bases religieuses de la société. Pour les autres, toute libéralisation de la législation est une évolution vers l'esclavage des employés.
Enfermés dans un débat théorique, nous sommes alors obligés d'inventer une législation obscure et hypocrite qui autorise sans autoriser, qui libéralise sans libéraliser. La loi naturellement posera, de ce fait ,de multiples problèmes d'interprétation.
Que l'on en juge. Dans les zones touristiques ou thermales tous les types de commerce pourront ouvrir le dimanche. On imagine la difficulté qu’il y aura désormais à déclarer qu'une commune n'est pas touristique. Comme si cela ne suffisait pas à la complexité , la loi a créé des PUCE ("périmètres d'usage de consommation exceptionnel") dans les unités urbaines de plus d'un million d'habitants où l’ouverture sera permise. Ils seront établis par le préfet à la demande du conseil municipal. Ne sont concernées que les grandes agglomérations de Paris, Aix-Marseille (Plan-de-Campagne) et Lille. L'agglomération lyonnaise est bannie de ce système car elle ne connaît pas « d'usage de consommation dominicale exceptionnelle » !
Du beau travail en perspective pour les juristes et une occasion perdue de faire simple. Tout cela au nom de grands principes qui n’ont rien à voir dans le débat.

Charles Debbasch

mercredi, juillet 22, 2009

LA LUNE QUARANTE ANS APRES

LA LUNE QUARANTE ANS APRES
Voilà quarante ans, le 20 juillet 1969, un vieux rêve de l’humanité se réalisait : des astronautes américains rejoignaient la Lune. Leurs premiers pas sur le sol lunaire furent suivis avec émotion sur toute la planète Terre et, aujourd’hui encore, ces images soulèvent émotion et admiration. Jules Verne, un siècle plus tôt, avait prophétisé cet évènement. Hergé dans les Aventures de Tintin s’était lui aussi lancé dans l’anticipation lunaire.
Pourtant, ce n’était pas le seul souci de la découverte qui était à l’origine de cette mission réussie .Le programme lancé par le président Kennedy répondait à des impératifs politiques. A l’époque , les Etats-Unis étaient distancés par l’URSS dans la conquête spatiale. La guerre froide battait son plein et la course aux armements paraissait sans limites. En lançant le programme Apollo, le président Kennedy en mai 1961 annonce qu’un Américain foulera le sol lunaire avant la fin de la décennie. Pari tenu en 1969 : un pari à 135 milliards de dollars. Ce « petit pas pour l’homme, -est-un bond de géant pour l’humanité»selon l’expression de Neil Armstrong.
Il est fini le temps où les anciens voyaient dans le ciel un plafond qui pouvait leur tomber sur la tête. Désormais, l’être humain triomphant démontre qu’il a la possibilité de relever tous les défis technologiques et de repousser les limites de la connaissance. Dans la foulée, une vague d’optimisme scientiste se développera. L’être humain imaginera qu’il a définitivement conquis les éléments et qu’il est le maître de l’univers. Le progrès parait irréversible, la lutte contre les fléaux naturels et les maladies semble définitivement gagnée.
Quarante après, cette illusion lunaire est dissipée. La nature se venge des excès humains. Les catastrophes naturelles sont de plus en plus importantes. Des maladies nouvelles font leur apparition. La conquête de l’espace marque le pas. Depuis la mission Apollo 17, en décembre 1972, plus aucun homme n'a foulé la surface de la Lune. Avec l’arrêt du programme Concorde, la vitesse des avions civils a régressé. La crise économique risque de remettre en cause les grands programmes spatiaux.
L’homme redécouvre ses limites.
Pourtant , le bilan de l’aventure spatiale n’est pas négatif .Barack Obama remarquait en avril, devant l'Académie américaine des sciences, « le programme Apollo a produit des technologies qui ont amélioré les systèmes de dialyse rénale et d'assainissement de l'eau, des capteurs pour tester des gaz dangereux, des matériaux de construction permettant des économies d'énergie, et des tissus résistant au feu utilisés par les pompiers et les soldats ». De même, la navigation par satellites(GPS) ou les piles à combustible sont des retombées indéniables de la conquête spatiale.
Il est donc permis de rêver à de prochaines étapes de la conquête spatiale et notamment à l’expédition vers la planète Mars. Cela ne suppose pas seulement la mise en œuvre de nouveaux moyens. Cela exige que l’humanité se débarrasse de son pessimisme actuel pour aller à la conquête d’une nouvelle frontière.

Charles Debbasch

dimanche, juillet 19, 2009

L'IRRESISTIBLE PROGRESSION DE LA FONCTION PUBLIQUE

L’IRRESTITIBLE PROGRESSION
DE LA FONCTION PUBLIQUE
Malgré les efforts méritoires accomplis par le gouvernement pour réduire le poids de la fonction publique, l’emploi public ne cesse de se développer en France. Tel est le constat que délivre le rapport annuel sur l'état de la fonction publique qui vient de paraître.

Au 31 décembre 2007, on comptait 5,268 millions d'agents dans les trois fonctions publiques (État, territoriale, hospitalière) : soit 21 % de l'emploi total en France.
Depuis une décennie, l'emploi public est en progression constante (+15 % sur la période 1996-2007). Mais son évolution est différente selon les secteurs.

Les effectifs de la fonction publique d'État ont baissé de 2,4 % en 2007. On y compte 61 000 postes en moins, soit un total de 2,484 millions d'agents. En revanche, la fonction publique hospitalière a augmenté de 1,6 %, en 2007, soit 17 000 emplois, pour un total de 1,035 million. La plus forte progression est celle de l’administration territoriale (Régions, départements, villes...) : +5,2 % en 2007 (+86 000). Elle emploie 1,75 million de personnes au 31 décembre 2007.


Ce dernier constat est inquiétant. Il démontre que, sous le couvert de la décentralisation, c’est à une nouvelle bureaucratisation par le bas que nous assistons.

La superposition de structures trop nombreuses et mal contrôlées est à la base de cette dérive qui ne fait que rendre plus urgente la réforme des collectivités locales.

Charles Debbasch

samedi, juillet 18, 2009

OBAMA UN PROGRAMME POUR L'AFRIQUE

OBAMA : UN PROGRAMME POUR L’AFRIQUE

Il est deux formes d’esclavages : celle qui est imposée par les autres et celle que l’on s’inflige à soi-même. Le président Obama lors de son séjour à Accra le 11 juillet 2009 a dénoncé ces deux aliénations. La première est d’ordre historique : l’oppression dont ont été victimes les êtres humains de race noire, traités comme du bétail et exilés contre leur gré.
La seconde est contemporaine. Elle consiste pour les Africains à croire qu’ils ne sont pas maîtres de leur destinée et qu’ils dépendent des autres. Barack Obama a appelé tous les Africains à se délivrer de cette oppression qu’ils s’infligent à eux-mêmes et à prendre leur destin en mains. « L’Occident et les Etats-Unis ne sont pas responsables de la situation de l’économie du Zimbabwe depuis 15 ou 20 ans. « Je ne crois pas aux excuses » a-t-il martelé avec force et il a invité justement les Etats africains au sens de la responsabilité et de la bonne gouvernance. Il faut partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique.


Le programme du Président américain pour l’Afrique porte sur quatre points.
Premièrement, il convient de soutenir les démocraties puissantes et durables : « chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions. Mais l'histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas. »

Il ne s'agit pas seulement d'organiser des élections - il faut aussi examiner ce qui se passe entre les scrutins. « Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. » «En ce XXIe siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès - des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et des journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu'une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c'est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens. »
Le second domaine essentiel de la politique africaine d’Obama c’est le soutien à un développement qui offre des débouchés aux gens. « De la Corée du Sud à Singapour, l'histoire montre que les pays réussissent lorsqu'ils investissent dans la société et dans leur infrastructure ; lorsqu'ils multiplient les industries d'exportation, se dotent d'une main-d'œuvre qualifiée et font de la place aux petites et moyennes entreprises créatrices d'emplois. Alors que les Africains se rapprochent de cette promesse, l'Amérique va leur tendre la main de façon plus responsable. En réduisant les sommes qui vont aux consultants occidentaux et au gouvernement, nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de ceux qui en ont besoin, tout en apprenant aux gens à faire plus pour eux-mêmes. »
La troisqième ligne force d’Obama pour l’Afrique est , l'amélioration de la santé publique : « trop d'Africains périssent toujours de maladies qui ne devraient pas les tuer. Lorsque des enfants meurent d'une piqûre de moustique et que des mères succombent lors d'un accouchement, nous savons qu'il reste des progrès à faire. Les États-Unis appuieront ces efforts dans le cadre d'une stratégie de santé exhaustive et mondiale. Car au XXIe siècle, nous sommes appelés à agir selon notre conscience mais aussi dans notre intérêt commun. Lorsqu'un enfant meurt à Accra d'une maladie évitable, cela nous diminue partout. Lorsque dans un coin quelconque du monde on néglige de s'attaquer à une maladie, nous savons qu'elle peut se propager à travers les océans et d'un continent à l'autre. »
Le dernier domaine abordé par Barack Obama se rapporte aux conflits.
« Nous devons nous élever contre l'inhumanité parmi nous. Il n'est jamais justifiable - jamais justifiable - de cibler des innocents au nom d'une idéologie. C'est un arrêt de mort, pour toute société, que de forcer des enfants à tuer dans une guerre. C'est une marque suprême de criminalité et de lâcheté que de condamner des femmes à l'ignominie continuelle et systémique du viol. Nous devons rendre témoignage de la valeur de chaque enfant au Darfour et de la dignité de chaque femme au Congo. Aucune religion, aucune culture ne doit excuser les atrocités qui leur sont infligées. Nous devons tous rechercher la paix et la sécurité nécessaires au progrès. »
Il faut admettre la nécessité d'un système international où les droits universels des êtres humains soient respectés et où les violations de ces droits soient combattues. Ceci doit inclure un engagement à soutenir ceux qui règlent les conflits pacifiquement, à sanctionner et à arrêter ceux qui ne le font pas, et à aider ceux qui ont souffert.
Et le président américain a terminé sa brillante intervention en martelant à nouveau que « le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre cœur. »

Un appel important pour la renaissance d’une Afrique libre et maîtresse de son destin.

vendredi, juillet 10, 2009

LE BOEING ET LES TORTUES

LE BOEING ET LA TORTUE
« Des dizaines de tortues à la recherche d'un lieu de ponte ont traversé sans se presser une piste de décollage de l'aéroport John F. Kennedy de New York mercredi, bloquant momentanément le trafic aérien du troisième centre aéroportuaire au monde.
Ces 78 reptiles à la démarche lente et placide ne trouvaient pas les marais qui ceinturent la piste à leur goût. Elles ont donc décidé de rechercher un "coin plus sablonneux pour pondre", a expliqué John Kelly, porte-parole de l'Autorité Portuaire qui assure la sécurité de l'aéroport JFK.
Les tortues, poussées par leur instinct grégaire, se sont donc regroupées pour effectuer leur périple qui passait par la piste de décollage, provoquant un retard des décollages d'une heure et demie. »(AFP)
LE BOEING ET LES TORTUES
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Boeing et les Tortues en sont un témoignage.
Gageons, disaient celles-ci, que vous n'atteindrez point
Si tôt que moi cette piste de décollage
A Kennedy Airport tous réacteurs rugissant
Le grand oiseau ailé
Se riait des prétentions de ces bêtes d’un autre âge
Notre Boeing n'avait que quatre réacteurs à lancer
Pour gagner de tous autres rivages
C’est alors que les 78 tortues décidèrent de quitter la lande
Pour rejoindre des terres fertiles à leur ponte
Allant leur train de sénateur,
Prêtes à sacrifier leur carapace
Elles partent, elle s'évertuent
Elles se hâtent avec lenteur.
Le boeing cependant méprise une telle victoire ;
Il rugit comme une lionne ;
Croit qu'il y va de son honneur
D’effrayer ces misérables caravanes ambulantes
Mais déjà les tortues sont transhumantes
Et le boeing penaud doit laisser le champ libre
Les Tortues sur la piste arrivèrent les premières.
Eh bien, crièrent-elles
N’avions nous pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?
CHARLES DEBBASCH
Avec le concours d’Esope et de Jean de La Fontaine

mercredi, juillet 08, 2009

ETHIQUE ET POUVOIR DES MEDIAS

ETHIQUE ET POUVOIR DES MEDIAS

Tout groupe organisé est soumis dans une société donnée à des pressions résultant des autres organismes. La vie sociale est le résultat de ces pressions disciplinées par l'Etat. Ainsi, les médias sont comme tous les groupes soumis à ces pressions et ils ne peuvent y échapper qu'en disposant de structures adaptées et par dessus tout d'une éthique irréprochable.

Pour en comprendre la nécessité, il faut analyser les facteurs de dépendance des médias avant de tracer les contours de leur indépendance.


LA DÉPENDANCE DES MÉDIAS

La dépendance par la propriété du capital
Dans la période de l'avant-guerre, les grands capitaines d'industrie étaient les propriétaires des grands journaux. Ils en influençaient ainsi nécessairement le contenu. A la faveur de la Libération et des sanctions prises à l'égard des titres qui s'étaient rangés aux côtés de l'occupant, de grands groupes de journaux vont être dirigés par les leaders sortis de la Résistance. Mais, très vite, au sein des titres, des concentrations au bénéfice de certaines personnalités vont s'opérer et de grandes familles vont s'arroger le contrôle des titres. On citera en exemple les Defferre au Provençal, Richerot au Dauphiné, Bavastro à Nice Matin. Ils vont exploiter ces journaux moins comme des moyens d'enrichissement que comme des instruments pour asseoir un réseau de puissance politique ou sociale.

La logique capitaliste va triompher dans les années quatre vingt. De grands groupes financiers vont s'imposer. D'abord spécialisés dans la presse, ils vont progressivement investir tous les domaines de la communication comme l'illustre la puissance momentanée du groupe Vivendi. Le Monde cherchera à échapper à cette tutelle financière mais il sera, lui aussi, obligé d'ouvrir son capital à des groupes financiers. Il ne faut pas oublier l'acteur dans les médias qu'est l'Etat, propriétaire de plusieurs chaînes de télévision et ainsi entrepreneur de communication mais également pourvoyeur de crédits, de subventions ou d’informations à travers l’agence France-Presse.
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La dépendance par la publicité

Dans un système où les consommateurs se sont habitués à payer les médias à des tarifs qui ne permettent pas l'équilibre, la ressource essentielle de fonctionnement est la publicité. Les médias sont donc tributaires de la manne publicitaire et celle-ci ne peut pas ne pas influencer les contenus. Comment rendre objectivement compte des défauts d'un véhicule si la firme qui le produit est un grand annonceur ? A titre d’exemple, en ma qualité de dirigeant d’un grand groupe de presse, j'ai pour ma part vécu la pression suivante. Un supermarché qui venait d'ouvrir à la périphérie d'une grande ville ne disposait pas encore d'un accès aménagé; les clients étaient
donc obligés de couper la route avec leur véhicule. Il s'en suivit plusieurs accidents dont notre journal rendit compte. Mais, un jour, le directeur du supermarché téléphona à la rédaction pour menacer de retirer son budget si nous ne parlions pas des « incidents » avec moins d'insistance. Ces pressions sont fréquentes et elles ne restent pas toutes sans réponse.

La dépendance par la fourniture des contenus

L'influence s'exerce aussi directement sur le contenu des médias par des moyens variés. Une grande partie des informations dont les journaux ont besoin provient des entreprises elle-mêmes. Celles-ci se sont organisées pour produire des contenus qu'elles offrent aux journalistes. Les plus compétents d'entre eux les confronteront avec d'autres sources. Les autres se contenteront de les recopier. Le journalisme n'est pas toujours d'investigation, il peut être aussi un simple panneau réfléchissant.

Les entreprises se dotent donc de services de communication et de relations publiques ou font appel à des sociétés spécialisées. Elles vont se créer des réseaux de journalistes à qui elles vont offrir leur documentation. Avec le développement de pratiques saines comme la fourniture de dossiers de presse. Avec aussi des usages qui peuvent mener graduellement à la corruption comme l'invitation à des voyages, les dons d'objets, les prêts de véhicules Toutes pratiques interdites aux Etats-Unis mais très répandues dans les médias européens.


L'INDEPENDANCE DES MEDIAS

L'indépendance des structures

Devant le développement des structures capitalistes de l'entreprise de médias, les journalistes ont réagi par le développement de sociétés de rédacteurs auxquelles est confiée la gestion de la partie rédactionnelles du média. Ce mouvement pour les sociétés de rédacteurs a eu son heure de gloire mais il est quelque peu dépassé devant la progression du capitalisme dans les médias.
Il demeure que les rédactions sont organisées en groupe de pression à l'égardd du propriétaire des médias, qu'elles disposent souvent de représentants dans les conseils d'administration et que leur puissance contrebalance à des degrés divers le poids des propriétaires du média.

L'indépendance des journalistes

Elle est garantie par leur statut . Celui-ci leur permet de faire jouer la clause de conscience lorsqu'un nouveau propriétaire s'empare d'un média. Elle leur permet - dans la vie quotidienne de se défendre contre les intrusions illégitimes dans leur travail. Le secret professionnel est protégé par le Code pénal. La qualification intellectuelle du journaliste, la solidarité des membres de la profession entre eux assurent aux journalistes le statut de salariés pas comme les autres qui disposent dans les faits d'une large autonomie.

Mais cette autonomie n'a pas pour but d'assurer le développeront d'un corporatisme journalistique. Elle est un rempart contre les pressions illégitimes que subiraient les journalistes.
Elle n'est donc pas concevable sans une éthique spécifique, c'est-à-dire un corps de règles non écrites ou stipulées dans un code de déontologie qui obligent le journaliste à respecter un certain nombre de devoirs comme le contrôle de la vérité, le respect des personnes, l'obtention des informations de façon honnête. Souvent les journalistes refusent que d'autres qu'eux-mêmes contrôlent l'application de ces devoirs. Mais en réalité les destinataires de ces prescriptions éthiques sont les citoyens dont les journalistes ne sont que les servants.

La protection par les clients

Les médias dépendent, pour l'ensemble de leurs ressources, de leur public. Sans lui, impossible de disposer de recettes de publicité, convenables puisque les tarifs dépendent de l'audience. Cela veut dire que l'arbitre ultime est le client. Si le média dévie, s'il diffuse plus le mensonge que la vérité, s'il n'est pas objectif, s'il est trop engagé,s’il est de mauvaise qualité, il perdra une partie de son public et sa vie sera en péril.

En d'autre termes, s'il existe un danger de dérive des médias et une lutte entre le bien et le mal dans les organes d'information, celle-ci se déroule sous les yeux d'un arbitre vigilant: la communauté des citoyens, qui est en définitive le décideur ultime et le meilleur gardien de la déontologie et de l'éthique.



Charles Debbasch

LE REJET DE LA MOTION DE CENSURE DU PARTI SOCIALISTE

LE REJET DE LA MOTION DE CENSURE DU PARTI SOCIALISTE

Au lendemain de la constitution d’un nouveau gouvernement , le Parti Socialiste avait souhaité que la nouvelle équipe Fillon se soumette à un vote de confiance. Cette demande ayant été rejetée le PS a déposé une motion de censure.
Pour la défendre , le Parti de Martine Aubry a choisi Laurent Fabius .Ce dernier a pris une position de Sage dans le parti et il attend, comme un grand carnassier, que la guerre des cheftaines du parti s’achève par son propre sacre. L’ancien Premier ministre s’est voulu ferme et agressif. «Sarkozy s'est fait élire comme le candidat du pouvoir d'achat. Aux yeux de tous les Français, il est aujourd'hui M. chômage et M. déficit», a –t-il martelé. Ces propos ont été souvent couverts par les cris des députés de la majorité qui demandaient «le projet, le projet».
En fait de propositions, Laurent Fabius s’est contenté de reprendre sans originalité les classiques revendications du PS : comme la suspension du bouclier fiscal et des dizaines de milliers de suppressions d'emplois publics, l’allongement de l'indemnisation-chômage des travailleurs précaires et des CDD. A la fin de son intervention, brillante dans la forme mais sans originalité sur le fond, il a été applaudi par les députés PS qui lui ont offert une standing ovation.
La réponse de François Fillon était d’autant plus aisée que le PS était lui-même divisé sur l’opportunité de la motion de censure.
Selon Julien Dray, il s’agit en effet d’un choix «pas opportun à la veille du 14 juillet», et le député se demande, au surplus, si les difficultés rencontrées par le Parti socialiste ne sont pas l'illustration d'une «machine à bout de souffle», pas sortie «des méandres et des divisions».
Le Premier ministre a observé avec raison que la motion de censure arrive un mois après la débâcle du PS aux élections européennes. . «Il est plus aisé de blâmer que de décider».a martelé, le premier ministre .Il s’est gaussé d’une opposition qui n'a «ni projet, ni l'appui des Français». Citant Manuel Valls, le député-maire PS d'Evry, il a flagellé une gauche «victime du syndrome de Fort Alamo». Alors que majorité «ajuste ses stratégies et ses idées en permanence», la gauche qui «ne renouvelle aucune de ses propositions.
François Fillon a affirmé sa totale solidarité avec le Chef de l’Etat. Il a assuré qu'il restait chargé de «conduire la politique de la Nation», en vertu de l'article 20 de la Constitution. Avec Nicolas Sarkozy, «nous sommes complémentaires et soudés dans l'action, et aucun de nous deux n'a besoin de souligner que ‘lui c'est lui, moi c'est moi', a dit avec ironie le premier ministre en reprenant la formule utilisée par Laurent Fabius à propos de François Mitterrand.
Fort logiquement, la motion de censure n’a obtenu que 225 voix sur les 289 nécessaires. Confirmant son évolution vers la gauche, François Bayrou a joint son suffrage à ceux du PS et du PC réunis.
En résumé, le PS n’a pas réussi à se forger une nouvelle image à travers ce débat de censure tandis que François Fillon paraissait régénéré et très soutenu par les députés de la majorité.
Pendant ce temps, la gauche « caviar » parisienne avait trouvé un nouveau thème pour ses repas en ville. Etait-il oui ou non légitime que Denis Olivennes, le nouveau patron du Nouvel Obs, ait offert la une et les colonnes de l’hebdomadaire à Nicolas Sarkozy ? Débat vain puisque les lecteurs ont tranché et plébiscité ce numéro du journal.
Pour l’heure, Nicolas Sarkozy fait mieux vendre que la guerre des chefs au PS. Faut-il s’en étonner ?

Charles Debbasch

samedi, juillet 04, 2009

LA SORTIE DE ROUTE DE BERNIE ECCLESTONE

LA SORTIE DE ROUTE DE BERNIE ECCLESTONE
Dans la course automobile, la conduite en solitaire est la règle du jeu. Il faut chercher à pousser ses adversaires à la faute, avoir la meilleure maîtrise de ses réflexes et faire preuve d’audace. C’est un sport individuel qui est fort différent du gouvernement démocratique d’un Etat.
Les meilleurs gouvernements en démocratie sont ceux qui ont le sens du collectif, qui ont l’art de « l ’agrafage humain », qui savent faire vivre ensemble sans conflit des êtres qui, sans cela, seraient tentés de s’exclure et de se combattre.
Est-ce cette différence qui explique les déclarations inexcusables du patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone qui a estimé dans une interview publiée par le Times britannique que Hitler "était efficace" et que la démocratie "n'a pas fait grand bien à beaucoup de pays" ? "Je préfère les leaders forts", a –t-il ajouté. "C'est terrible à dire je suppose, mais à part le fait qu'Hitler s'est laissé emporter et persuader de faire des choses dont j'ignore s'il voulait les faire ou pas, il était en position de commander beaucoup de gens et d'être efficace". "A la fin il s'est perdu, donc il n'était pas un très bon dictateur. "
Cet éloge de la dictature s’accompagne d’une fatale erreur de jugement :donner à penser que Hitler s’est laissé abuser alors qu’il a, au contraire, conduit volontairement une politique de guerre et d’extermination que les contrepoids d’un système démocratique auraient permis d’éviter.
Je pense, pourtant, que la différence entre la course automobile et la démocratie n’explique pas la dérive de Bernie Ecclestone. Un pilote de Formule 1 n'est rien sans une bonne écurie, sans ces centaines de personnes qui conçoivent, construisent, préparent son engin, sans tous ces concepteurs de circuits, sans ces grands et petits ouvriers qui permettent de créer un modèle supérieur aux autres. Quant au pilote, il a aussi besoin, comme un gouvernant, d’accélérateur et de freins pour bien maîtriser son engin. Une écurie de course c‘est un travail d’équipe sous la conduite d’un leader compétent et non le règne de l’arbitraire ou de l’anéantissement.
Le Patron de la Formule 1 a donc été victime d’une sortie de route qui devrait contribuer à l’écarter définitivement de ses responsabilités.

Charles Debbasch

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