samedi, avril 18, 2009

L'EXECUTIF FRANCAIS ENTRE DEUX EAUX

L’EXECUTIF FRANCAIS ENTRE DEUX EAUX


Le Président Sarkozy s’est fâché lors du dernier Conseil des ministres. Il s’est plaint de l’attitude de nombre de ses ministres qui s’épanchent dans les gazettes et se portent candidats à tel ou tel autre poste ministériel. Certains vont même jusqu’à fixer le contenu des attributions du maroquin qu’ils convoitent. Il n’est pas inhabituel que les journaux se livrent à ce genre de supputations. Mais il est effectivement anormal dans le système de la Cinquième République de voir les intéressés eux-mêmes se lancer dans un lobbying public pour tenter d’imposer un choix au Chef de l’Etat
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Plusieurs causes expliquent ce glissement.

Il s’est produit depuis le début de la présidence Sarkozy un enchevêtrement de compétences entre les conseillers du Chef de l’Etat et les ministres. Jusqu’alors les conseillers du président de la République étaient des collaborateurs. Techniques. Ils préparaient le travail du Chef de l’Etat dans les secteurs de leurs compétences. Ils transmettaient au ministres les directives présidentielles et en contrôlait l’application. Ils pouvaient avoir une large marge d’influence mais ils ne jouaient pas de rôle public, ne parlaient pas aux medias, ne donnaient pas de précisions extérieures sur leur travail. Seuls les ministres portaient le poids politique de l’action, s’exprimaient, détenaient une portion du pouvoir exécutif.

Les choses ont changé depuis le début de la présidence Sarkozy. Le secrétaire général de la Présidence et les conseillers s’expriment, s’affirment et vont même jusqu’à empiéter sur le pouvoir du Chef de l’Etat.

Quand un conseiller affirme qu’il est l’auteur du discours du Président une sorte de ligne rouge est franchie. Cette extériorisation du pouvoir des conseillers crée tout naturellement des conflits de compétences avec l’appareil gouvernemental: premier ministre et. Ministres.

Les choses se compliquent avec l’institution de commissaires ou de chargés de mission crées pour traiter des problèmes brulants comme ceux de l’outremer ou des lycées qui créent une certaine confusion dans les compétences. Les ministres inquiets devant l’étendue réelle de leur crédit se débattent donc dans l’univers médiatique pour exister et recherchent des postes dans lesquels ils s’imaginent plus protégés dans leurs attributions.

En réalité, notre système politique est dans une phase d’évolution vers un cabinet à l’américaine mais il conserve le gouvernement d’un régime parlementaire. La coexistence de ces deux structures est source de confusion.

Charles Debbasch