dimanche, juin 20, 2010

70 ANS APRES LE GAULLISME A-T-IL DES HERITIERS ?

SOIXANTE DIX ANS APRES: LE GAULLISME A-T-IL DES HERITIERS?
Soixante dix ans après l'appel de Londres du Général de Gaulle chacun s'interroge pour savoir qui est le dépositaire des vertus gaullistes.
La réponse à cette question n'a pas grand sens. Le courageux premier résistant savait s'adapter à la nature du terrain et effectuer les corrections de trajectoires nécessaires. Porté au pouvoir par les partisans de l'Algérie française n'a-t-il pas donné l'indépendance à ces départements français? Il est donc difficile d'imaginer ce qu'il aurait fait aujourd'hui dans un monde changé. Il reste, cependant, quelques axes essentiels qui peuvent servir de point d 'ancrage ou d'appréciation.
UN SYSTEME POLITIQUE A PREPONDERANCE PRESIDENTIELLE
Le général de Gaulle construit en 1958 un régime politique axé sur une prépondérance d'un Président au dessus des partis et incarnant l'intérêt national.
Les multiples révisions constitutionnelles depuis 1958 - notamment l'institution du quinquennat- ont profondément transformé le régime politique et ont banalisé l'institution présidentielle. Déjà l'institution en 1962 de l'élection du président au suffrage universel avait renforcé sa dépendance par rapport aux appareils partisans.
LE VOLONTARISME POLITIQUE
Toute l'action du général de Gaulle s'appuie sur un principe essentiel. L'action politique est nécessairement volontariste. L'homme politique doit savoir naviguer même à contrecourant dés lors que l'intérêt national le justifie. Aucun obstacle n'est insurmontable.
A l'heure de la dictature des sondages, il est de plus en plus difficile pour un homme politique de braver l'opinion du moment.
L'AFFIRMATION DE LA NATION FRANCAISE
Le général de Gaulle est attaché à la pérennité de la Nation française et il souhaite consolider le vaisseau National.
La lutte contre les ennemis extérieurs est essentielle. La débâcle de 1940 montre les dangers d'une armée sous-équipée. De Gaulle n'aura de cesse de renforcer la capacité de l'armée en la dotant entre autres de la force de frappe atomique.
L'armée française actuelle a vu ses crédits se réduire et la conscription abandonnée au profit d'une armée de métier qui n'a plus rien à voir avec le creuset fédérateur que le général de Gaulle imaginait.
La volonté de renforcer l'unité nationale s'accompagnait d'une politique unificatrice avec le refus des identités locales et le cantonnement de la décentralisation On sait que les socialistes vont décentraliser la France sans limites en créant des baronnies locales. Quant à l'identité nationale, elle est battue en brèche par les progrès des communautarismes de tous ordres.
LE SOUCI DE L'INDEPENDANCE
Les années de Gaulle sont marquées par la politique des blocs et la guerre froide. Le Général de Gaulle souhaite voir respecter la stricte indépendance de la France; Il critique l'impérialisme américain, quitte le commandement intégré de l'Otan, reconnait la Chine. Vigilant à l'égard du bloc soviétique, il marque son attachement à la démocratie et aux libertés.

Le Fondateur de la France libre ne souhaite pas voir la France se dissoudre dans l'Europe. Il marque son hostilité au renforcement de l'union politique de l'Europe.
Sur tous cers points le monde a changé. La chute du Mur de Berlin a cassé les blocs. La France s'est rapprochée des Etats-Unis et a réintégré le commandement unifié de l'OTAN. La construction européenne a fortement progressé et une monnaie commune a remplacé le franc.
DES AMBITIONS DE GRANDE PUIISSANCE POUR LA FRANCE
Toute la politique gaulliste vise à placer la France au plus haut et à la situer au niveau des plus grandes puissances. Le nucléaire, Concorde, les grands chantiers doivent donner l'image d'une France égale des grandes puissances appuyée sur son ancien empire colonial.
La France actuelle n'est plus qu'une puissance moyenne qui a renoncé à ses relations privilégiées avec le continent africain.
LE REFUS DE L'ASSIMILATION DU GAULLISME A LA DROITE
Le programme social du gaullisme explique que le Général de Gaulle ait toujours bénéficié d'un important électorat issu de la gauche. Après le mouvement social de 1958, le général de Gaulle s'efforcera de réveiller cette fibre sociale avec le développement de la participation mais il quittera le pouvoir sans avoir pu réaliser cette nouvelle ambition. Dés lors le gaullisme, avec Pompidou et Chirac, se repliera sur la droite et une partie du centre.
Tout ceci explique que le gaullisme ne représente plus pour l'opinion publique actuelle un pôle d'attraction. Selon une enquête publiée dans Le Journal du Dimanche, les Français font part d’une vision désormais plus historique que politique du gaullisme. Près d’un interviewé sur deux (45 %) juge que les idées gaullistes "ne veulent plus dire grand chose", 28 % les estiment "dépassées". Seul un quart des personnes interrogées inscrivent le courant gaulliste dans la modernité en le jugeant d’actualité, notamment les personnes âgées et les proches de l’UMP.
Le gaullisme est vécu davantage comme une grande nostalgie que comme un espoir.
Vouloir faire du gaullisme sans de Gaulle sonne donc comme le simple remake d'une grande épopée , une imitation qui n'a rien à voir avec l'original.
Charles Debbasch