LA CHUTE DE LA SARKOZYE
La vie
politique est impitoyable. Les courtisans tressent des couronnes de lauriers au
leader victorieux. Ils lancent des flèches empoisonnées à ceux qui perdent le
pouvoir.
Durant ce
quinquennat, Nicolas Sarkozy aura vu se prosterner devant lui tous les
seigneurs du système avant de les voir quitter son entourage de façon souterraine ou dans un mode brutal.
Il aura
exercé, il est vrai, dans les deux premières années de son mandat un pouvoir
quasi absolu qui s’est ensuite effiloché au fur et à mesure que
s’additionnaient les échecs électoraux. En ce sens, la défaite présidentielle
était largement induite par la perte de presque tous les bastions locaux et la
chute du Sénat, naguère si conservateur, dans les bras de la gauche.
Aujourd’hui
que l’échec est consommé, chacun s’emploie à noircir le tableau de la Sarkozye.
Sarkozy
serait la victime de ses erreurs de style : une soirée au Fouquet,
une croisière sur le yacht d’un industriel et un’ ’Casses toi pauvre con’’
lancé à un trublion.
Vétilles que
tout cela mais la difficulté que Nicolas Sarkozy a éprouvée à trouver un style
présidentiel adéquat a marqué plus profondément. Passant de la familiarité
excessive à un rigorisme disproportionné, il a choqué les partisans de la présidence
gaullienne.
Son style de
gouvernement en lignes brisées lui a également fait perdre beaucoup de terrain.
Discours divergents sur l’Afrique, alliances en ordre dispersé tantôt avec la
Grande Bretagne, tantôt avec l’Allemagne, Kadhafi reçu en grande pompe avant
d’être mitraillé.
La Sarkozye
a souffert aussi d’une inadéquate gestion des hommes. Les plus emblématiques
des ministres Dati, Yade ou Darcos remerciés, Fillon en sursis au bénéfice de
Borloo avant d’être à nouveau adoubé.
Il serait
injuste de s’arrêter là et d’oublier la brillante représentation de la France
sur le plan international, l’amorce de la gestion rigoureuse des dépenses
publiques, l’indispensable réforme des retraites et la gestion maitrisée des
crises internationales ou internes.
En réalité,
Nicolas Sarkozy paie, comme les autres dirigeants européens, la note de la
crise économique. C’est à elle qu’il doit son échec.
Comme naguère Valery Giscard d’Estaing, il est
la victime expiatoire du désastre économique et financier. Tous les défauts qui
sont aujourd’hui portés au passif du président sortant ne sont que des
explications dérisoires par rapport à l’essentiel.
Quand
l’économie va mal, les citoyens se vengent en renvoyant leurs dirigeants
Nicolas
Sarkozy est le premier élu du quinquennat qui se voit refuser un second mandat.
Charles Debbasch