vendredi, avril 11, 2008

LES JEUNES DANS LA RUE :LA QUERELLE DE L'ECOLE

LES JEUNES DANS LA RUE

Je n’aime pas beaucoup voir les jeunes défiler dans la rue. Je sais que, derrière chaque jeune qui manifeste, il y a souvent un adulte qui tire les ficelles. Je sais aussi que les établissements scolaires ont besoin de sérénité et de calme, qu’ils doivent être des cadres de tolérance et non des lieux d’exclusion, des espaces de formation et non des chambres d’endoctrinement. Je sais aussi que c’est une faiblesse des adultes de penser que les jeunes ont toujours raison et que le laisser faire doit remplacer la nécessaire autorité.

Je n’ignore pas moins que l’explication doit toujours être préférée à la force, que, si des mauvais esprits manipulent les jeunes, c’est aussi parce que les bons esprits ne se manifestent pas assez ou que certains, dans le trouble actuel de la majorité, veulent se payer le bon soldat Darcos En d’autres termes, je me demande si la majorité politique a bien compris que le débat présent dans les écoles est une conséquence de sa défaite aux municipales et que l’opposition cherche, tout simplement, à pousser son avantage.

Alors précisons bien les éléments du débat. Deux questions sont agitées.

La première porte sur la suppression de postes dans les lycées. Celle-ci se situe dans un cadre général de réduction des dépenses publiques .Elle repose sur une évolution de la démographie : il y aura 40 000 élèves de moins en 2008-2009 et donc les 11 200 suppressions de postes dont 8 800 dans le secondaire ne modifient pas "le taux d'encadrement".
Xavier Darcos explique à juste raison qu’à la rentrée 2007, les collèges et lycées comptaient 5 371 368 élèves. Sur un effectif de 1 065 327 agents rémunérés par le ministère de l'éducation nationale, 511 485 professeurs exerçaient dans le second degré Le ratio est donc de 10,5, Il faut, bien sur, tenir compte des malades, des classes dédoublées, des différences selon les cycles. Mais, en mettant les choses au pire, on se situe selon les classes autour d’une moyenne de trente élèves. Est-ce vraiment si déraisonnable ? A ce stade deux éléments s’imposent.
Les syndicats contestataires ont tort de réduire le débat scolaire à une querelle de moyens. C’est la passion d’enseigner qui assure la promotion des jeunes et non les querelles de chiffres. Pour sauver l’école, il faut redonner cette foi aux enseignants et non s’enfermer dans le misérabilisme des chiffres. Cinq élèves en classe de plus ou de moins ne transformeront jamais le désert en oasis ou la médiocrité en excellence.
Les finances ont, de leur côté tort de réduire le débat à une évolution démographique. L’école a besoin de considération et d’estime. Puisque Nicolas Sarkozy a expliqué que le « serrage de ceinture » serait différencié, pourquoi ne pas avoir appliqué à l’avance un traitement de faveur à l’école en expliquant que sa modernisation supposait un traitement d’exception ?
Un second débat- éclipsé à l’heure actuelle par la contestation lycéenne- porte sur la réforme des programmes du primaire. Xavier Darcos a raison de remettre l’accent sur les fonctions essentielles de l’école ; lire, écrire, compter .Il suggère, après une large concertation, des réformes dans les programmes .C’est aussitôt une levée de boucliers syndicale.

Les plus avancées des organisations sont d’accord pour changer la société mais leur aspiration révolutionnaire s’arrête à la limite de leurs disciplines. Il faut pourtant sortir le débat sur l’école du corporatisme. C’est la Nation dans son ensemble qui doit participer à la construction d’un enseignement moderne et adapté aux besoins du monde présent.

Ouvrons donc avec ferveur ce débat et sortons l’école des lamentations rétrogrades.

Charles Debbasch