lundi, juillet 30, 2007

LA GRACE DE L'ETAT

LA GRACE DE L’ETAT

Il est des moments dans la vie d’un pouvoir où tout parait possible et réalisable. Les acteurs politiques sont hypnotisés par la vigueur d’un nouvel élu et celui-ci n’a pas encore mesuré ses limites. On appelle ce moment d’apesanteur l’état de grâce comme pour bien montrer que quelles que soient les fautes éventuellement commises leur auteur sera pardonné. C’est une comptabilité en partie simple où seuls les crédits figurent.

L’affaire des infirmières bulgares en est une excellente illustration. Chacun rêvait de résoudre ce drame horrible et il manquait toujours un élément pour que l’alchimie de la libération se réalise. Voici qu’en d’eux temps et trois mouvements le couple Sarkozy réalise ce que les diplomates les plus chevronnés n’avaient pas réussi.

Alors on peut gloser et soutenir que le plus gros du travail a été fait par d’autres mais ce serait oublier l’essentiel : rien n’avait été obtenu auparavant. Et c’est l’état de grâce de Sarkozy qui a permis la grâce de l’Etat libyen.

Charles Debbasch

villepin mis en examen

VILLEPIN MIS EN EXAMEN

Toutes les campagnes présidentielles ont connu leurs coups tordus. Des spécialistes, plus ou moins vertueux, organisent la déstabilisation de l’adversaire en creusant dans des marais nauséabonds.

La campagne présidentielle de 1969 fut marquée par l’affaire Markovic où un clan gaulliste tenta de ruiner sans succès la candidature Pompidou en cherchant à mêler son épouse à la vie dissolue de la jet set. En 1974, Jacques Chaban-Delmas fut blessé dans la course présidentielle grâce à la divulgation de sa déclaration fiscale illustrant qu’il n’avait pas payé d’impôts grâce à une disposition avantageuse de la législation fiscale. En 1981, la révélation par Bokassa de son don de minis diamants à Giscard fut exploitée notamment par Le Monde et son directeur Jacques Fauvet- dont un membre proche de la famille devait devenir ministre de Mitterrand-pour décrédibiliser la candidature du Président sortant.

Et voici que l’affaire Clearstream se révèle dans toute sa dimension. Un clan proche du Premier ministre Villepin a tenté de dynamiter la candidature Sarkozy en truquant des relevés de comptes pour faire croire que le maire de Neuilly avait dissimulé des avoirs à l’étranger. Les faits sont graves et la mise en examen de Dominique de Villepin, si elle laisse subsister sa présomption d’innocence, permet de supposer que des indices compromettants existent à son encontre.

Ce qui est certain c’est que la grenade dégoupillée vient d’exploser dans les mains de ceux qui voulaient la lancer sur leurs adversaires. Il existe certes des zones d’ombre juridiques dans cette affaire : si on considère que Villepin a agi dans le cadre de ses fonctions, il relève de la Cour de Justice de la République et non de la justice ordinaire mais un éventuel abus de fonctions aussi grave relève –t-il des fonctions de Premier ministre ? On peut en douter.

Il reste que cette affaire témoigne de la lutte à mort qui a entouré la succession présidentielle ; Manifestement, on le savait déjà, Sarkozy n’était pas le candidat favori de Chirac qui avait pensé mettre sur orbite Villepin ; Mais comme naguère dans la rivalité de Gaulle –Pompidou, la fusée ascendante Sarkozy a éliminé sans peine le vaisseau Chirac déclinant.

Il est temps, à présent, d’apaiser la querelle de famille. Les électeurs ont tranché et les combats judicaires sont désormais des luttes d’arrière garde.

Charles Debbasch