mardi, mars 11, 2008

MUNICIPALES ENTRE LOCAL ET NATIONAL

LE LOCAL ET LE NATIONAL : A PROPOS DES MUNICIPALES


Les élections municipales illustrent à merveille l’interpénétration du local et du national.

A priori, les municipales sont des élections strictement locales : prés de 67% des électeurs en sont convaincus. Les citoyens recherchent des édiles proches d’eux honnêtes et compétents, capables d’améliorer leur cadre de vie quotidien. Cette prédominance de la localisation est cependant nuancée par la politisation de l’élection : la plupart des candidats se rattachent à des partis politiques nationaux et cette affiliation nationalise nécessairement le scrutin. Plus la commune est peuplée et plus le national prend l’ascendant sur le local. Et puis, si une élection est locale, l’addition des résultats de 37000 communes est forcément nationale et se prête à une interprétation de globalisation politique.



Il existe certes des freins à cette empreinte nationale. L’enracinement local exigé des élus est une condition de leur stabilité. Les citoyens manifestent des espérances contradictoires. D’un coté, ils sont fiers de voir des personnalités nationales revendiquer leurs suffrages ou leur élu honoré d’un maroquin ministériel. Mais, par ailleurs, ils désavouent facilement celui qui est plus souvent à Paris qu’à Romorantin. Une tendance lourde se fait jour dans les grandes villes consistant à exiger des maires à plein temps plutôt que des édiles du week-end.



Le cas Juppé illustre l’ambiguïté du sentiment des électeurs. A l’évidence sa décision de se consacrer exclusivement à Bordeaux a pesé lourd dans sa remarquable élection au premier tour. Mais, on peut également penser que les électeurs n’ont pas été peu fiers de retenir prisonnier à Bordeaux une personnalité d’envergure nationale.



On verra sans doute dans l’avenir des carrières politiques en alternance avec des périodes exclusivement locales et des temps consacrés à la nation. Les règles relatives à l’incompatibilité seront plus rigides et le statut des grandes villes interdira tout cumul d’une fonction nationale et d’un mandat local.



Ces affrontements du local et du national dans les élections municipales sont le résultat de vœux contradictoires des citoyens.



Les Français attachés à l’égalité n’acceptent pas les différences. Ils souhaitent un maillage identique de tout le territoire national. Les services publics doivent fournir des prestations équivalentes dans toute la France. Pour les personnels de la fonction publique, il ne peut exister qu’un statut national. Les écoles et les Universités doivent délivrer le même diplôme sur l’ensemble du territoire.



Mais les électeurs souhaitent dans le même temps que la spécificité locale soit reconnue et accentuée. En d’autres termes, ils veulent l’égalité plus la différence, l’unité sans l’uniformité. C’est un équilibre difficile à tenir .Les élections municipales en sont la traduction concrète.

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Charles Debbasch