jeudi, juin 07, 2007

LE SYSTEME POLITIQUE SARKOZY

LE NOUVEAU REGIME POLITIQUE SARKOZY

Chaque nouveau Président marque le régime politique de la Ve République de son empreinte personnelle. Nicolas Sarkozy n’échappe pas à la règle.

La constitution d’un gouvernement restreint à quinze membres manifeste certes la volonté d’alléger le dispositif gouvernemental et de réaliser des économies. Elle est aussi un signe de la volonté du Président de coordonner plus facilement lui-même la politique de l’Etat. Elle est un signe de la présidentialisation accrue du système. Désormais, deux super conseils celui de la sécurité intérieure et celui de la politique internationale sont directement rattachés à l’Elysée. Par ailleurs, le nombre de conseillers directs du Chef de l’Etat est en voie de doubler par rapport à l’ère Chirac. L’extrême proximité du Président et de son premier ministre renforce cette présidentialisation.

Cette évolution institutionnellement permet d’éviter les conflits de compétence entre l’Elysée et Matignon et de remplacer le duel par le duo. La discordance des deux centres de commandement a été un problème récurrent depuis 1958 et tout ce qui peut ramener l’unité dans l’appareil de l’Etat est hautement souhaitable.

On n’a pas également mesuré les conséquences de l’institution du quinquennat. A travers cette réduction du mandat présidentiel, on a réduit quelque peu la majesté de la fonction. Un président élu pour sept ans avait quelque chose d’un monarque. Il pouvait regarder du haut de son piédestal le jeu politique et parfois même se payer le luxe d’une cohabitation. Un président élu pour cinq ans est certes le Président de tous les Français. Mais, s’il veut gouverner, il doit s’impliquer davantage dans l’action quotidienne et être le maître du jeu politique.

Plusieurs conséquences en découlent.

Le Président a besoin d’une majorité solide et unie et il doit en être le chef. Voila pourquoi Nicolas Sarkozy s’investit directement dans l’actuelle campagne électorale pour éviter une éventuelle discordance entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire.

Voilà pourquoi le Président s’appuie davantage sur des politiques que sur des technocrates. Il a clairement affirmé que tout ministre battu aux élections perdrait son poste. Il a également mis un terme à la pratique du non cumul entre un mandat local et la fonction ministérielle.

La Ve République sarkozyste est ainsi plus présidentielle et plus politique. Cette évolution s’explique aussi par l’importance des réformes que la situation française exige. Elles sont à la fois nécessaires et redoutées. C’est dire qu’elles ne pourront être menées que d’une main ferme mais avec un soutien populaire sans défaillance.

Le nouveau système politique doit ainsi s’adapter aux mutations profondes de la société française. Il reste, à présent, à forger les nécessaires contrepoids qu’exige la nouvelle donne.

Charles Debbasch